La Cinémathèque québécoise consacre actuellement un cycle à Mario Bava, un grand cinéaste italien, pionnier de plusieurs genres populaires, allant de la science-fiction au péplum, de l’horreur gothique au giallo. L’un des films présentés lors de ce cycle, Terrore nello spazio, n’est pas seulement l’un des premiers space operas horrifiques de l’histoire du cinéma, il est également considéré par plusieurs comme une inspiration directe du Alien de Ridley Scott.
Après avoir capté un étrange signal, les vaisseaux spatiaux Argos et Galliot s’approchent d’une mystérieuse planète. Une force magnétique puissante les percute brutalement et l’équipage de l’Argos perd connaissance, à l’exception du commandant Mark. Ce dernier parvient à faire atterrir l’astronef sur la planète sans trop de dommages, mais les membres de son équipage sont frappés de démence à leur réveil et passent à deux doigts de s’entretuer. Les astronautes partent alors à la recherche de l’autre vaisseau, mais découvrent que l’équipage du Galliot n’a pas eu la même chance et n’a pu résister à ses pulsions meurtrières. Les croyant toutes et tous morts, les astronautes enterrent les femmes et les hommes du Galliot. Mais l’équipage de l’Argos n'est pas au bout de ses peines : les morts reprennent soudain vie, animés par une force inconnue et extraterrestre.
Malgré le titre français et anglais (La Planète des vampires / Planet of the Vampires), ce ne sont pas vraiment des vampires qui s’attaquent aux survivantes et survivants de l’Argos, mais plutôt des créatures désincarnées qui prennent le contrôle de leurs victimes. N’empêche, cette coproduction Italie-Espagne est un efficace croisement entre le cinéma de science-fiction et l’horreur gothique. La direction artistique est remarquable pour l’époque (1965), particulièrement en ce qui concerne les décors, les éclairages, ainsi que les superbes combinaisons spatiales en cuir des astronautes.
Bien que Ridley Scott nie avoir vu le film de Mario Bava avant le tournage d’Alien, les points de similitude sont trop nombreux pour être le fruit du hasard. L’intention n’est pas de prétendre que Scott est malhonnête lorsqu’il affirme cela, mais d’autres artisans d’Alien peuvent très bien avoir été influencés par le cinéaste italien, en premier lieu les scénaristes Dan O’Bannon et Ronald Shusett.
Des exemples ? En plus du mystérieux signal qui pousse l’Argos et le Galliot à investiguer, les paysages de la planète Aura ressemblent à ceux de LV-426. Sols rocailleux, nuit sans fin, rafales de vent assourdissantes, brumes masquant l’horizon… Seules les couleurs de l’éclairage diffèrent, le film de Mario Bava proposant de magnifiques teintes de bleu, de vert, de mauve et de rouge.
Autre ressemblance troublante : les astronautes découvrent pendant leur exploration l’épave d’un vaisseau extraterrestre, ainsi que les squelettes d’humanoïdes dont la taille fait trois fois celle d’un être humain (eh oui, comme le « space jockey » dans Alien).
Est-ce que l’épave extraterrestre a la forme d’un fer à cheval comme celle dans le film de Ridley Scott ? Non, mais… l’Argos et le Galliot ont, eux, bel et bien cette forme !
Évidemment, cela n’enlève absolument rien au chef-d’œuvre de Ridley Scott et La Planète des vampires n’a pas seulement influencé ce dernier. L’idée des humaines et des humains possédés par des extraterrestres fait plutôt penser au film Ghosts of Mars de John Carpenter. Sinon, certaines scènes rappellent l’excellent Event Horizon de Paul Anderson, entre autres celle où le commandant Mark déclenche un enregistrement audio des extraterrestres. Une voix particulièrement inquiétante se fait alors entendre, ressemblant à s’y méprendre à une incantation tirée tout droit du Nécronomicon.
Enfin, soulignons la trame sonore minimaliste de La Planète des vampires, qui se rapproche davantage du bruitage angoissant que Wayne Bell et Tobe Hooper ont composé pour Texas Chainsaw Massacre que de la bande originale concoctée par Jerry Goldsmith pour le premier opus mettant en vedette notre xénomorphe adoré.
Bref, ne manquez pas la projection de La Planète des vampires de Mario Bava à la Cinémathèque québécoise le 21 juin prochain. Et si vous n’êtes pas libre ce jour-là ou si vous ne pouvez pas vous rendre à Montréal, il est actuellement possible de visionner le long métrage sur YouTube.
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