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10 films pour se souvenir de Roger Corman

Avec le décès récent du producteur réalisateur et acteur Roger Corman se tourne avec tristesse une fabuleuse page de l’histoire hollywoodienne.

Celui qu’on appelait « le roi de la série B » a aidé à lancer la carrière de plusieurs artistes reconnus dont Jack Nicholson, Ellen Burstyn, Bruce Dern, Robert De Niro et bien d’autres. À bien y penser, il serait peut-être plus simple de nommer les artistes n’ayant jamais travaillé avec lui.

Pour lui rendre hommage, nous avons eu envie de jeter un regard sur son travail en tant que réalisateur. Il fut, certes, un producteur de haut calibre, mais la plupart des fans d’horreur lui seront entre autres éternellement reconnaissants d’avoir mis en scène ce que l’on appelle aujourd’hui « le cycle Poe », des adaptations souvent très libres des écrits de l’homme, qui sont tous inoubliables.

Voilà donc 10 des meilleurs films réalisés par Roger Corman :


Frankenstein Unbound (1990)

Ce long métrage fut le retour officiel de Roger Corman à la réalisation après presque vingt ans consacrés à la production. Il s’agit également du dernier film que Corman réalisera. Si les recettes à la sortie de Frankenstein Unbound ont été désastreuses, le titre a tout de même profité de l’avènement des clubs vidéo pour trouver quelques fans se liant à sa cause. Cette relecture de l’histoire de Frankenstein possède plusieurs qualités : les alternances dans le temps entre futur et passé sont savoureuses et la distribution de haut calibre colmate subtilement quelques manques.

It Conquered the World (1956)

Quoi qu’en disent certaines critiques, ce petit film mettant en vedette un monstre venu de l’espace s’est tricoté une place dans le panthéon des classiques de série B. Une certaine inventivité fait fi du faible budget. La créature, qui ressemble à une poire géante dotée de deux bras, a été créée par l’artiste en effets visuels Paul Blaisdell, et est conçue en grande partie de caoutchouc. Plusieurs cinéphiles l’ont trouvée trop mécanique et aurait souhaité que la bête soit davantage suggérée que montrée. Le film comporte plusieurs maladresses impossibles à manquer. Certaines répliques sont involontairement hilarantes et le scénario manque d’esprit. Pourtant, il se dégage une énergie de l’ensemble qui n’a pas pris une ride.

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The Little Shop of Horrors (1960)

Malgré un accueil assez négatif de la part des critiques, ce petit film d’horreur est non seulement devenu un film culte, mais un véritable phénomène culturel. La comédie musicale qui s’en inspire a connu un certain succès. Frank Oz a aussi offert un remake pimpant en 1986, qui a donné envie aux nouvelles générations de revisiter l’original. Avec à son générique de très jeunes Jack Nicholson et Dick Miller, ce petit classique n’ayant coûté qu’un peu plus de 25 000 $ US est dorénavant un titre à mettre sur une liste de titres à voir pour plusieurs. Même si elle ne s’avère pas toujours à l’aise avec le métissage d’horreur, de comédie et de fantaisiste, la plante carnivore de Corman est passée à l’histoire.

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The Terror (1963)

Un peu à la manière de The Little Shop of Horrors, ce petit film d’horreur s’est développé un véritable culte à travers les années. Il faut dire que le processus créatif entourant le film a suffi à faire parler. Corman souhaitait relever le défi de tourner la majeure partie d’une production gothique en deux jours en utilisant les décors restants de The Raven. The Terror a pourtant nécessité le concours de cinq réalisateurs (dont Francis Ford Coppola et Jack Nicholson) et neuf mois de labeur pour se voir achevé. Même si l’histoire semble un brin brouillonne, les aventures de cet officier français qui décide de suivre une femme mystérieuse n’est jamais ennuyante.

