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[Critique] The Enfield Poltergeist: une expérience documentaire immersive et définitive sur le célèbre cas de hantise

Le cas du poltergeist d’Enfield fascine les adeptes de surnaturel depuis bien avant The Conjuring 2. Entre 1977 et 1979, une petite famille d’Enfield à Londres a été tourmentée par un soi-disant fantôme, celui de William «Bill» Wilkins, qui ciblait particulièrement Janet Hodgson, la cadette de la maison. Au fil des ans, bon nombre de documentaires et autres adaptations ou inspirations se sont intéressés à l’histoire et pour cause: il s’agit d’un des cas paranormaux les plus documentés de l’histoire. Peu d’entre eux ont toutefois réussi à livrer une expérience aussi fascinante et percutante que la docusérie The Enfield Poltergeist (Le Fantôme d’Enfield), qu’Apple TV+ nous propose depuis la fin d’octobre et qui brise littéralement le quatrième mur.

Durant deux ans, l'homme d'affaires et inventeur Maurice Grosse s'est rendu au 284 Green Street à Enfield pour recueillir pas moins de 200 heures d'enregistrements, en plus de photographies (tous se souviennent de sa fameuse photo montrant Janet projetée en dehors de son lit), documentant les phénomènes étranges qui se déroulaient sur les lieux. The Enfield Poltergeist a minutieusement reconstruit la maison maudite en studio et des interprètes reconstituent les faits saillants de l'histoire en synchronisant leurs lèvres et leurs gestes aux sons de ces bandes audio. 
The Enfield Poltergeist affiche série

À première vue, The Enfield Poltergeist ressemble à une idée opportuniste destinée à tirer une fois de plus profit de la triste histoire d’une famille déchirée en échange de contenu à sensations fortes. L’expérience est néanmoins beaucoup plus profonde. Bien que la docusérie à mi-chemin entre l’univers documentaire d’Alexandre O. Philippe et The Entity (1982) comporte son lot de moments à glacer le sang, elle prend bien soin de rester impartiale. Les paroles et même les gestes entendus sur ces bandes sont bien reproduits à l’écran, mais les interprétations des événements paranormaux, elles, demeurent hors champ. Par exemple, si Janet et sa sœur Margaret crient avoir été propulsées en bas d’un divan, jamais les images ne nous montreront directement l’incident, laissant ainsi le soin aux spectateur·trice·s de relier (ou non) les points.

L’idée saugrenue de reconstruire une réplique parfaite de la maison d’origine, d’y faire jouer des acteurs et actrices ou d’y ramener carrément certains des témoins clés de l’époque élève visuellement d’un bon cran l’évolution du documentaire paranormal et true crime, surtout propulsé par Netflix ces dernières années. Mais si la plateforme concurrente nous proposait de son côté The Devil on Trial en octobre — discréditant enfin les Warren sur l’enquête —, le format dans le genre devient un tantinet usé et prévisible. La tactique utilisée chez The Enfield Poltergeist s’avère plus fouillée et cadre parfaitement avec son sujet. À quel point des bandes audio ou des clichés peuvent-ils servir de preuves pour documenter de pareils événements? Encore ici, les croyances du public dicteront la direction de la conversation, qui reste toujours bien ouverte à la fin du visionnement.

The Enfield Poltergeist profite nécessairement de l’engouement de la franchise créée par James Wan, mais l’angle adopté grâce à Grosse et son acolyte Guy Lyon Playfair procure définitivement plus de corps à l’affaire. On s’amuse d’un côté à reconnaître toutes les techniques qu’on attribuait faussement aux Warren dans The Conjuring 2 (la scène du verre d’eau!), mais on accorde également beaucoup plus de crédibilité à l’homme qu’au couple d’enquêteurs du paranormal en général, grâce, oui à son approche méthodique, scientifique et excessive à vouloir documenter les phénomènes, mais aussi à l’attachement qu’il a créé au fil du temps envers la famille, qu’il voulait aider à tout prix.

La production est visuellement très léchée. Les images de style 8 mm s’ajoutent à l’atmosphère audio inquiétant, créée par les bandes qui tournent constamment en fond, et nous transportent littéralement à l’époque. Certains éléments de la trame sonore paraissent toutefois déplacés. En effet, lors d’une scène d’anniversaire, on peut entendre Boney M. scander «She’s crazy like a fool» lors d’un gros plan sur le visage de Janet, un moment pour le moins indélicat. Les guitares punk rock de The Sound of the Suburbs de The Members retentissent aussi lors des génériques, nous sortant à tout coup du mystère qu’on tente de créer à chaque fin d’épisode. Sans vouloir divulgâcher la liste des intervenant·e·s, The Enfield Poltergeist n’aurait pas pu être complet sans un entretien avec la principale intéressée. Si dans son cas la visite de la maison tombe un peu à plat, son témoignage retenu, mais pourtant très évocateur procure une toute nouvelle dimension humaine au documentaire.

Au final, les fans d’histoires de fantômes se doivent de voir The Enfield Poltergeist, qui offre un point de vue unique, immersif et définitif sur un cas qui alimente l’imaginaire depuis maintenant plus de 45 ans maintenant.

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