On savait déjà que Guillermo del Toro a une nette préférence pour les monstres (sa filmographie, dont les Hellboy, l’a amplement démontré). Sa relecture du roman épistolaire Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley en fait de nouveau la preuve, tellement le regard qu’il porte sur la créature (Jacob Elordi) est compatissant. Un traitement auquel n’a pas droit Victor Frankenstein (Oscar Isaac) qui, en plus de se prendre pour Dieu, provoque mort et désolation autour de lui.
Traumatisé par le décès de sa mère en couche, un brillant scientifique se jure de repousser l’ultime frontière : la mort. Avec l’aide d’un riche mécène (Christoph Waltz), il donne vie à une créature composée des membres et des organes de soldats tués sur le champ de bataille. Mais la haine qu’il porte pour sa création le conduit à sa perte.
Le nouveau film de Guillermo del Toro est probablement l’adaptation de Frankenstein la plus belle visuellement depuis l’édition spéciale du roman de Shelley illustrée par Bernie Wrightson et publiée en 1983. Et ce n’est pas un exploit en soi, mais cette adaptation produite par Netflix est nettement supérieure à celle réalisée par Kenneth Branagh en 1994, mettant en vedette Robert De Niro dans le rôle du monstre.
![[FNC 2025] « Frankenstein » ou la fragilité moderne 13 PF 20240529 29750 R](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/08/PF_20240529_29750_R-675x450.jpg)
En revanche, contrairement à ce qu’on peut lire dans la programmation du Festival du nouveau cinéma, cette adaptation n’est pas « fidèle au récit originel » (quoique, il faudrait s’entendre sur ce qu’est la version originelle, puisque Mary Shelley a révisé à quelques reprises son récit entre la première publication en 1818 et celle de 1831).
Bref, à la différence du roman que l’auteur de ces lignes a lu à quelques reprises, la créature semble davantage être une victime dans l’adaptation de Guillermo del Toro. À titre d’exemple, le réalisateur mexicain la déresponsabilise dans son film de la mort de deux personnages clés du roman, renvoyant la faute à Victor Frankenstein.
De plus, si dans le roman Victor prenait peur dès les premiers souffles de vie du monstre, l’abandonnant à son sort, dans cette nouvelle adaptation, ce n’est pas le cas. Il développe au contraire une telle haine pour la créature, particulièrement lorsqu’Elizabeth (Mia Goth) porte un regard plein d’amour sur cette dernière, qu’il tente de la détruire peu de temps après sa création.
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Ainsi, davantage que dans le roman, c’est Victor qui est le véritable monstre dans cette nouvelle adaptation. Autrement dit, le père est le principal responsable des violences du fils, ce dernier n’étant qu’une victime des circonstances.
N’empêche, malgré cette relecture très inscrite dans l’ère du temps, le Frankenstein de Guillermo del Toro est une véritable réussite. On ne s’ennuie pas une seconde pendant les 149 minutes du long métrage. Et si le jeu d’Oscar Isaac semble parfois un peu caricatural – difficile de faire autrement lorsqu’on est responsable de tout ce qui va mal – Jacob Elordi propose une interprétation profondément touchante de la créature. Tout particulièrement lors des scènes avec le vieil aveugle (David Bradley) ou lors de la conclusion dans la cabine du capitaine Anderson (joué par Lars Mikkelsen, eh oui, le frère cadet de Mads).
Alors, même si cette adaptation est loin d’être fidèle au matériau d’origine, on ne peut faire autrement que de vous conseillez d’aller voir ce Frankenstein sur un grand écran. Le film est d’ailleurs sur Netflix le 7 novembre prochain.

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