Je vous ai récemment parlé de mon amour pour American Horror Story dans ma liste de recommandations à regarder sur Disney+. Pour souligner le Mois de la Fierté, j’aimerais vous inviter à explorer les confins queer de cette grande série. Parce que oui, AHS est, à mon sens, une œuvre fondamentalement queer.
À l’origine, le mot queer désignait ce qui était étrange, hors norme, voire monstrueux. L’adjectif, alors péjoratif, est apparu dans le langage courant au début des années 1910. Rapidement, la communauté LGBT+ s’est réappropriée ce terme. Chargé d’une fierté inébranlable, il devient aujourd’hui un symbole d’affirmation : se dire queer, c’est revendiquer une identité, mais aussi militer contre l’homophobie, l’hétéronormativité et le patriarcat.
Sans être explicitement queer, American Horror Story en porte assurément les fondements. Oui, par son goût pour l’étrangeté et le monstrueux, mais aussi à travers l’un de ses créateurs, plusieurs de ses personnages et les figures qu’elle met en scène.
Ryan Murphy, l’un des trois créateurs de la série, est ouvertement gay. Son regard façonne donc inévitablement l’univers de la série. Je vous ai peut-être déjà parlé du concept de gaze, mais pour rappel : le gaze, c’est le prisme (ou les lunettes, si vous préférez) à travers lequel on représente une réalité, une histoire, etc. Une femme n’a pas le même regard qu’un homme sur une situation donnée. De la même façon, un homme hétérosexuel n’a pas le même regard qu’un homme homosexuel du même âge et du même milieu. Dans le cas de Murphy et d’American Horror Story, ce regard queer s’exprime notamment dans la façon dont les corps sont représentés, mais surtout dans l’interprétation du monstrueux.
Dans AHS, le monstrueux est toujours insidieux. Il est constamment présent, mais rarement doté d’un visage clair et défini. Si l’on pousse l’analyse, on peut y voir une critique ou une métaphore, de la peur que ressentent les personnes marginalisées face à une norme imposée par notre société patriarcale.
Habiter son corps, le faire résonner, l’utiliser pour militer : ce sont des concepts clés dans la culture queer. Dans American Horror Story, le corps occupe aussi une place centrale. Que ce soit dans la saison 4 (Freak Show) ou dans la saison 5 (Hotel), le corps est tour à tour objet de convoitise ou de répulsion. Il est essentiel au récit et à son rythme.
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Évidemment, la saison 3, Coven, est-elle aussi foncièrement queer. Historiquement, la chasse aux sorcières est étroitement liée à l’histoire des personnes queer. Ces femmes, considérées comme des marginales ou des guérisseuses, étaient persécutées pour avoir simplement existé hors des normes. Certaines ont même été brûlées pour avoir aimé d’autres femmes. À ce titre, Coven devient une œuvre de libération : une représentation de la marge qui reprend le pouvoir.
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À travers ce court texte, je souhaite vous rappeler que les personnes en marge sont partout, et que la communauté queer prend sa place sur vos écrans, même si rien n’est encore acquis. La représentation de la diversité est nécessaire et essentielle. Ouvrez les yeux : nous sommes là, plus visibles que jamais. Et pourquoi ne pas revoir American Horror Story sous l’angle de la diversité?
Cette lecture queer d’American Horror Story prend tout son sens à l’aube de sa douzième saison, qui poursuit l’exploration des corps, du contrôle et de l’angoisse intime, des thèmes profondément ancrés dans les préoccupations de la communauté queer. Elle aborde, sous un angle troublant, les enjeux liés à la maternité, à la célébrité… et à l’invisible.
La douzième saison, la plus récente à ce jour, est dès maintenant disponible sur Disney+. Inspirée en partie du roman Delicate Condition de Danielle Valentine, publié en 2023, elle a été diffusée à l’origine en septembre de cette même année. La série est d’ailleurs confirmée jusqu’à une treizième saison.