[Fantasia 2025] « Together » : Romance dégoulinante et créatures codépendantes

Avez-vous déjà imaginé à quoi ressemblerait l’enfant de chœur de Midsommar (2019, Ari Aster) et The Substance (2024, Coralie Fargeat)? Il ressemblerait fort probablement à Together, le premier long-métrage du réalisateur australien Michael Shanks. Alliant parfaitement le surnaturel aux sous-tons occultes ainsi qu’une bonne dose de « Body Horror« , ce bambin hybride vous collera assurément à la peau…

Le 26 juillet dernier, Shanks nous accueille dans une salle comble pour la première projection sur les sols canadiens de son film Together. Il décrit son œuvre comme indépendante et à petit budget, pourtant, après avoir passé 102 minutes les yeux rivés à l’écran, ce ne sont pas les premiers descriptifs qui me venaient à l’esprit. On assiste plutôt à quelque chose de bien exécuté tant au niveau de l’écriture, des performances, des effets visuels que de la trame musicale.

L’auteur explique qu’il s’est inspiré de sa propre relation et des événements de sa vie personnelle pour composer le scénario, alors qui de mieux qu’un vrai couple marié pour transposer cette idée à l’écran? C’est Alison Brie (Glow, Community, Promising Young Woman) et Dave Franco (Now You See Me, Nerve, 21 Jump Street) qui nous transportent avec brio dans cette folle aventure.

Millie (Alison Brie) et Tim (Dave Franco), sont partenaires depuis plusieurs années. En déménageant loin de la ville dans une maison isolée en forêt, le couple se verra confronté à un phénomène surnaturel qui les feront questionner la nature même de leur relation : pour le meilleur ou pour le pire…

Sauter dans le gouffre

Millie, une enseignante dévouée, est prête pour la prochaine étape de sa vie de couple. Tout semble être aligné : son nouvel emploi stable, une nouvelle maison magnifique et un partenaire de longue date. Malgré tout, un fossé se creuse entre elle et Tim. Leur intimité est inexistante et des tensions remontent à la surface de temps à autre.

Tim s’acharne, de peine et de misère, à percer dans le monde de la musique. En plus de vivre le deuil de son père et d’autres traumas sous-jacents, il tangue entre le désir de liberté d’une vie de musicien en tournée et le sentiment confortable que lui apporte sa relation avec Millie.

Jusqu’au jour où les amoureux décident d’explorer les bois qui bordent leur demeure et tombent dans un trou. Forcés de laisser passer un orage, ils s’installent dans cette sorte de caverne couverte de mystérieuses cloches spiralées. Assoiffés, ils s’abreuvent d’une source louche qui trône au fond de l’espace : une action qui les liera à tout jamais.

La chute dans le néant agit comme une métaphore : c’est le grand saut dans le vide, le point tournant d’une relation qui passe au sérieux. Together part de la prémisse de cette phase de « non-retour » dans la vie d’un couple qui décide de s’engager concrètement, voire de se marier. Il va sans dire que le film est parsemé de symbolisme relié au thème marital et religieux, car on apprendra que la caverne était le lieu d’une ancienne chapelle. Mais où est l’horreur dans tout ça? Elle git dans le doute et la peur de l’engagement, qui seront transposés à l’écran à l’aide du Body Horror et du surnaturel.

Fusionner avec son être cher

Après l’incident dans la grotte, Tim souffre d’étranges symptômes : en l’absence de Millie, il est aux prises avec des transes épisodiques où son corps est attiré vers la direction de sa partenaire. Éventuellement, en présence l’un de l’autre, ils remarquent un phénomène de fusion, où leur peau et leurs membres s’amalgament littéralement dans une seule enveloppe.

La fusion se déploie aux moments les plus inopportuns, tel un propos sur la codépendance qui agit comme une entité prenant le contrôle de toute pensée rationnelle. On peut aussi comprendre cette agglutination comme le principe de n’être qu’un avec son être cher, jusqu’à la complète dissociation d’une identité individuelle. On assiste notamment à des scènes qui entrecroisent romance et gore, et qui soulèvent deux questions : est-ce que chercher la dissociation est crucial ou est-ce que l’union complète est un idéal à atteindre?

En vous épargnant les divulgâcheurs, le dénouement reste le moment le plus défaillant dans l’histoire. Son manque de clarté laisse place à quelques questionnements post-visionnement, mais il est tout de même empreint d’une aura sectaire très intéressante.

Together est pourvu d’une imagerie terrifiante, qui troublera même les plus désensibilisés (bonjour aux rédacteurs et rédactrices d’Horreur Québec). En plus d’être porteur de réflexions sur l’entité du couple, il détient un humour excellent (et pas trop cliché), de superbes performances par Brie et Franco (leur dynamique de vrai couple est inégalée) ainsi que des effets spéciaux impressionnants (pour un premier long-métrage). À voir seul ou bien accompagné par votre partenaire de vie — questionnements sur la nature de votre avenir garantis.

---

⚡️ Coulisses, fusion et body horror :

Plongez au cœur de Together avec Matthieu de notre équipe, qui a rencontré le réalisateur en pleine effervescence du Festival Fantasia.

[Entrevue] Le réalisateur Michael Shanks nous partage les secrets derrière "Together"