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[SPASM 2025] démarre sur les chapeaux de roues avec une soirée 100 % courts québécois

Le Festival SPASM a donné le coup d’envoi de sa 24e édition, ce mercredi 22 octobre au Théâtre Plaza, avec une programmation entièrement consacrée aux courts métrages québécois. La salle, comble, a vibré au rythme d’une sélection éclectique où humour absurde, fable politique et poésie visuelle se sont côtoyés dans une atmosphère survoltée.

L’événement, attendu chaque année par les amateurs de cinéma de genre, marque traditionnellement le ton du festival : une célébration du cinéma d’ici, porté par des voix audacieuses et des signatures singulières.

Six œuvres ont été présentées lors de cette soirée d’ouverture, offrant un panorama particulièrement représentatif de la créativité locale.

Le court métrage québécois en pleine effervescence

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BLITZMUSIKMartin Amiot

Québec – 2024 – Martin Amiot – 9 min

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Gus et Lars appartiennent à deux factions ennemies. En pleine guerre, ils se retrouvent piégés dans une école, séparés par un mur. À court de munitions, ils se battent avec la première chose qui leur tombe sous la main : des instruments de musique.

Sans un mot, BLITZMUSIK s’impose comme un exercice de style remarquablement maîtrisé. La mise en scène chorégraphiée avec minutie transforme une zone de guerre en scène musicale, où chaque percussion devient un geste de résistance. Le contraste entre la brutalité du conflit et le rythme effréné d’un jazz enivrant confère au film une force poétique inattendue, presque libératrice. Porté par une direction artistique et une photographie particulièrement soignées, ce premier court métrage de Martin Amiot impressionne par la clarté de son concept et la précision de son exécution. Une véritable carte de visite qui a su séduire le public dès les premières seconde


MERCENAIREPier-Philippe Chevigny

Québec – 2024 – Pier-Philippe Chevigny – 15 min

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Pier-Philippe Chevigny et Jarrett Mann
Crédit Photo: Solenne d’Arnoux de Fleury

Embauché dans un abattoir porcin par le biais d’un programme de réinsertion sociale, un ex-détenu tente désespérément de trouver un autre emploi tout en réprimant la violence qui sommeille en lui.

Avec MERCENAIRE, Pier-Philippe Chevigny propose un portrait social d’une grande rigueur formelle. Soutenue par Marc-André Grondin, cette œuvre tendue adopte le format 4:3, resserrant le cadre sur les visages pour mieux capter les tensions intimes qui traversent son protagoniste. Le récit suit un ex-détenu en réinsertion, confronté à la violence d’un emploi dans un abattoir porcin. La mise en scène privilégie une caméra au plus près des corps, captant les gestes mécaniques, les regards fuyants et l’âpreté d’un environnement sans échappatoire.

Cette tranche de vie brutale, filmée avec une économie de moyens maîtrisée, dépeint un univers où la violence se transmet de poste en poste, presque naturellement. La réception en salle a été marquée par un silence dense, signe d’une tension parfaitement entretenue.


WINKIEDaniel Duranleau

Québec – 2024 – Daniel Duranleau – 24 min

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Douze ans de travail ont été nécessaires à Daniel Duranleau pour porter WINKIE sur grand écran. Ce projet de longue haleine prend une résonance particulière grâce à la participation de Martin Dubreuil, qui partage ici l’affiche avec sa propre fille, introduite pour la première fois au cinéma.

Le film raconte l’histoire d’une créature monstrueuse découvrant une jeune orpheline au cœur d’une forêt dense et inquiétante.

Hommage direct au père du réalisateur, WINKIE s’éloigne délibérément de l’archétype du monstre destructeur pour explorer une figure complexe, à la fois protectrice et inquiétante. Winkie recueille une enfant et l’élève à son image, dans un équilibre fragile entre instinct paternel et nature sauvage.

L’absence de dialogues distincts place la direction artistique et la physicalité du jeu au centre du dispositif narratif. Ce choix renforce l’ambiguïté du lien entre les deux personnages, tour à tour tendre, brut et dérangeant, et confère à l’œuvre une intensité rare, presque intemporelle.


HIMALIAClara Milo & Juliette Lossky

Québec – 2024 – Clara Milo, Juliette Lossky – 21 min

D’une étrange intemporalité, cette fable nous plonge dans le quotidien d’un enfant fasciné par les rayons insaisissables du Soleil qui rythme la vie sur les terres atypiques d’Himalia.

