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[Critique] Sister Death: prière de ne pas se faire de trop grandes attentes

Du réalisateur Paco Plaza, bien connu pour son percutant [REC], un incontournable du style found footage, Sister Death (Les ordres du mal) est apparu sur Netflix vendredi dernier. Il s’agit d’un antépisode à Verónica, un autre film signé Plaza, qui a agréablement pesé dans la balance de plusieurs amateurs du genre. Toutefois, avoir une bonne réputation en tant que cinéaste peut s’avérer un couteau à double tranchant. D’un côté, le bénéfice d’attirer un public déjà conquis, de l’autre, le risque accru de décevoir par comparaison…

Sœur Narcisa, une jeune religieuse à l’aube de son ordination, est invitée à venir enseigner dans un couvent devenu un établissement scolaire pour filles. Accablée de visions et de cauchemars troublants, elle sent sa foi se fragiliser au fil des jours. L’établissement saint l’ayant accueilli cache en effet de lourds secrets. À travers une série de situations étranges et d’incidents perturbants se dévoile une sinistre réalité. 

Bien intentionné, sans originalité

Sister Death affiche film

Sister Death s’offre un début prometteur avec une mise en scène de type pellicule 8mm, racontant une histoire obscure qui met la table pour un convoité dévoilement futur. Saut dans le temps, et on atterrit au cœur du récit principal. Les premiers personnages mis à l’écran signalent déjà un malaise qui, on s’en doute, ne fera que prendre des proportions de plus en plus envahissantes.

Les éléments de base propres aux films d’épouvante tenus en lieux saints sont bel et bien présents: longs corridors sombres, lueurs de chandelles instables, portes grinçantes, lourds silences perturbés par des bruits choc, photos d’antan à l’aspect louche… tout y est! Toutefois, comme très (très!) souvent, ces ruses sont maladroitement soutenues par les habituels clichés: soubresauts sans finalité, sources de bruit non identifiées, réactions incongrues de la part des personnages, histoire qui se mêle dans ses multiples filons et qui perd son rythme.

Un retour au confessionnal non nécessaire

Si Verónica a su effrayer grâce à une histoire somme toute bien ficelée et un jeu d’acteurs compétent, Sister Death s’essouffle dans sa perpétuelle quête de sens et ses scènes qui n’aboutissent pas vers l’effet escompté. On sent un certain regain vers la fin, qui nous propose une conclusion somme toute satisfaisante, mais rapidement expédiée.

La question se pose à savoir si ce «premier tome» apporte réellement une profondeur au film de 2017, qui se déroule quelque quarante ans plus tard. La réponse? Pas vraiment… Verónica se suffit très bien à lui seul et n’ajoute rien de bien substantiel grâce à cette fouille du passé. Sister Death aurait également pu voler (un peu bas…) de ses propres ailes, sans avoir recours à un quelconque lien entre les deux films. Toutefois, sans cette association, l’intérêt n’aurait probablement pas été le même, ce qui nous porte à croire qu’il s’agit d’une tactique pour créer l’engouement. Pas trop étonnant de la part de Paco Plaza, qui a offert (scénarisé et dirigé) pas une, mais bien deux suites à [REC] — son acolyte Jaume Balagueró a signé le quatrième.

Sister Death image film

Malgré tout, il faut admettre que le film propose une belle cinématographie (qui ne va pas sans rappeler certaines scènes de Saint Maud), une ambiance anxiogène bien calibrée et met à l’écran plusieurs acteurs qui réussissent à convaincre malgré un scénario tiède.

Paru (trop) peu longtemps après The Nun II, difficile de ne pas faire le parallèle et surtout de ne pas se laisser agacer par les ressemblances. Disons que sans être aux antipodes, Sister Death se distingue tout de même par son côté moins fantastique que son acolyte religieux, demeurant davantage les pieds sur terre et un peu moins dans le «cherche et trouve le diable» auquel le dernier film de La Religieuse nous a fait jouer pendant presque deux heures. Un film qui se veut… de bonne foi!

Sister Death est disponible sur:
Note des lecteurs2 Notes
Pour les fans...
de l'horreur mêlée à la religion (Saint Maud et The Nun)
de trames sombres et d'ambiances lourdes
3
Note Horreur Québec

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