Le 13 et 14 octobre dernier, le Festival du nouveau cinéma présentait Mag Mag de Yuriyan Retriever, un J-Horror pas comme les autres, déconcertant, mais fichtrement amusant. Ça vous dit? Suivez le guide.
Mag Mag est le nom d’une grande femme fantôme qui, lorsqu’elle porte son dévolu sur un homme, l’aime jusqu’à la mort. Une mort plutôt brutale, car elle aspire littéralement les yeux de sa victime. Lorsqu’un jeune étudiant est victime du spectre aux cheveux sales et à la robe rose, une jeune fille éprise de lui mène son enquête pour découvrir les racines de cette malédiction.
Apparemment, la comédienne japonaise Yuriyan Retriever – dont Mag Mag est le premier film en tant que réalisatrice – est une grande vedette dans son pays. Nous ne saurions le dire, mais en revanche, son énergie est totalement communicative et c’est clair qu’elle est une bête de scène. Son mot d’ouverture était une performance en soi. Et, cerise sur le gâteau, la réalisatrice a fait ses deux-trois premières phrases en français, bien qu’elle ne maîtrise manifestement pas cette langue. Une preuve de respect qui a plu au public présent lors de la projection du 13 octobre, d’autant plus que certains « Canadians », même lorsqu’ils sont des natifs de Montréal, ne font pas toujours ce « ô combien pénible effort ».
Bien que Mag Mag s’inscrive au départ dans le J-Horror classique tel que Ringu et Ju-on, on sait dès les premières scènes du film que Retriever ne souhaite pas en rester là. Cette dissidence est d’abord marquée par un humour décalé. Comme lors du premier meurtre, qui a lieu devant témoins et devant… des urinoirs. En train de se soulager lorsque Mag Mag décide de lui aspirer les yeux, la première victime, secouée de spasmes, asperge généreusement ses amis de pisse. Eh oui, l’urine remplace les jets d’hémoglobine dans cette scène d’ouverture hilarante, formant même les caractères du titre sur le carrelage de la salle de bain.
Le ton est donné, mais pour un temps seulement, car les ruptures abondent dans cette étrange proposition qui part dans tous les sens. Sous ses allures de comédie d’horreur se cache une œuvre qui pose un regard subversif sur la société japonaise, mais également sur l’amour obsessionnel et sur la volonté de « posséder » l’autre.
Puisqu’il porte le chapeau de producteur sur Mag Mag, on pense évidemment au cinéma de Takeshi Miike, mais également à des œuvres comme Suicide Club de Sion Sono. Mais les comparaisons ne suffisent pas pour décrire ce film où la réalisatrice Yuriyan Retriever se permet tout, au risque de perdre certains spectateurs en cours de route.
Nous ne dirons pas qu’une grande artiste est née, puisqu’elle est déjà une sommité dans son pays natal. Nous dirons en revanche que nous venons de découvrir une nouvelle et talentueuse cinéaste et que nous avons bien hâte de voir la suite, tellement celle-ci semble prometteuse.
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