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[Critique] « 28 years later » : la rage est intacte, mais la révolution manque d’impact

Véritable pierre angulaire du cinéma d’horreur moderne, 28 Days Later (28 jours plus tard) a profondément marqué l’imaginaire collectif en 2002, en contribuant à redéfinir les codes du film de contamination. Son approche viscérale, son esthétique brute et son propos social engagé ont influencé toute une génération de cinéastes. Nous l’avions d’ailleurs récemment exploré dans notre article « 28 Days Later : être ou ne pas être un zombie, telle est la question » démontrant son l’impact considérable de ce film fondateur dans le paysage du cinéma de genre.

Aujourd’hui, plus de vingt ans plus tard, Danny Boyle (Shallow Grave, Trainspotting) et Alex Garland (Civil war, Men, Annihilation) reprennent les rênes de leur univers avec 28 Years Later (28 ans plus tard) un troisième volet très attendu qui inaugure une nouvelle trilogie. Une suite tardive, ambitieuse, qui cherche à faire le pont entre l’héritage d’une franchise culte et les attentes d’un public renouvelé.

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Photo: Miya Mizuno Sony Pictures

Le film s’ouvre sur une situation à la fois inédite et porteuse de sens : tandis que le continent européen est parvenu à éradiquer le virus Rage, la Grande-Bretagne reste en quarantaine, laissée à l’écart du monde. Sur une île écossaise isolée, une communauté survit tant bien que mal, à l’abri des infectés. C’est là que le jeune Spike (Alfie Williams), 12 ans, entame un rite initiatique brutal aux côtés de son père (Aaron Taylor-Johnson).

Dans 28 Years Later, l’univers post-apocalyptique s’enrichit de nouvelles variantes du virus. Aux infectés classiques s’ajoutent désormais les Slow-Lows, des êtres décharnés, lents, presque spectres d’eux-mêmes, mais toujours dangereux en meute. À l’autre extrême, on découvre les Alphas : des créatures massives, plus fortes, plus rapides… et surtout plus intelligentes. Parmi eux, Samson, véritable chef de meute, incarne une évolution terrifiante du virus.

Cette évolution du virus injecte une tension nouvelle dans l’univers de 28 Years Later, bousculant les repères établis depuis le premier opus.

De la MiniDV à l’iPhone : le chaos selon Danny Boyle

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Dès les premières scènes, Boyle et Garland renouent avec la nervosité visuelle qui faisait la force de 28 Days Later (28 Semaines Plus Tard) qui avait été tourné en MiniDV. Un visuel tourné majoritairement à l’iPhone 15 Pro Max en ProRes Log 4K, une esthétique brute, des montages accélérés, des filtres et textures numériques : la mise en scène est tendue, immersive, et constamment au plus près du chaos. Le film tire parti de rigs multi‑caméras ultra‑mobiles, d’objectifs anamorphiques, de stabilisateurs, et même de drones et action‑cams fixés à des infectés pour multiplier les angles de vue. Certaines séquences, comme la première apparition de l’Alpha, atteignent un véritable sommet d’intensité.

Un scénario de relance, entre promesses et flottements

Sur le plan narratif, 28 Years Later assume son rôle de film de transition. Il s’attache à élargir la mythologie de la saga, avec l’introduction d’un Alpha énigmatique, une ouverture au-delà des frontières britanniques, et la promesse d’un monde plus vaste. Déjà attendu pour janvier 2026, le deuxième chapitre intitulé The Bone Temple, marque le deuxième acte d’une trilogie planifiée dès l’origine.

Mais cette ambition se fait parfois au détriment de la densité dramatique. Certaines péripéties manquent de chair, les arcs secondaires peinent à s’installer, et quelques mécaniques scénaristiques apparaissent trop visibles. Le récit oscille entre l’efficacité brute du survival et la tentation d’un worldbuilding plus vaste, à la manière de The Last of Us. Une orientation double, ambitieuse mais parfois déséquilibrée, qui nuit à la cohésion d’ensemble.

Le deuxième acte voit Spike retourner sur le continent, cette fois accompagné de sa mère. Sans trop en révéler, disons simplement qu’après un premier acte plutôt tendu (sorte de thriller d’aventure horrifique centré sur le père), cette deuxième partie, axée sur la mère, s’étire davantage. Portée par une quête maternelle plus introspective, elle navigue entre émotions à fleur de peau, humour inattendu et réflexion existentielle. Si quelques séquences parviennent à émouvoir, l’ensemble manque parfois de concision et ralentit le rythme général du film.

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Photo: Miya Mizuno Sony Pictures
Ralph Fiennes dans « 28 Years Later »

Un casting solide et une conclusion intrigante

Si le scénario peine parfois à convaincre, la force du film repose en grande partie sur son interprétation. Jodie Comer (The Last Duel, The Bikeriders) incarne avec intensité une mère à la dérive, à la fois vulnérable, imprévisible et profondément humaine. Face à elle, Aaron Taylor-Johnson (Godzilla, Kraven the Hunter) surprend dans un rôle plus nuancé que d’habitude, en père tiraillé entre ses convictions rigides et ses émotions, en conflit autant avec lui-même qu’avec les siens.

Sans entrer dans le registre du spoiler, on soulignera la prestation tout en retenue de Ralph Fiennes (The Constant Gardener, Conclave), qui apporte une dimension émotionnelle forte à l’ultime mouvement du récit. Un souffle humain qui aurait peut-être gagné à infuser plus largement l’ensemble. En figure de sage résigné, il insuffle au récit une gravité discrète, presque spirituelle, qui réoriente doucement le ton du film.

28 YEARS LATER – Official Trailer (HD)
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Pour les fans...
de 28 Days Later
de Boyle et Garland
d’univers post-apocalyptiques
3
Note Horreur Québec

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