The Raven (1963)

Le célèbre poème de Poe en prend peut-être une claque quant au respect du matériel d’origine, mais quel fan d’horreur peut dire non au trio d’acteurs légendaires s’étant fait un nom à travers le cinéma de genre. Le ton loufoque adopté par Corman pour mettre en scène ce duel entre magiciens fait mouche et donne un film excessivement divertissant avec des trucages assez recherchés pour l’époque. Chacun à leur manière, Vincent Price, Boris Karloff et Peter Lorre s’imposent devant la caméra.

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The Tomb of Ligeia (1964)

Après quelques films tirés des écrits de Poe, Corman a tenté ici de proposer une petite variante pour sa dernière réalisation au cycle. L’histoire de cet homme veuf hanté par sa défunte épouse est un brin plus complexe au niveau du scénario et démarre plus en douceur. À cause de l’âge de Vincent Price, Corman hésite à lui confier le rôle, mais finit par le faire. Il n’en est pas moins excellent dans le rôle de cet homme mélancolique et troublé. Une fois de plus, les couleurs vivides et les décors nourrissent une ambiance hors du commun, mais plusieurs cinéphiles reprochent au film d’être un tantinet trop lent. Même si The Tomb of Ligeia a rapporté moins que les précédentes adaptations des histoires de Poe, Corman a maintenu qu’elle était sa meilleure.

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The Haunted Palace (1963)

Catégorisé comme l’un des huit films de Corman inspiré d’Edgar Allan Poe, ce long métrage s’inspire en fait du texte The Case of Charles Dexter Ward signé par H.P. Lovecraft. Ce n’est pourtant pas ce qui empêche Corman de faire des miracles avec le récit de cet homme qui devient subitement possédé par l’esprit de son ancêtre. Avec sa photographie flamboyante, ses décors impressionnants et ses portes grinçantes, Corman fait montre ici d’une grande maîtrise des codes du cinéma d’horreur. Vincent Price est très nuancé dans un double rôle, mais il faut aussi souligner la présence de Lon Chainey Jr. qui cadre bien avec l’ensemble.

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The Masque of the Red Death (1964)

La beauté plastique de cette adaptation d’Edgar Allan Poe laisse forcément paraître un budget plus colossal. Il en découle également une poésie d’une rare singularité. On sent ici que Corman commence à prendre ses aises avec ses films et qu’il comprend ce que recherchent les adeptes du genre. Sa réalisation de The Masque of the Red Death est étonnamment imaginative. Évidemment, l’histoire de cet homme voulant échapper à cette épidémie de mort rouge est rehaussée par la présence de Vincent Price dans le premier rôle. Comme à son habitue l’acteur mord avec vigueur dans ce rôle et semble s’amuser comme un fou.

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The Pit and the Pendulum (1961)

Exception faite du titre et de l’affrontement final, ce somptueux film signé par Corman ne conserve absolument rien du texte de Poe, mais l’ensemble n’en demeure pas moins savoureux au possible. Le suspense fonctionne parfaitement et, même s’ils ne sont pas si surprenants, les retournements coulent bien. Corman maîtrise très bien les couleurs et les décors sont sublimes. Par ailleurs, Vincent Price est comme toujours excellent et il est fascinant de le voir jouer avec la reine de l’horreur Barbara Steele. Contempler ce duo légendaire partager l’écran est tout simplement majestueux.

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The Fall of the House of Usher (1960)

Cette adaptation d’un conte d’Edgar Allan Poe est non seulement la plus réussie portée à l’écran, mais demeure le long métrage le plus maîtrisé de Corman au niveau de la réalisation. On y perçoit l’ambiance du texte de Poe, malgré certaines libertés prises. Corman utilise très bien ses décors et l’ambiguïté du personnage principal pour nourrir un mystère des plus savoureux. Il faut aussi mentionner que la prestation colorée de Vincent Price en Roderick Usher est l’une des meilleures de cet acteur légendaire.

Horreur Québec