Meilleur2020 Raphael

[Le meilleur de l’horreur 2020] Les séries B et Z de Raphaël Boivin-Fournier

Ce sera clairement une drôle d’année pour faire un classement du meilleur de l’horreur vu le nombre anémique de sorties dans les salles obscures. Oui, l’année 2020 a été marquée par le report de nombreuses sorties cinéma. Cela dit, dans le circuit des séries B et des séries Z sorties en «direct to VOD», 2020 a été, évidemment, beaucoup moins rachitique.

On le sait, les plateformes de streaming ont été parmi les grands bénéficiaires de cette pandémie. Les Prime, Netflix et Disney+ de ce monde s’en sont mis plein les poches malgré le recul économique de la planète. Parmi les géants, d’autres plateformes tirent aussi leur épingle du jeu et attirent un public, comme Shudder ou encore le moins connu Full Moon Features, dédié au catalogue de la célèbre compagnie de production de Charles Band qui a vomi film après film cette année.

Résultat? Il y a quelques pépites à se mettre sous la dent pour peu qu’on soit prêt à sortir du «mainstream» et à plonger dans le manque de moyens un peu campy et les productions plus champ gauche. Désirant mettre de l’avant certains films indépendants moins vus, le top ne sera toutefois pas uniquement constitué de séries B. Cela dit, rien ne venant de gros studios ne sera présent. Par conséquent, certains de mes films ou séries préférés comme The Invisible Man, Peninsula, Bly Manor et Ju-on: Origins ne feront pas partie de la sélection. Il en va de même pour Jusqu’au déclin que j’ai décidé d’exclure, même s’il aurait eu sa place dans le top 3, car à l’échelle du Québec, il a eu une assez bonne visibilité.

10- Corona Zombies de Charles Band

On commence avec le film le plus «cheap», moron, exploiteur, opportuniste et ridicule de l’année. Je serai clairement le seul à le mettre dans un top, mais une partie de moi ne peut qu’être ébloui par cet étron cynique et sa démarche. Ce long-métrage, on le comprendra, ne doit absolument pas être pris au sérieux et tire son appréciation de manière uniquement ironique. D’une certaine façon, c’est à célébrer une telle nullité. De plus, contrairement à toutes les autres bouses qu’ont fourni Full Moon Features cette année, ce Corona Zombies a au moins le mérite d’avoir un peu d’humour grâce au détournement de l’oeuvre de réalisateurs plus drôle dont est constitué le film. Charles Band n’avait plus grand chose à prouver par rapport à la bassesse dans laquelle pouvaient tomber ses films, mais ici on atteint un cap. Que dis-je c’est un cap, c’est une péninsule!

Corona Zombies image film

9- Dead de Hayden J. Weal

On poursuit avec une comédie d’horreur néo-zélandaise qui est passée un peu sous les radars et que je n’ai rattrapée que récemment. Dead raconte l’histoire de Marbles, un stoner bon à rien qui se découvre la faculté de voir et de communiquer avec les morts. Après sa rencontre avec Tagg, un policier décédé en cherchant un tueur en série, il tentera de trouver le courage de participer à l’enquête. Sans rien inventer, Dead est franchement réussi dans son mélange de tons qui rappellera parfois un peu la «trilogie Cornetto» (Shawn of the Dead, Hot Fuzz, The World’s End). Un petit film sans prétention qui fait passer un bon moment!

Dead image film

8- VFW de Joe Begos

D’entrée de jeu, je vais dire que je ne partage pas l’avis négatif du collègue Marc-Antoine Labonté sur le film. Bien entendu VFW n’est pas visionnaire ou révolutionnaire et repose sur une approche un peu nostalgique de l’horreur. Cependant, il n’est pas pour autant sans imagination. Loin d’être stérile, la réalisation de Begos cite certains de ses maîtres, mais toujours dans le contexte de son histoire et du genre du film. À mi-chemin entre un grindhouse et un Carpenter, VFW a de grandes qualités dont la première est justement d’éviter la citation pour la citation en se recentrant toujours sur ce qu’il veut dire. Sans être d’accord avec son propos un brin conservateur, j’apprécie la démarche sans concession.

VFW image film

7- Scare Package de Aaron B. Koontz et Cameron Burns

J’ai toujours apprécié les anthologies, surtout quand elles sont constantes, et celle-ci l’est. Composé de huit segments articulés autour d’une histoire de club vidéo, le film déborde de coeur et de bon gags par rapport au cinéma d’horreur. Sans jamais tomber dans la ridiculisation parodique, Scare Package est dans le haut du panier de ce qui s’est fait dans le genre cette année.

