Paperbacks from Hell

[Critique] Paperbacks from Hell: dans la bibliothèque de Satan

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5
Note Horreur Québec

Ceux qui suivent Grady Hendrix (My Best Friend’s Exorcism, Horrorstör) sur Goodreads savourent depuis un moment ses critiques délirantes de romans d’horreur poussiéreux des années 1970 et 1980, comme Crabs on the Rampage et Satan’s Love Child. De passage à l’édition 2017 du festival Fantasia pour faire la promotion de Mohawk, qu’il a coscénarisé, l’auteur américain avait offert un spectacle multimédia où il partageait son amour des romans de poche en lisant des extraits de récits horrifiants de lutins nazis, de méduses meurtrières et de fœtus démoniaques, nous préparant à la publication de son livre sur ces livres: Paperbacks from Hell: The Twisted History of ’70s and ’80s Horror Fiction.

Qu’on se le dise d’emblée, Paperbacks from Hell n’est pas effrayant, mais hilarant. Portés par l’enthousiasme contagieux d’Hendrix, les synopsis des livres documentés ici sont souvent trop ridicules pour qu’on les garde pour soi, donc préparez-vous à en lire des passages à voix haute à votre entourage. Des papillons de nuit qui dévorent leurs victimes en leur rentrant dans les fesses? Check. Un complot entre des extraterrestres nains et Bigfoot pour engrosser une Américaine pulpeuse? Check. Un vampire au pénis flanqué de deux yeux lumineux? Check.

Paperbacks

Chaque chapitre décortique une tendance à avoir pris la littérature d’horreur d’assaut, distinguant généralement les imitations des œuvres marquantes comme The Exorcist, Rosemary’s Baby et Jaws. Il est fascinant de voir comment l’actualité a propulsé ces modes. L’arrivée de la pilule contraceptive, par exemple, a entrainé un lot de romans aux gynécologues déments et aux futures mères en détresse, tandis que l’élection de Jean-Paul II a inspiré aux auteurs des récits salaces prenant place dans une Église catholique corrompue, où de jeunes prêtres sont soumis à la tentation par d’ensorcelantes succubes. Cinéma et littérature sont pris dans une ronde infernale, l’un influençant l’autre qui l’influence à nouveau, parfois avec des résultats surprenants: la popularité de la blaxploitation au grand écran a amené les éditeurs à courtiser les lecteurs afro-américains dans les années 1970 avec des titres comme The Black Exorcist!

Horrorstör et My Best Friend’s Exorcism, aussi publiés chez Quirk Books, nous ont habitués à la présentation ludique des œuvres de Grady Hendrix, et Paperbacks from Hell est un rêve de collecteur avec ses centaines d’impressions en couleurs de couvertures de livres de poche. Renversantes, on a presque envie de sortir les ciseaux pour découper et encadrer les plus folles. Quelques portraits d’artistes honorent l’imagination et le talent des peintres et illustrateurs les plus prolifiques du courant. À la fin du livre, on peut détacher une page de catalogue et cocher les titres de Quirk Books qu’on souhaite commander pour la retourner à la maison d’édition avec un chèque… et la promesse de son âme éternelle.

Même si les romans d’horreur de poche ont connu leur heure de gloire au Québec aussi, ils sont nombreux à n’avoir jamais été traduits et ont surtout été distribués en terre anglophone — les États-Unis, l’Angleterre, les autres provinces canadiennes. Les lecteurs d’Horreur Québec sont donc en territoire moins familier, ce qui n’empêche certainement pas d’apprécier ce condensé nostalgique d’histoire populaire aussi divertissant qu’instructif, et de nous faire tendrement regretter cette époque révolue.

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