Une nuit incertaine

[Critique] La nuit incertaine: une virulente dégringolade à travers les ténèbres

À la suite de Des visages et des morts, et La faim et la soif que nous avions abordés par le passé, le romancier Mickaël Koudero revient en force avec La nuit incertaine, dans lequel il bascule vers le fantastique.

L’inspecteur Thomas Salinger peine à traverser le deuil de sa femme, mais se lance tout de même dans une enquête étrange qui le mènera dans le petit village de Lockton, un endroit isolé, inconnu et non listé sur les cartes. Alors qu’une tempête se prépare, le policier comprendra vite que la forêt environnante camoufle des créatures affamées de vengeance.
nuitincertaine

Débuter un roman en plongeant au cœur du deuil et en le faisant catalyseur d’une intrigue policière et horrifique pourrait sembler un lieu commun désuet. C’est pourtant la manière experte avec laquelle l’auteur déconstruit ce poncif, en y ajoutant une touche de fantastique, qui nous happe et nous absorbe dans cette histoire. Plus les pages défilent, plus on réalise que l’enquête, patiemment mise en place, n’est qu’un fil d’Ariane nous menant vers une véritable histoire d’horreur.

L’équilibre maintenu entre le choix de désertion des habitants — qui refusent le monde moderne — et l’inflation du mal devient une magnifique métaphore du refuge transformé en prison. Cela permet à la trame de poser de véritables questions sur l’évolution de l’homme et son ingratitude face à son environnement. Si plusieurs idées intéressantes sont amenées sur la religion et l’écologie, l’ensemble réussit l’exploit d’éviter un ton moralisateur.

Lorsque cette nuit incertaine s’installe, le lecteur peine à reprendre son souffle et se sent retenu en apnée dans ce village mystérieux. Alors que défilent des séquences remplies de suspense, de sang et de frissons, on réalise qu’on ne veut pas que ça s’arrête. Merveilleusement construites, ces séquences de cauchemar surviennent par fragments et font preuve de caractère et d’audace.

À plusieurs égards, La Nuit incertaine évoque la plume de Stephen King ou certains scénarios de M. Night Shyamalan. Chose certaine, nous espérons retrouver très bientôt l’inspecteur Salinger… à condition qu’il survive à cette aventure.

Un excellent roman d’horreur qui assume pleinement ce qu’il est et qui ne camoufle jamais ses intentions derrière l’alibi d’un autre genre. Koudero n’a aucunement besoin de ce subterfuge pour que l’on comprenne qu’il sait écrire. Il prouve aux détracteurs que l’épouvante pure laine peut être rédigée avec profondeur, style et intelligence.

Note des lecteurs2 Notes
Pour les fans...
de créatures à longues dents
de bains de sang intelligents
4.5
Note Horreur Québec

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