La nostalgie est une force redoutable en ce qui concerne la production et la consommation des médias de nos jours. Des franchises qui reviennent après des années de silence, des personnages qui revoient le jour subitement, des idées recyclées à toutes les sauces : autant les films que les jeux vidéo se voient affectés par ce phénomène. Plusieurs titres des dernières années, particulièrement dans le domaine indépendant, ont ouvertement laissé paraître les inspirations de leurs créations comme Sea of Stars de Sabotage Studio avec Chrono Trigger ou bien tous les « Metroidvanias » modernes de ce monde, qui rendent hommage à Metroid et à une certaine époque de la série Castlevania. C’est à cette dernière que l’on doit un petit jeu nommé Carpathian Night starring Bela Lugosi de la compagnie Tezcatek, qui se veut massivement inspiré des premiers titres de la série mettant souvent en vedette la famille Belmont.
Le prince Dracula, armé de magie sombre et d'une armée des ténèbres, a pour plan l'asservissement de la race humaine. Deux chasseurs se voient investis d'une mission des plus simples : l’anéantissement du vampire par tous les moyens...
Dès les premiers instants de Carpathian Night, il est possible de constater un certain effort pour la présentation. Utilisant des pixels de manière bien travaillée, les développeurs et artistes réussissent à faire un mélange adéquat entre rétro et moderne. Les décors, les personnages, le choix des couleurs; tout passe par cette technique de base qu’est la pixellisation, sans pour autant réduire ou dénaturer l’esthétique choisie. Des monstres aux environnements lugubres, en passant par les personnages incarnés par les joueur·euse·s, le titre est visuellement convaincant.
C’est avec un peu plus de temps consacré à sa jouabilité que Carpathian Night démontre ses inspirations. Les mouvements, les attaques, le système de progression; tout s’apparente à des titres comme Castlevania, Castlevania III ou même Super Castlevania IV. Le choix d’opter pour la première ère, celle plus classique de la légendaire franchise, permet une certaine simplicité qui pourrait plaire. Les niveaux sont plutôt linéaires, les attaques directes et la motricité du personnage s’avère très basique, le tout étant visiblement volontaire dans son design.
Là ou le jeu est moins convaincant, c’est au niveau de son approche plus rétrograde de la nostalgie. Avec certains titres comme The Messenger ou même Shovel Knight, qui mélangent habilement la nostalgie avec une créativité et un renouveau rafraîchissant, Carpathian Night se voit beaucoup plus conservateur et ce, à plusieurs niveaux. Ne cherchant pas à surprendre, le jeu peine à convaincre plus l’on progresse. Les quelques idées originales n’amènent cependant pas grand-chose d’excitants à un ensemble pourtant bien présenté.
Ajoutons à ceci une approche incongrue de la difficulté qui génère plus de moments frustrants, voire délibérément injustes, et ne donne pas lieu à beaucoup de plaisir au final. Tomber pour une douzième fois de suite dans un trou après que son personnage ait été bousculé après une attaque risque d’en fâcher plusieurs, surtout dans un jeu qui possède bon nombre de scènes remplies d’obstacles comme ceux-ci. Bien que l’approche soit valable, le design des niveaux, de la mobilité réduite des attaques et des mouvements des personnages comparés à celle grandement supérieure des monstres et ennemis donne l’impression que de mauvaises leçons ont été tirées des jeux vénérés qui ont servi d’inspiration.
Même si l’on peut y percevoir un respect et même un amour pour la série Castlevania, le jeu est un exemple frappant du problème majeur que peut engendrer la nostalgie. À tenter d’émuler les anciennes icônes et de raviver la flamme des grandes idées du passé, le manque de nouveauté ou d’innovation donne plutôt des coquilles vides qui n’amusent ou n’inspirent que superficiellement… comme Carpathian Night.
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