«I go to a lot of movies, it’s my thing.»
Eric Binford, un jeune livreur pour une compagnie de distribution cinématographique, est un réel cinéphile. Tout dans sa vie tourne autour des films. Malheureusement reclus et incompris, il est seul à vivre sa passion à fond, rendant ses relations sociales malaisantes. Eric est continuellement intimidé par ses collègues, son patron et sa tante avec qu’il vit, jusqu’au jour où il en a assez et se met à assassiner ceux qui l’ont fait souffrir en s’inspirant des films qu’il aime tant.
Vernon Zimmerman signe en 1980 avec Fade to Black (Fondu au noir en version française) sa dernière réalisation, à l’exception d’un court-métrage. S’il s’agit de son seul film d’horreur, celui-ci s’est déjà défendu en entrevue qu’il n’en est rien et ce, même si le personnage s’inspire de plusieurs films d’épouvante pour tuer. Le producteur exécutif, Irwin Yablans (Halloween 1 à 3), et l’acteur principal, Dennis Christopher, vont dans le même sens. Après tout, on est loin du slasher conventionnel où le tueur accumule les victimes les unes après les autres ou du whodunnit dans lequel le suspense se bâtit autour du mystère de l’identité du meurtrier. Ici, il n’y a aucune surprise. On est d’avantage dans le pourquoi.
Les cinéphiles qui aiment repérer les clins d’œil se régaleront, car il y en a une quantité phénoménale. Chaque action entreprise par Eric vient forcément d’un film et il y a plusieurs détails à remarquer. Quand on est attentif, par exemple, on peut remarquer un macaron où il est écrit «May the force be with you». Lorsqu’Eric fait une référence, on a même droit à l’extrait en question pour que l’on puisse comprendre de quoi il s’agit, mais ces scènes démontrent également son état d’esprit. D’ailleurs le film a été poursuivi pour 15 millions de dollars par William Boyd Enterprises pour utilisation non autorisée d’extraits du western Hopalong Cassidy. Le producteur est très fier du titre Fade to Black qu’il a trouvé lui-même: à chaque meurtre, le changement de scène s’effectue à l’aide d’un fondu au noir. Mais il s’agit également de l’évolution psychologique du personnage. Au tout début, il est jeune, innocent, naïf, mais au fur et à mesure que l’histoire évolue, la noirceur prend de plus en plus de place dans la vie d’Eric.
Fade to Black fut un échec au box-office. Selon Dennis Christopher, le film n’a pas eu la première qu’il méritait. La critique n’a pas non plus aidé le film à se faire connaître et être apprécié à sa juste valeur. On peut comparer cette œuvre avec le personnage: les deux sont seuls, obscurs, incompris et possèdent un potentiel qui ne s’est jamais épanoui. Grâce aux sorties vidéo, Fade to Black s’est néanmoins développé un certain statut de film culte. Anchor Bay a fait paraître un DVD en 1999, mais plus rien n’a vu le jour depuis, laissant sombrer Fade to Black dans l’oubli, le DVD étant devenu pratiquement introuvable.
Heureusement, grâce à Shudder, le film est plus accessible que jamais. Mieux encore, les collectionneurs passionnés peuvent maintenant se procurer une nouvelle édition qui en vaut le détour, gracieuseté de Vinegar Syndrome. Le producteur a mentionné en entrevue avoir très hâte de voir cette édition Blu-ray, qu’il espère deviendra un objet de collection, et souhaite que le film trouve un nouveau public. L’homme est en effet très fier du film et il y a de quoi l’être. Tout cinéphile devrait donner une chance à cette œuvre. Il s’agit d’un magnifique hommage au cinéma et il faut être reconnaissant envers les distributeurs d’avoir travaillé fort pour donner une nouvelle vie au film nouvellement restauré dans une qualité exceptionnelle afin qu’il reçoive enfin l’appréciation qu’il mérite.
«See ya in the movies.»
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