Scare Package image film

6- May the Devil Take You Too de Timo Tjahjanto

J’avais bien aimé le premier opus de cette petite franchise indonésienne inspirée du cinéma de Sam Raimi. Comme cette suite remporte le pari d’être meilleure que son prédécesseur, elle ne pouvait que se retrouver dans ce top. Le nouveau film de Tjahjanto est gore, sans compromis et débordant de bonnes idées. On y retrouve aussi un équilibre très Evil Dead entre le comique et l’horrifique. À voir absolument!

May the Devil Take You Too image film

5- Girl with No Mouth de Can Evrenol

Le post-apo étant un de mes genres fétiches, j’avais de bonnes attentes par rapport à ce long-métrage et je n’ai pas été déçu. Il y a quelque chose de poétique dans ce nouveau projet du réalisateur de Baskin, qui touche au sublime. La réalisation peine parfois à cacher son manque de moyens, mais dans l’ensemble le film déborde tellement de coeur que ça n’est pas très grave. On se laisse emporter par cette histoire d’enfants mutants luttant pour leur survie.

Girl with No Mouth image film

4- #ShakespearesShitstorm de Lloyd Kaufman

On ne l’attendait pas la nouvelle sortie des écuries Troma, mais elle est arrivée dans un tonnerre de guitares punks à Fantasia cette année. De plus, on a droit avec ce film inspiré de The Tempest de Shakespeare au meilleur Kaufman depuis des années, voire des décennies. Drôle, idiot, irrévérencieux et satirique, #ShakespeareShitstorm est une bombe!

shakespeare

3- Fried Barry de Ryan Kruger

Délire psychédélique sur fond de réflexions sur la vacuité de l’existence et humour sarcastique. Ça décrirait assez bien ce petit film que j’ai découvert sans m’attendre à rien dans le cadre de Fantasia cette année. Au niveau formel, c’est inspiré et le propos qui mélange bien le drame et la comédie est à la fois surprenant et familier. Mon film préféré du festival!

friedbarry24

2- Monstrum de Jong-ho Huh

Tout comme May the Devil Take You Too plus haut, il ne s’agit pas exactement d’une série B, mais ce petit film provenant du marché international n’a clairement pas eu la visibilité qu’il méritait. Certes, le scénario de «quête du héros» est prévisible par moments, mais c’est un des films les plus mémorables de l’année. Les effets spéciaux sont très réussis, la photographie est à couper le souffle dans certaines scènes et les personnages sont tous très attachants. Clairement à rattraper!

Monstrum image film

1- Verotika de Glenn Danzig

Wow. On ne peut que s’incliner devant ce premier film du légendaire chanteur des Misfits. On a droit ici à un champion hors catégorie qui frôle des sommets jusqu’alors uniquement atteints par le Troll 2 de Claudio Fragasso. En terme de cinéma d’horreur farouchement indépendant, on n’a rien eu de mieux cette année. Avec ce film et son album hommage à Elvis, Danzig se réinvente totalement en 2020 en produisant les créations les plus incompréhensibles de sa carrière. Insatisfait de son statut de légende vivante punk, l’artiste s’assoit maintenant à la même table que les Ed Wood et Tommy Wiseau de ce monde. Tentant de réaliser un hommage au cinéma d’horreur européen, il accouche plutôt de ce que pourrait produire un extra-terrestre n’ayant jamais vu un film lors de son arrivée sur terre. Mémorable et déjà culte, Verotika est LA série Z de 2020.

Verotika image film

Mon coup de gueule!

Cherchant à me concentrer sur le cinéma indépendant et plus proche de la série B, je me suis rendu compte que très peu de femmes avaient sorti de films dans cette sphère cette année. Clairement, les femmes ont historiquement été malheureusement moins présentes que les hommes derrière les caméras, cela dit, cette année, je trouve que c’est particulièrement ridicule. Qu’aussi peu de réalisatrices d’horreur aient pu sortir de films semble totalement absurde. Même si la série B est souvent extrêmement codifiée, un peu d’air frais fait toujours du bien et cet air frais viendrait plus facilement si on multipliait les points de vue et les sensibilités.

 

Horreur Québec
Ce site Web récolte de l'information via Google Analytics. Cliquez ici pour vous exclure. ?