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[Critique] Black Summer – saison 2: la série d’horreur la plus sous-estimée?

Note des lecteurs24 Notes
4
Note Horreur Québec

Spin-off dramatique de Z Nation produit par le studio The Asylum et tourné dans la région de Calgary, Black Summer a divisé le public avec sa première saison. Horreur Québec en avait d’ailleurs publié une critique peu élogieuse. Malgré tout, voilà la série de retour sur Netflix pour huit nouveaux épisodes qui font mentir son titre: ils se déroulent en plein hiver canadien!

On retrouve quatre personnages ayant échappé à la finale sanglante de la saison précédente. Rose (Jaime King), maintenant réunie avec sa fille Anna (Zoe Marlett), doit faire une série de choix difficiles pour protéger cette dernière coûte que coûte. Sun (Christine Lee) est capturée par un commando de survivalistes. Quant à eux, Spears (Justin Chu Cary) et Lance (Kelsey Flower) sont seuls pour faire face à la nature sauvage… et aux infectés qui l’écument.

Vous trouvez qu’Army of the Dead manquait d’action? Netflix a la solution de rechange pour vous. C’est que Black Summer est le bébé de John Hyams (Alone, Universal Soldier 3 et 4), une véritable star montante du genre. En alternance avec Abram Cox, Hyams signe ici une réalisation incroyablement musclée et millimétrée.

Black Summer saison 2 affiche Netflix

Le cinéaste est un génie du placement de caméra. Avec peu de choses, il parvient à bâtir une tension à couper au couteau et à réinventer les clichés de l’abécédaire zombie/post-apocalyptique. L’usage régulier du plan-séquence donne à l’action un effet «sur le vif», où les personnages n’ont qu’une seconde pour prendre une décision dans le feu de l’action. Et sous pression, les protagonistes de Black Summer ont des réactions très crédibles.

Il faut dire que dans le monde de la série, un seul infecté hyperactif peut donner de sacrés maux de tête à nos personnages. Les zombies traquent les vivants comme des missiles à tête chercheuse. Hyams sait mettre en scène leur acharnement: Il introduit la saison 2 avec une poursuite à travers une petite ville, où un plan séquence intensifie l’aspect «sans relâche» de la situation et une cascade spectaculaire perche un infecté sur le toit d’une voiture en mouvement. D’ailleurs, le cinéaste parvient tout autant à imager la fragilité des vivants. Par exemple, dans une scène où un personnage essaie d’abattre un zombie à distance. Le réalisateur place la caméra dans la lunette de sa carabine, dont la ligne de mire est obstruée. L’incertitude de la situation, dont la tension est étirée au maximum, gagne le spectateur.

Hyams met également chaque décor à profit dans la construction de ses scènes d’action. Il profite aussi des vastes paysages hivernaux canadiens pour citer les grands classiques du western. C’est simple: en regardant son cinéma, on a l’impression de recevoir une large dose d’adrénaline en plein coeur. Celleux qui ont autant d’affection pour le film d’action que celui d’horreur ne pourront qu’adorer la physicalité de cette mise en scène.

Vous l’aurez compris, on adore le style. Qu’en est-il de la substance? Les épisodes de Black Summer sont (encore une fois) divisés en segments désordonnées chronologiquement, chapeautés d’intertitres. La série entrechoque les perspectives, souvent d’une même situation donnée. Le spectateur doit reconstruire l’intrigue par lui-même et les auteurs parviennent à créer du suspense par le décalage temporel.

Et l’intrigue ne fait pas de quartier, adoptant un point de vue résolument nihiliste sur la fragmentation sociale. Aucun lien humain ne s’avère assez solide pour être à l’abris de cette lente désagrégation. Là où d’autres films post-apo vont offrir des enjeux manichéens, souvent à base de reconstruction de la société, Black Summer superpose une série de perspectives individualistes et les observe se dévorer entre elles. Le tout culmine avec un épisode d’une noirceur absolue où l’effondrement mental d’un personnage finit d’achever le mince filet d’espoir que l’on pouvait entretenir à l’endroit de l’intrigue. Romero serait fier!

Black Summer est aux films de zombies ce que The Conjuring est à ceux de maisons hantées. Une prémisse agissant comme le pot-pourri d’un sous-genre établi se trouve élevée par la maestria technique absolue de son réalisateur. Alors que certains films d’horreur peinent à proposer du neuf, Black Summer se réinvente à chaque séquence. La série se trouve également un élan narratif, nous poussant à espérer chaudement qu’une troisième saison soit dans les plans.

Black Summer: Season 2 | Official Trailer | Netflix

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