La violence envers les femmes est un sujet d’actualité, particulièrement depuis quelques années. Depuis la pandémie, une sensibilisation accrue s’est opérée au sein de la population à propos des féminicides. Pourtant, ce fléau est loin d’être chose du passé. L’organisme La Débrouille rapportait à Radio-Canada, le 4 janvier dernier, que 25 femmes avaient perdu la vie en 2024. Vingt-cinq féminicides au Québec en 52 semaines. C’est beaucoup. C’est trop. Chaque femme qui tombe aux mains d’un agresseur est une femme de trop.
Crédit photo: La Mèche
Cassie Bérard l’a bien compris avec son roman Congé, paru chez La Mèche en mars 2024. L’autrice milite par sa plume, sensibilise et bouleverse.
Dans Congé, Cassie Bérard nous présente le récit de Clémence, policière en congé forcé qui n’arrive pas à lâcher prise, qui reste sur le qui-vive. Une histoire des plus mystérieuses la mène à Portland, ce sera dans la ville natale de Stephen King qu’elle tentera de répondre aux questions troubles qui l’assaillent en suivant les traces de son amant, Jacob. L’homme travaillait sur un projet d’écriture sombre, un meurtre datant de 1903 et toujours irrésolu. En pleine quête identitaire, Clémence court sans relâche dans les méandres du mystère, mais pourquoi s’essouffle-t-elle ainsi?
Bien que Congé ne soit pas le premier livre de l’autrice, ce fut mon premier contact avec sa plume — et bien franchement, maintenant, je me dois de lire tout ce qu’elle a écrit avant ce petit bijou !
Dans ce court roman, Cassie Bérard m’a profondément surprise. Je dois avouer que, bien que je tienne à vous en parler, il m’est difficile d’en dire trop, tant je ne veux absolument pas vous gâcher l’expérience de cette lecture. C’est un roman qui surprend, croyez-moi !
La plume de l’autrice est à couper le souffle. L’histoire pourrait sembler banale, voire futile, si ce n’était de cette écriture à la fois crue, poignante, réfléchie et intelligente. Bérard revisite le récit classique de fantôme pour nous livrer un texte engagé qui, à mon sens, n’est pas si éloigné de l’essai dans sa manière de nous pousser à la réflexion après lecture, à laisser résonner les propos de l’écrivaine.
Congé est un récit qui appelle au partage, à la discussion, une fois la dernière page tournée. C’est un livre qui bouleverse, confronte, percute. L’horreur, ici, réside autant dans l’atmosphère que dans la réinterprétation du conte de fantôme — mais surtout dans le propos central du récit. Un roman chargé de détresse, de peine et de douleur. Un texte traversé par une violence omniprésente, et pourtant, ce n’est pas ce que je retiens le plus. Des mois après cette lecture marquante, ce qui me reste, c’est un sentiment profond de sororité, un appel à sa solidification.
En bref, Cassie Bérard sait militer par la fiction. Elle propose un récit d’horreur résolument contemporain, ancré dans des enjeux cruciaux de notre société patriarcale. Sa plume affûtée saura vous séduire et vous convaincre que l’horreur est un genre bien plus vaste qu’on ne le croit.
Je vous recommande chaudement cette lecture pour les longues journées grises de l’été, blotti sous la couverture, à l’air climatisé!
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