J’ai longtemps eu de la difficulté à lire des pièces de théâtre. Je trouvais que de simplement lire le texte sans l’avoir vu sur scène (ou sans planifier de le voir) gâchait l’œuvre. J’avais l’impression que c’était un acte inutile, puisqu’il retirait l’essence même de la pièce. Après tout, un texte dramatique est toujours; ou presque; écrit pour être incarné.
Honnêtement, je ne pouvais pas me tromper davantage.
![[Littérature] : «Saint-André-de-l'Épouvante» : le bar de région à son plus sombre 13 Saint Andre de l epouvante](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/05/Saint_Andre_de_l_epouvante.jpg)
Lire une pièce de théâtre, c’est vivre une expérience immersive en tant que lecteur·rice. C’est devenir membre actif du récit qu’on nous expose. On lit chaque réplique, chaque didascalie. On devient pratiquement narrateur·trice omniscient·e de l’œuvre qu’on a entre les mains.
Quand j’ai pris conscience de ça, j’ai dévalisé, semaine après semaine, les textes dramatiques de la Bibliothèque des Archives nationales du Québec. Dans ma grande aventure littéraire, j’ai fini par avoir entre les mains Saint-André-de-l’Épouvante, une pièce écrite par Samuel Archibald et publiée chez Le Quartanier en février 2016.
Même si février dernier a marqué les neuf ans de la publication de cette pièce, je trouvais intéressant de vous en parler ici. Avec Horreur Québec, j’espère vous faire voir plus grand, plus large. Au Québec, on a une littérature foisonnante et unique. Oui, les livres de chez Corbeau sont toujours un vrai trip quand on est fan d’horreur; comme nous le sommes toutes et tous ici; mais l’horreur se manifeste de tellement de façons différentes! C’est ce que j’aime le plus de notre littérature horrifique au Québec : elle n’a pas de limites, elle explore!
Depuis deux jours, la pluie s’acharne sur Saint-André. Quelques personnes se sont réfugiées au bar-salon Le Cristal. À Loulou, la barmaid, s’ajoutent tour à tour Rénald, Martial, Mario et un inconnu. Pris au piège par la tempête, cette petite bande hétéroclite commence à se raconter leurs histoires personnelles, leurs peurs les plus saugrenues. Le ton change lorsqu’un membre du petit groupe comprend que le destin le rattrape...
La grande force de Samuel Archibald, c’est très certainement celle de nous faire revivre des histoires et des légendes ancrées dans l’imaginaire collectif québécois. Que ce soit le personnage de Loulou; qui ressemble étrangement (et de façon troublante) à Loulou Lapierre, figure emblématique des chansons des Cowboys Fringants; ou encore l’évocation de l’incendie de Chapais en 1980, Archibald fait vivre ces récits à travers la bouche de ses personnages et nous les conte avec assez de flair pour nous donner quelques frissons dans le dos.
![[Littérature] : «Saint-André-de-l'Épouvante» : le bar de région à son plus sombre 15 epouvante1](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/05/epouvante1.jpg)
Le rythme et l’ambiance sont parfaitement instaurés par le dramaturge. L’ambiance sombre du bar de région, on la voit dans notre tête, on l’entend. On imagine le bar un peu collant, le plancher qui grince par endroits. On vit Le Cristal.
D’histoire en histoire, la tension monte, rendant ainsi le livre absolument impossible à déposer! J’ai ressenti un sentiment semblable à celui que j’avais, ado, en camp de vacances, autour du feu, quand on se racontait des histoires de peur et qu’on n’arrivait pas à fermer l’œil de la nuit. Pour moi, retrouver cette sensation tient du délice sensoriel!
En bref, Saint-André-de-l’Épouvante est une courte pièce de théâtre habilement écrite par un dramaturge à la plume punchée. Cet été, en camping, autour du feu, la lampe frontale sur le visage, je vous recommande chaudement ce petit trésor littéraire: sensations fortes et nostalgie assurées!
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