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Difficile de résumer HIMALIA en quelques mots tant l’œuvre repose avant tout sur une immersion sensorielle. Le duo formé par Clara Milo et Juliette Lossky signe ici un film d’une beauté visuelle singulière, où les personnages évoluent dans un futur indéfini qui semble pourtant appartenir au passé. Dans cet univers en ruine, la nature et la science-fiction se confondent, créant une atmosphère suspendue.

Le choix de la langue espéranto — que les comédiens ont dû apprendre spécialement pour le tournage — accentue cette étrangeté, tout en instaurant une distance poétique et intemporelle. Tourné dans des lieux en décrépitude, le film s’appuie sur une direction photo lumineuse et extrêmement soignée, où chaque rayon de lumière devient un véritable événement narratif.

HIMALIA agit moins comme un récit traditionnel que comme une expérience à vivre, une parenthèse contemplative au cœur de la programmation, saluée par une réception attentive et silencieuse en salle.


PLATANEROJuan Frank Hernandez

Québec – 2025 – Juan Frank Hernandez – 25 min

Ti-Frè et Gran-Frè, deux frères d’origine haïtienne, vivent dans un bidonville en République dominicaine. Sans papier, ils luttent chaque jour contre la violence et la menace de la déportation. Gran-Frè veille sur Ti-Frè en travaillant dans une plantation de bananiers et en commettant de menus larcins. Le jour où la plantation lui refuse du travail, il n’a d’autre choix que d’y emmener Ti-Frè pour voler de quoi subsister. Mais cette nuit-là, sous la lumière de la pleine lune, une bête mystérieuse rôde dans l’ombre des bananiers.

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Oeuvre profondément personnelle pour Juan Frank Hernandez, PLATANERO marque un retour sur les terres maternelles du réalisateur, en République dominicaine. Porté par une approche visuelle très travaillée, le film mêle drame social et fantastique dans un récit ancré dans la réalité des communautés haïtiennes sans papiers. Deux frères, vivant dans un bidonville, tentent d’échapper à la précarité et à la menace constante de la déportation, jusqu’à l’apparition d’une créature mystérieuse dans une plantation de bananiers.

La mise en scène nocturne et la lumière lunaire confèrent à l’œuvre une intensité presque ésotérique, renforcée par un jeu d’acteurs sensible et retenu. Si l’image séduit par sa précision esthétique, le scénario, plus diffus, invite davantage à la contemplation qu’à la narration linéaire. Ce contraste donne au film une aura singulière, à la croisée de l’intime et du mythologique.


Le coup de cœur de la soirée


À TOI LES OREILLES

Québec – 2024 – Alexandre Isabelle – 13 min

À l’occasion de la parade anniversaire de son patelin, Étienne tente l’impossible : prouver au village la beauté de la cacophonie de sa famille

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Avec À TOI LES OREILLES, Alexandre Isabelle aborde la maladie mentale sous un angle rare au cinéma de genre, privilégiant la poésie sonore à la démonstration frontale. Tourné dans la ville natale du réalisateur avec la participation de véritables habitants du quartier, le film s’ancre dans une réalité profondément tangible.

Le récit suit un jeune homme décidé à prouver la beauté du chaos sonore produit par sa famille lors de la parade annuelle du village. Des musiciens, omniprésents, accompagnent les personnages et créent une cacophonie en constante évolution, à la fois dissonante et étrangement envoûtante. Loin du sang et de l’horreur attendus, Alexandre Isabelle propose une approche sensible et inventive, où la musique devient langage, et le désordre, une forme de beauté.

Cette vision singulière, entre réalisme social et proposition artistique radicale, a offert l’un des moments les plus originaux et inattendus de la soirée d’ouverture.


Une scène locale en pleine effervescence

Avec cette soirée d’ouverture, SPASM confirme son rôle de vitrine incontournable du cinéma de genre québécois. Le format court, souvent relégué aux marges de la diffusion, s’impose ici comme un terrain fertile d’expérimentation, où émergent de nouvelles voix et des approches narratives diversifiées.

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Le festival se poursuit jusqu’au 31 octobre avec plusieurs soirées thématiques, dont Les Insolites Québécois #2, présenté le 28 octobre au Ausgang Plaza, en programme double avec WTF.

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