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[Critique] The Nun II: Valak passe enfin à l’attaque, mais rate encore la cible

Commenciez-vous à douter du retour de Valak? Impossible pourtant que la nonne maudite ne se repointe pas le bout du nez: The Nun a engendré plus de 365 millions de dollars au box-office sur un budget de 22 millions en 2018 — un profit de 1 835%! La démone a même réussi l’exploit de générer le chapitre le plus lucratif à ce jour de la populaire «Conjuring-verse» et ce, sans trop d’efforts. Avouons-le, en plus de ses origines mollement racontées, son temps d’écran se calculait littéralement en secondes dans le premier volet. Est-ce qu’on a un cas de «fool me twice» avec The Nun II (La Religieuse 2)?

Quatre ans après les événements du premier film, sœur Irene (Taissa Farmiga), qui a refait sa vie incognito dans un nouveau convent, est de nouveau appelée par le clergé à la suite d'une vague de suicides étranges dans la communauté religieuse de la région. Parallèlement, Maurice «Frenchie» (on le répète: un Canadien français incarné par l'acteur belge Jonas Bloquet) semble traîner un mal avec lui, jusqu'à un pensionnat français où il travaille maintenant.
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The Nun II ne viendra malheureusement pas confirmer la règle que les suites de la franchise (The Conjuring 2, Annabelle: Creation) sont supérieures à leur premier opus. En effet, le film, réalisé cette fois par Michael Chaves, qui a signé le dernier The Conjuring: The Devil Made Me Do It, mais aussi The Curse of La Llorona, fonctionne peut-être mieux à certains niveaux, mais se plante furieusement ailleurs.

Du côté des réussites, ce retour de Valak est sans contredit plus musclé. Les producteurs ont entendu nos prières et la principale intéressée est non seulement plus présente ici, mais encore plus inquiétante, voire menaçante. La profane frappe définitivement plus fort alors que le niveau de violence et gore surprend pour une production de type surnaturelle – les simples apparitions spectrales ne seraient donc plus suffisantes pour terrifier le public? Néanmoins, Chaves réussit à orchestrer une poignée de scènes à sursauts qui, à défaut de fonctionner à tout coup, s’avèrent au moins plutôt divertissantes.

The Nun II nous sort du monastère cloitré et s’installe maintenant dans une école pour jeunes filles, où les lieux et la diversité des personnages procurent un peu plus de vigueur à l’ensemble. Tourné sur place en France, les décors et recréations d’époque sont d’ailleurs magnifiques, si on parvient encore une fois à faire fi de l’incohérence de la langue parlée. Les fans d’horreur qui avaient trouvé le premier film trop lent apprécieront le rythme plus soutenu où les poursuites ne manquent pas et où le malin prend cette fois plus d’une forme.

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C’est le scénario abrutissant et décousu de The Nun II qui va vider les bancs d’églises. Rien ne fait vraiment de sens dans cette succession de séquences plus ou moins effrayantes, qui ne servent en rien l’intrigue et existent dans l’unique but de générer des moments horrifiques à tout prix. L’enquête routinière que suit sœur Irene s’avère aussi des plus ennuyeuses alors qu’on peut facilement anticiper chacun de ses pas. Le passé de la femme qui refait maintenant surface aurait pourtant pu donner un peu de viande au moulin, mais engendre ici le résultat contraire tellement la trame est sous-développée et diluée dans cette mare d’effets tape-à-l’œil, qui recyclent entre autres la fameuse idée du tableau de The Conjuring 2 à différentes sauces.

En sortant du film, qu’avez-vous exactement connu de plus sur Valak (dont le nom n’est même jamais prononcé dans cette suite) et sa mythologie? Pas ‘diable. Avez-vous même appris quelque chose sur ces personnages, en particulier celui de sœur Debra (Storm Reid, Missing), nouvelle acolyte rebelle de sœur Irene? C’est si mince que c’en est presque problématique. Et si vous espériez une éventuelle connexion avec l’univers de The Conjuring, vous risquez d’être grandement déçu·e·s. Sans trop en dévoiler, disons que ces scènes (surtout lors de l’épilogue) qu’on nous sert en guise de «fan service» sont plutôt risibles.

Oui, The Nun II est plus amusant et contient plus d’action et de frissons que le précédent, mais son intrigue sans queue ni tête et sa finale qui se moque carrément des fans de la franchise le rend difficile à recommander à quiconque avait foi que la saga de James Wan reviendrait un jour dans le droit chemin.

Note des lecteurs15 Notes
Pour les fans...
des enquêtes hollywoodiennes des Warren
de religieuses aux yeux aussi noirs que votre âme
2.5
Note Horreur Québec
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