2023 a été pour moi une année marquante sur le plan cinéma. Ma santé mentale était chambranlante, pour me protéger du monde extérieur, je me suis réfugiée dans le 7e art. Comme chaque fois où une tempête me frappe, l’horreur devient vital, nécessaire à ma survie. Cette année-là, j’ai visionné plus de 400 films, certains m’habitent encore 2 ans plus tard. Que ce soit par leur beauté, leur grandeur, leur originalité ou encore par leur ambiance (étrangement) réconfortante. La saga Fear Street (Part 1: 1994; Part 2: 1978; Part 3: 1666) fait partie de mes coups de coeur de visionnement de cette année-là. Je pense que je serai éternellement liée à cette saga. Dans sa noirceur, elle m’a fait du bien. Dès que j’ai vu l’annonce de la sortie du plus récent opus, j’ai sauté sur mon laptop, ouvert Netflix et me suis installée confortablement sous les couvertures pour visionner Fear Street : Prom Queen. Le nouvel ajout à la saga est réalisé cette fois par Matt Palmer.
“This is a very special night, and someone is ruining it.”— Tiffany Falconer
Lori (India Fowler) et sa mère portent en elles un terrible passé. Pour tenter de reprendre les rênes de sa vie et de sa réputation, Lori se présente comme candidate pour la reine du bal de sa promotion. Le bal a lieu dans deux jours et le malheur vient hanter Shadyside à nouveau. Le bal de fin d'année sera, cette année encore, un vrai bain de sang. Qui tente d'éliminer la compétition? Et dans l'intérêt de quelle candidate?
![[Critique] « Fear Street : Prom Queen » : quand le bal vire au bain de sang 13 fear street pq 3](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/05/fear-street-pq-3-304x450.jpg)
Quatre ans après la sortie de la trilogie originale, on nous offre un whodunit peu convaincant, bien que c’est une ficelle narrative qui me charme à tous les coups. Fear Street : Prom Queen ne fait pas exception. La révélation était assez évidente et très peu surprenante, sans compter que c’est assez tiré par les cheveux, mais il y a quelque chose dans les whodunit qui réussit toujours à m’avoir. Peut-être est-ce seulement mon besoin de savoir si j’ai raison ou non, mais chaque fois, je me fais prendre par le film et je m’accroche à la trame narrative. J’embarque même si le niveau de vraisemblance fait parfois pitié, comme ici avec le film de Palmer. Je pense que cela tient aussi du plaisir coupable.
Le côté slasher du film est plutôt satisfaisant! Plusieurs meurtres sont originaux, parfois absurdes, mais très certainement divertissant. À mon sens, certains d’entre eux font partie des meilleurs meurtres de la saga (je pense entre autres à la scène du coupe-papier, comprendront ceux qui comprendront).
Ce nouvel opus a une trame narrative bien plus simple que ses précédents (qui eux, étaient tous liés les uns aux autres). Cependant, comme dans les trois films sortis en 2021 et réalisés par Leigh Janiak, l’ambiance est bien installée (quoique moins explorée que dans ceux de Janiak). À mon sens, la force de cette saga tient tout particulièrement dans la création et la représentation de son univers. Certes, l’univers a été créé par R.L Stine dans sa saga de romans éponyme, mais l’ambiance à l’écran est unique et bien travaillée dans chaque opus. J’étais donc ravie de me replonger au coeur de Shadyside!
![[Critique] « Fear Street : Prom Queen » : quand le bal vire au bain de sang 15 Capture decran 26 5 2025 95221 www.imdb .com](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/05/Capture-decran_26-5-2025_95221_www.imdb_.com_-750x417.jpeg)
Malheureusement pour Fear Street : Prom Queen, qui avait beaucoup de potentiel et un public déjà instauré — qui n’attendait qu’un éventuel retour de la saga — Matt Palmer a un peu manqué le bateau. L’unicité de Fear Street prend ses racines dans l’ambiance de la saga, certes, mais aussi dans les liens qui unissent chaque tome entre eux, faisant des trois premiers films des œuvres indissociables les unes des autres. Ici, on a presque droit à une annexe, une histoire annexe, c’est plutôt dommage…
Un autre aspect qui m’a surprise, et qui jure avec le reste de la saga, c’est l’absence de personnages ouvertement queer. Certes, on nous laisse très vaguement entendre que Megan pourrait l’être, mais cela demeure flou et sans véritable développement. Pourtant, dans les premiers volets réalisés par Leigh Janiak, la mise en lumière de la communauté queer n’était pas anodine : au cœur de l’intrigue, un couple de femmes lesbiennes occupait une place centrale, non seulement représenté avec soin, mais fondamental au récit. C’était une belle avancée, rarement aussi bien intégrée dans un film d’horreur grand public.
Dans Prom Queen, cette dimension semble avoir été mise de côté. Le choix du réalisateur Matt Palmer de ne pas poursuivre cette représentation donne l’impression d’un retour en arrière, ou tout du moins d’un désintérêt pour ce qui faisait en partie la richesse et l’originalité des premiers films. Il suffit de parcourir les réactions sur Letterboxd pour constater que ce sentiment est largement partagé. Ce recul vers une norme plus convenue, plus hétérocentrée, est d’autant plus décevant qu’un public fidèle et concerné attendait ce retour avec enthousiasme.
![[Critique] « Fear Street : Prom Queen » : quand le bal vire au bain de sang 17 fear street pq 2](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/05/fear-street-pq-2-750x405.jpg)
Avec un changement de réalisateur vient souvent un changement de perspective, de regard. Ici, on passe d’un female gaze assumé à un male gaze plus traditionnel. Ce glissement est perceptible, notamment dans la manière dont les corps féminins sont filmés. Là où les précédents volets mettaient en scène des jeunes femmes actives, complexes et autonomes, Prom Queen multiplie les scènes où elles apparaissent en sous-vêtements ou en maillot, dans des contextes qui semblent parfois davantage répondre à une logique de séduction qu’à la nécessité du récit. Ce choix visuel, sans être choquant en soi, semble en rupture avec l’approche inclusive et sensible des premiers films, au profit d’une esthétique plus convenue et moins inspirée.
![[Critique] « Fear Street : Prom Queen » : quand le bal vire au bain de sang 19 promqueen cover 597x1024 1](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/06/promqueen-cover-597x1024-1-262x450.jpg)
Ceci étant dit, j’ai eu du plaisir à visionner Fear Street : Prom Queen. C’était un film facile à suivre, avec des meurtres bien sanglants et avec lequel je n’ai sincèrement pas senti le temps filer. Je sais que j’ai soulevé plusieurs points négatifs dans ma critique, mais force est de constater que le plus récent ajout à la saga est un petit slasher intriguant et divertissant !
L’écoute de ce film m’a donné envie de me replonger dans ceux de Janiak et de me mettre le nez dans les romans éponymes de R.L. Stine ! Attendez-vous donc à me relire encore au sujet de Fear Street !
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