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[FNC 2025] « It Follows » : le virus du désir de retour au FNC

Quand It Follows surgit sur les écrans en 2014, David Robert Mitchell semblait signer un exercice de style très malin : un cauchemar rétro baigné de synthés, un slasher atmosphérique où l’ennemi avance lentement, mais ne s’arrête jamais.

Onze ans plus tard, alors que le film revient au Festival du nouveau cinéma, accompagné du court Dammen de Grégoire Graesslin, il apparaît surtout comme une œuvre-symptôme : celle d’une génération obsédée par la contamination, la surveillance et la honte héritée.

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Le sexe comme malédiction

Jay, 19 ans, couche avec un garçon qu’elle croit aimer. Au réveil, il lui annonce qu’il vient de lui transmettre “quelque chose” : une entité invisible, polymorphe, qui marche vers elle sans relâche. Pour s’en débarrasser, il faut la refiler à un autre par le sexe.

ItFollows

Voilà la structure virale du récit : la peur ne tue pas directement, elle se transmet.

Dès sa sortie, It Follows a été lu comme une parabole sur le SIDA, une version cauchemardesque de l’éducation sexuelle post-1980. Mitchell nie toute allégorie consciente, mais impossible d’y échapper : la menace circule par contact, le corps devient à la fois désir et danger, et la culpabilité colle à la peau comme une infection morale. Jay, traquée, incarne l’angoisse d’une jeunesse née dans un monde où la sexualité est simultanément promesse de plaisir et de mort.

Le spectre de Carpenter et des années 80

Visuellement, Mitchell emprunte à John Carpenter (Halloween), Jacques Tourneur (Cat People) et même Kiyoshi Kurosawa (Cure). Le cinéma de genre y sert de laboratoire pour l’invisible : ce qui tue, on ne le voit jamais vraiment.

La caméra glisse lentement, circulaire, tandis que le hors-champ devient terrain de paranoïa. Tout le film repose sur l’idée que la menace peut surgir de n’importe quel visage, un inconnu dans la rue, une mère, un ami.

L’époque rétro, volontairement indéfinie (un téléphone-coquillage, des téléviseurs cathodiques), crée une sensation d’étrangeté suspendue : comme si le monde tout entier avait attrapé un virus temporel.

Le corps contaminé, la société malade

L’interprétation “SIDA” n’est qu’une porte. On peut aussi y lire la métaphore d’une anxiété plus diffuse : la peur du passage à l’âge adulte, la honte du corps féminin, ou encore la contamination numérique, à l’heure où l’intimité circule comme un fichier infecté.

It Follows capture la dérive d’une société qui n’a plus de dehors : le mal rôde dans les trottoirs anonymes des banlieues américaines, dans les piscines abandonnées, dans la lenteur poisseuse du quotidien.

Mitchell transforme ce décor banal en pur espace mental. Chaque plan est une fièvre : les arbres tremblent, la musique de Disasterpeace pulse comme un battement de coeur. La mise en scène, millimétrée, révèle un cinéaste obsédé par la géométrie de la peur : cette idée qu’un plan fixe peut être plus terrifiant qu’une poursuite effrénée.

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Onze ans plus tard : une malédiction toujours contagieuse

Alors que They Follow, la suite officielle signée à nouveau par David Robert Mitchell avec Maika Monroe reprenant son rôle, se profile à l’horizon (sans date de sortie annoncée pour l’instant), It Follows retrouve aujourd’hui une résonance particulièrement troublante.

Sa rediffusion au Festival du nouveau cinéma agit comme une réactivation du virus originel — une piqûre de rappel avant la contamination à grande échelle.

Là où It Follows explorait la peur intime, celle du corps et du désir, They Follow semble vouloir étendre la malédiction à l’échelle collective : une épidémie de terreur, une contamination du monde entier.

Un rendez-vous à ne pas manquer!


FNC 2025 | It Follows (David Robert Mitchell)

En collaboration avec Minuit au Parc, une invitation à replonger dans l’un des cauchemars les plus élégants et obsédants du cinéma d’horreur contemporain.

À découvrir ou redécouvrir au Cinéma du Parc (Salle 1)
Vendredi 17 octobre 2025 — 21 h 30 à 23 h 30
Samedi 18 octobre 2025 — 21 h 30 à 23 h 30
Dimanche 19 octobre 2025 — 14 h 30 à 16 h 30
Langue : anglais — Avec présentation
Prix régulier : 15 $

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