Moindrement que vous suiviez avec une certaine fidélité les publications d’Horreur Québec, vous savez probablement déjà que ce média est désormais chapeauté par l’organisme Cabane à Sang. Mais connaissez-vous le festival du même nom qui présente des courts (et moins courts) métrages d’horreur, trash et de science-fiction depuis 2017?
À l’instar d’un band de musique, c’est sur la route que ce festival de films « graisseux et juteux » a commencé sa carrière il y a huit ans. Une initiative de Frank Appache, un natif d’Hochelaga, et directeur général de l’organisme. L’objectif de départ de cette tournée cinéphilique? Présenter leur propre film.
« On avait un peu de difficulté à se faire programmer au Québec. Il y avait eu quelques trucs : Fantasia nous avait booké, mais à l’extérieur [de Montréal], il y avait un manque absolu d’opportunités. » – Se remémore Frank Appache
Au menu de cette première édition : Punk Fu Zombie de Gabriel Claveau, Termitator de Camille Monette, ainsi que Sleazy Pete, une réalisation de Frank.
Festival de films « Hochellywoodiens »
Plus ou moins satisfait de l’expérience, Frank Appache décide de regagner ses pénates : « Hochellywood ». La formule sur la route est donc abandonnée pendant quelques années, au profit de soirées de projections dans son quartier natal.
Après une pause d’un an, Cabane à Sang revient en 2018 avec une projection au Bistro Le Ste-Cath qui fonctionne du tonnerre.
« Il y avait des gens debout, ils ne savaient pas où se mettre. » – Frank Appache
Dès l’édition suivante en 2020, le festival doit faire face à un problème majeur : eh oui, la fameuse pandémie. Une contrainte qui oblige le festival à annuler ses projections devant public et de présenter sa programmation de courts métrages en direct sur Facebook. Un imprévu qui a permis de faire connaître le festival à un large public, croit le directeur de la programmation, Jeff Gratton-Séguin.
Ce fut également le cas de l’auteur de ces lignes qui, encabané dans son 4 ½ depuis des semaines, a assisté à cette première édition virtuelle du festival. Un événement que Frank a animé en direct de son appartement qu’il a pu transformer en studio après le départ précipité de son coloc de l’époque.
![[CàS] Cabane à Sang : 8 ans déjà et toutes ses dents! 13 Frank et Jeff credit Jason Pare](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/05/Frank_et_Jeff_credit_Jason_Pare-750x422.jpg)
Des films qui ne passaient pas ailleurs
La qualité des productions des courts métrages présentés à l’époque n’était pas toujours transcendante. En effet, Cabane à Sang se permettait – et se permet toujours – de sélectionner des films qui ne sont pas programmés dans d’autres festivals, comme SPASM et Fantasia. Une manière, entre autres, de se démarquer de ces derniers.
Si cette ligne éditoriale perdure, particulièrement lorsqu’on pense à la projection Party Pooper Spectacular entièrement consacrée à des courts métrages qui ont coûté moins de 200 $, on remarque tout de même une évolution depuis les dernières années.
« C’est venu naturellement. On y va avec le contenu et non nécessairement selon le budget. » – Répond Jeff Gratton-Séguin lorsqu’on l’interroge sur cette évolution.
Autrement dit, l’important, c’est que les films sélectionnés soient divertissants et s’inscrivent dans leurs genres de prédilections : le trash, l’horreur et la sci-fi. Ce « upgrade » est également notable par les lieux où se tiennent dorénavant les projections.
Par exemple, en 2021, Cabane à sang a présenté la majorité de ses projections au cinéma StarCité et a inclus dans sa programmation la première d’un long métrage, un film de bikersploitation (film de motards) : The Impalers de JP Langlois.
Il faut dire qu’avec les restrictions sanitaires qui étaient en vigueur cette année-là, les salles de cinéma rushaient et un événement comme celui de Cabane à Sang était plus que bienvenu.
![[CàS] Cabane à Sang : 8 ans déjà et toutes ses dents! 15 Cabane A Sang 2025 web](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/05/Cabane-A-Sang_2025_web-338x450.jpg)
Depuis, c’est principalement à l’Ancien Marché Maisonneuve qu’ont lieu les projections, bien que le festival se promène un peu partout dans Hochelaga.
Ainsi, cette année, le lancement des festivités aura lieu le 20 mai à l’usine de l’Espace Public, avec la projection Scif’High, consacrée à la science-fiction. Le bloc de courts métrages d’animation (Re)animation (21 mai) et celui de films étranges et absurdes Keep It Weird (22 mai) se dérouleront pour leur part au Centre de médiation culturelle L’éphémère.
Pour qui est du programme de cinéma d’horreur et trash, Viandes mixtes (23 mai), et le Party Pooper Spectacular (24 mai) – le happening du festival pour lequel une vingtaine de cinéastes ont réalisé spécialement des courts métrages « low budget » –, ils se tiendront bel et bien à l’Ancien Marché Maisonneuve.
Pas facile de faire la promotion!
Ne passons pas par quatre chemins, Cabane à Sang parvient difficilement à obtenir une couverture médiatique de leur événement, particulièrement depuis l’étiolement des médias locaux dans la métropole. Pourquoi? Y a-t-il a trop d’événements à couvrir à Montréal? Est-ce que la plupart des journalistes culturels boudent encore aujourd’hui l’horreur, le trash et la science-fiction? Ou tout simplement, parce que les membres de Cabane à sang sont des « pauvres » qui habitent dans Hochelaga?
« Je pense que le genre est boudé, répond Jeff. On dirait qu’il faut que [les artistes et les organismes] aillent performer ailleurs avant d’être reconnus au Québec. »
Le directeur de la programmation s’interroge également sur leur réputation, puisque Cabane à Sang présente des films à petits budgets.
Frank Appache pense également que le genre est boudé, mais ne croit pas non plus que « ça aide qu’on soit dans Hochelag’ ». Pour lui, l’est de Montréal est un secteur de la ville qui est négligé et dont tout le monde se « calisse ».
« On est un peu les petits bums mal aimés d’Hochelaga. » – Frank Appache
Cela ne les empêche pas d’avoir un « fan base » à leur image : punk et marginal, mais amoureux du genre.
Si c’est également votre cas – ou pas – c’est un rendez-vous du 20 au 24 mai. Pour connaître la programmation ou vous procurez des billets, visitez le site Web cabaneasang.com.
Vous habitez loin de Montréal, mais vous souhaitez vous aussi visionner des films graisseux et juteux? Eh bien, en plus des projections que Cabane à Sang présente ponctuellement un peu partout au Québec, l’organisme a lancé cet automne une plateforme de diffusion sur le Web. Il n’y a donc plus d’excuses pour ne pas obtenir sa dose (quotidienne?) de cinéma trash et horrifique!
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