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[Fantasia 2025] « Eddington » : la lutte des extrêmes

Fantasia lançait les festivités ce mercredi avec la projection du nouveau méfait d’Ari Aster, un film présenté comme un néo-western : Eddington. Ainsi, après les discours des principaux bailleurs de fonds du festival qui célèbre cette année sa 29e édition, et une vidéo du réalisateur qui nous a expliqué qu’il aurait aimé être à Montréal, ville où il a tourné en partie son précédent film, les lumières se sont éteintes (et les chats se sont mis à miauler) afin de faire place au quatrième long métrage d’Ari Aster.

Un film qui avait peut-être divisé la critique à Cannes, mais qui vient corriger l’erreur de parcours qu’était son précédent long métrage, Beau Is Afraid, le moins bon de sa filmographie. En fait, Eddington est tout simplement le meilleur film d’Ari Aster, du moins depuis Hereditary.

Alors que la pandémie de Covid-19 vient à peine de débuter, Joe Cross (Joaquin Phoenix), le shérif d'une petite ville du Nouveau-Mexique du nom d'Eddington, décide sur un coup de tête de s’opposer au maire Ted Garcia (Pedro Pascal) et de se présenter aux prochaines élections. S’amorce alors une campagne électorale pas très propre qui prendra une tournure tragique, particulièrement lorsque la mort de George Floyd fait la manchette. Un événement médiatique, et politique, qui pousse des militantes et militants du mouvement Black Lives Matter a perturbé la soi-disant tranquillité d’Eddington.
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Conservateurs, progressistes, complotistes, wokes, antivax… Tout le monde en prend pour son rhume dans le film d’Ari Aster (et pas seulement à cause du coronavirus). Avec Eddington, le réalisateur pose un regard acéré sur les États-Unis, en fait un portrait peu complaisant et parvient à mettre de l’avant toute l’absurdité des personnes (et de leur discours) qui alimentent les différentes tensions qui déchirent le pays depuis des années. Des tensions qui existaient bien avant la pandémie, mais qui sont exacerbées par celle-ci.

Ari Aster semble donc adhérer à la thèse que la gauche identitaire et la droite trumpienne sont le revers de la même médaille (bien qu’il rappelle que cette dernière est au pouvoir ce qui la rend d’autant plus dangereuse). Ainsi, l’intolérance, la désinformation et l’intimidation sont présentes dans les deux camps, chacun réécrivant l’histoire à sa manière afin de nous faire adhérer (voire nous imposer) leur vision du présent et de l’avenir. Une militance agressive qui sombre parfois carrément dans la violence et le meurtre.

Ari Aster parvient même à faire un clin d’œil aux géants de la tech, dont l’influence politique n’est plus à prouver, de même que leur impact néfaste sur l’environnement.

Tout ça saupoudré d’une touche d’humour qui fait mouche. Du moins si on se fie aux réactions des personnes présentes lors de la projection au Festival Fantasia, riant sans retenue face à cette satire sociale qui ne fait pas dans le politiquement correct (ce qui risque de déplaire en revanche à celles et ceux qui se sentiront visés).

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Le shérif local Joe Cross (Joaquin Phoenix) épaulé par ses deux assistants, Michael (Micheal Ward) et Guy (Luke Grimes). (Courtoisie de VVS Films)

Mais au-delà de ce sous-texte sociopolitique, qu’est-ce qu’Eddington à offrir aux spectatrices et spectateurs? Eh bien, un film noir bien ficelé qui nous propose des retournements de situation souvent inattendus et qui parvient à préserver notre crédulité malgré l’absurdité de certaines scènes. Un peu dans la même veine que les meilleures productions des frères Coen (Fargo et No Country for Old Men en tête).

Eddington nous propose également un casting solide. Joaquin Phoenix, évidemment, excellent dans son rôle d’antihéros qui perd tous ses repères. Pedro Pascal qui malgré la hype qui entoure actuellement cet acteur, n’est pas aussi sympathique qu’à son habitude. La succulente Emma Stone, qui joue l’épouse dépressive du shérif, ainsi que la très marrante Deirdre O’Connell, qui incarne sa belle-mère ultra complotiste. Ou encore, Austin Butler (en gourou conspirationniste), ainsi que Luke Grimes et Micheal Ward qui sont les assistants pleins de bonne volonté du shérif.

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Louise (Emma Stone) et sa mère (Deirdre O’Connell), obsédée par les théories du complot. (Courtoisie de VVS Films)

Le tout magnifié par les images de Darius Khondji, qui travaille pour la première fois avec Ari Aster, mais qui a une longue feuille de route, ayant mis sa talentueuse patte sur des films tels que Delicatessen, Seven et The Beach.

Ainsi, bien que le film puisse paraître un peu long aux yeux de certaines et certains (148 minutes), il vaut la peine d’être vu sur un grand écran. Eddington sort officiellement en salle ce 18 juillet.

EDDINGTON Trailer 4K (2025) | Joaquin Phoenix, Pedro Pascal | Comedy, Drama, Western
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Pour les fans...
Satires sociales
Humour noir
Ari Aster
4
Note Horreur Québec

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