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[Critique] « Wolf Man » : de l’amour au carnage, une famille en sursis

En décembre dernier, nous vous avions fait remporter des laissez-passer pour la projection spéciale de Wolf Man, qui avait lieu à Montréal en janvier. Nous voulions profiter de l’ajout de Wolf Man au catalogue de Prime Video pour vous offrir une critique du film de Leigh Whannell (The Invisible Man, Insidious Chapter 3), produit par Blumhouse.

Blake (Christopher Abbott) a toujours eu une relation des plus tumultueuses avec son père. Dès qu’il en a eu l’âge, il a quitté la maison paternelle pour voler de ses propres ailes. Un jour, le père de Blake part chasser dans le bois entourant sa demeure, comme il en a souvent l’habitude ; seulement, cette fois-là, il ne reviendra jamais.

Quelques années plus tard, alors que son père vient enfin d’être déclaré mort et que Blake peut tourner la page pour de bon, il décide d’aller sur la ferme où il a grandi pour faire le tri dans les affaires de son père. Il transforme ce voyage au goût amer en un séjour familial, amenant avec lui sa conjointe Charlotte (Julia Garner) — avec qui la relation bat de l’aile — et sa fille Ginger (Matilda Firth).

Il croyait offrir une seconde chance à son couple et permettre à sa fille de vivre une expérience en nature… Pourtant, c’est tout l’inverse qui se produira. Après un accident de voiture en se rendant à destination, la petite famille est plongée dans un cauchemar des plus sombres, alors qu’une bête terrifiante les poursuit et que Blake ne devient que l’ombre de lui-même.

Quelle est cette bête, et qu’arrive-t-il au jeune père de famille ?

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Leigh Whannell nous offre ici une relecture du conte classique du loup-garou. Ne serait-ce que dans l’apparence de son monstre, Whannell joue avec les codes associés à cette bête, tout en les réinventant par moments. Son loup-garou garde une apparence relativement humaine, rendant ainsi les attaques d’autant plus déstabilisantes et dérangeantes. Le cinéaste humanise la figure du monstre — un acte intelligent pour déchirer le spectateur au même titre que les protagonistes de son récit.

Je ne peux pas dire que ce film m’a jetée par terre; ce serait vous mentir. Cependant, Whannell propose un film plein de potentiel, avec certaines avenues plutôt originales. Par contre, et c’est malheureusement trop souvent le cas avec Blumhouse, on sent une certaine retenue. On ne pousse pas la monstruosité aussi loin qu’on nous l’avait suggéré. Et bien que l’on réinvente — ou du moins revisite — certains aspects du conte traditionnel du loup-garou, on n’échappe pas aux clichés dispersés ici et là dans le long-métrage, donnant un résultat correct, mais sans plus.

On en ressort avec un sentiment d’inachevé, et c’est bien dommage, puisque tout était là pour faire un film unique et efficace. Cela dit, ça n’empêche pas Wolf Man d’être divertissant ! Les images sont visuellement plaisantes, et les effets visuels sont assez originaux !

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“The dog never jumps out of its fucking leash.”

La première relation marquante est celle entre Blake et son père. Bien que dépourvue de réelle malveillance, leur relation est profondément marquée par la rudesse. Le père de Blake, dans sa volonté de le protéger et de le préparer à la vie, l’a souvent bousculé, confondant fermeté et brutalité. Cette posture, bien qu’intentionnellement protectrice, a laissé des traces chez Blake. Elle nourrit chez lui un malaise, voire une blessure, qu’il tente encore de comprendre et de contenir.

Cette tension mène directement à la deuxième dynamique clé du film : celle qui lie Blake à sa fille, Ginger. Blake l’aime profondément, et son attachement se double d’une peur viscérale : celle de reproduire les erreurs de son propre père. Ce qui rend cette relation particulièrement touchante, c’est la lucidité dont fait preuve Blake. Il reconnaît ses moments de faiblesse, sait s’excuser quand il va trop loin, et tente activement d’instaurer un lien basé sur la confiance, le respect et la tendresse. Une posture rare, qui rend le personnage complexe et attachant.

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L’horreur de Wolf Man réside certes dans la déchéance et la transformation de Blake, le sentiment d’être pris au piège dans une forêt éloignée et celui d’être traqué par une bête mystérieuse, mais elle réside aussi dans cette tragédie familiale. On assiste à l’évanouissement d’une relation précieuse entre une fillette et son père, alors qu’en parallèle, l’on est témoin de la naissance d’un lien unique entre une mère et sa fille. On assiste littéralement à la naissance d’une mère.

Je souhaite aussi mentionner la direction artistique du film, particulièrement le choix des couleurs. Le rouge ressort un peu partout dans Wolf Man ; cependant, il est particulièrement visible sur Charlotte et Ginger. La mère et la fille sont vêtues de rouge, rappelant le conte du Petit Chaperon rouge et son ambiance. Malheureusement, c’est aussi un aspect qui aurait gagné à être plus et mieux développé, même si le clin d’œil est intéressant et fait sourire.

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Le rouge est une couleur ultra présente, de manière générale, dans les films d’horreur — que ce soit par le sang qui coule à flot, les décors ou les costumes. Mais ici, dans Wolf Man, la couleur prend une importance particulière. Le rouge est, entre autres, associé à l’éveil de l’instinct et à un certain sentiment d’ambivalence. Que Charlotte et Ginger soient toutes deux vêtues de rouge constitue un symbole fort dans le contexte du film. La mère et la fille incarnent, par cette couleur, à la fois le danger et l’amour — exactement ce qu’elles ressentent pour Blake. Sans oublier que le fait qu’elles portent la même couleur les unit visuellement, rendant leur connexion tangible pour le spectateur.

Avec Wolf Man, plus rien n’est sécuritaire. Le danger envahit littéralement l’écran. Ce danger, d’abord extérieur, devient rapidement intérieur à mesure que Blake change. Ce que l’on croyait certain et stable devient alors menaçant, mouvant, incertain.

En conclusion, Wolf Man est un film ordinaire, sans être mauvais. Plusieurs bonnes idées le parsèment, mais le rendu final laisse un goût d’inachevé. Cela dit, vous passerez un 1h45 plutôt divertissant si vous décidez de le regarder, maintenant qu’il est disponible sur Prime Video.

Wolf Man est disponible sur:
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Pour les fans...
De créatures mystérieuses
De périple dans les bois
De loup-garou
3
Note Horreur Québec

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