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[Critique] Visions: quand l’énucléation paraît moins douloureuse

Visions semblait alléchant depuis la parution de son synopsis et ses premières images. Les thrillers érotiques hitchcockiens n’ont en effet plus autant la cote que dans les années 90, et on s’en ennuie grandement. Après tout, qui peut prédire quel cinéaste deviendra le nouveau Brian DePalma, David Lynch ou Paul Verhoeven?

Le film raconte la vie presque parfaite d’Estelle, une pilote de ligne, qui tente d’avoir un enfant avec son mari. Un jour, la jeune femme croise Ana, l’une de ses anciennes flammes, et lorsqu’elle renouera avec elle, sa vie deviendra un véritable cauchemar.
visions affiche film

Après nous avoir tenu en haleine avec son excellent Boîte Noire en 2021, le cinéaste français Yann Gozlan se risque maintenant vers un thriller psychologique aux enjeux érotiques, qui emprunte autant au Maître du Suspense qu’aux classiques que la filmographie du cinéaste a inspirés. Le scénario de Visions convoque à la fois les voitures de luxe, la résidence portuaire et les décors trop chromés de Basic Instinct que le casse-tête à résoudre rappelant Mulholland Drive. Le résultat en est pourtant beaucoup moins réjouissant.

Le problème, c’est que Visions s’étire en longueur sans proposer la moindre idée neuve. On devine également rapidement où la clé de cette énigme, qu’on complique inutilement pour camoufler sa banalité, nous mènera. Par ailleurs, le mélange entre rêve et réalité agace plus qu’il ne fascine et n’aide en rien à développer de l’empathie pour l’héroïne.

La réalisation de Gozlan est fonctionnelle, mais cette boîte vide bien emballée n’est en rien comparable à ce qu’il nous a offert auparavant.

Les interprètes de talent tels que Diane Kruger, Mathieu Kassovitz et Marta Nieto jouent avec justesse sans réellement nous toucher. Il faut dire que dans sa totale construction le film mise sur cette froideur chirurgicale qui a certes donné naissance à certains classiques, mais utilisée ici avec une neutralité qui n’endiablera personne.

Au final, Visions demeure une déception aussitôt oubliée lorsque le générique se met à défiler.

Note des lecteurs1 Note
Pour les fans...
de femmes fatales qui ont égaré leur copie de Basic Instinct
qui veulent voir Diane Kruger en gros plan durant deux heures
2.5
Note Horreur Québec
Horreur Québec