28 days later

« 28 Days Later » : être ou ne pas être un zombie, telle est la question

28 Years Later, premier opus d’une nouvelle trilogie prolongeant l’univers de 28 Days Later est sur le point de sortir en salle. Une occasion parfaite pour revenir sur le film de zombies, un sous-genre horrifique qui s’est essoufflé au cours des dernières années. D’ailleurs, il n’est guère surprenant que nos créatures cannibales favorites soient à bout de souffle. En effet, depuis plus de 20 ans, la majorité d’entre elles ont cessé d’errer lentement, le regard hagard, pour sprinter désormais à la vitesse d’un athlète olympique.

Mais les créatures de 28 Days Later sont-elles vraiment des zombies?

Night of the Living Dead 1968 poster

Des zombies, peut-être, mais une chose est sûre : ce ne sont pas des morts-vivants. Parce qu’ils courent? Pas seulement… Il est vrai que pour George Romero – dont le film Night of the Living Dead est à l’origine de ce sous-genre qu’on appelle aujourd’hui le film de zombies (et cela, bien que le mot ne soit jamais prononcé dans ses films) – une démarche lente est plus adaptée à un corps en décomposition, affecté par la rigidité cadavérique. Bon, ça paraît sensé dit comme ça… mais puisqu’on est dans le cinéma fantastique, est-ce vraiment important?

En fait, la raison primordiale pourquoi les zombies de Danny Boyle ne sont pas des morts-vivants, c’est tout simplement parce que les personnes qui sont infectées par un virus dans 28 Days Later… ne meurent pas avant de se transformer.

En effet, il suffit d’une petite goutte de sang dans un œil pour se transformer en créature enragée en quelques secondes. Un peu rapide, non? Où est passée l’atroce agonie et le dernier souffle accompagné d’un long râle caverneux lorsque la victime d’une morsure de zombie décède? Et ensuite, qu’a-t-on fait de l’effroyable terreur ressentie de voir un mort reprendre soudain vie?

Les origines du zombie sprinteur

En entrevue lors de la promotion de Trainspotting 2, Danny Boyle aurait raconté d’où lui vient l’idée des zombies sprinteurs. Selon les propos rapportés par le site Écran large, ce serait lié à une histoire qu’il aurait eue avec une danseuse de ballets. Impressionné par le corps musculeux de son amante, il se serait dit que ce serait vraiment effrayant si on donnait cette puissance aux zombies. « Avec cette force dans les bras, ils peuvent vous broyer. Ils peuvent littéralement vous démembrer », aurait-il déclaré lors de l’entrevue.

Bon, on peut effectivement imaginer à quel point ça doit être chouette de fréquenter une danseuse de ballet, mais ce n’est pas comme si l’idée d’un zombie qui court était totalement nouvelle — ce qui n’empêche que c’est grâce (à cause?) au film de Boyle que les zombies sprintent dans le Dawn of the Dead de Zack Snyder ou encore dans l’adaptation cinématographique de World War Z.

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Selon le site Nanarland, l’idée des zombies qui courent viendrait plutôt d’un film d’Umberto Lenzi datant de 1980 : L’Avion de l’apocalypse (également connu sous les noms Nightmare City, L’Invasion des zombies, ou encore City of the Walking Dead).

Ici non plus, on n’a pas affaire à des morts-vivants, bien qu’il faille tout de même leur tirer dans la tête pour les tuer. Ce sont en fait des personnes exposées à des radiations, ce qui les a rendues quasi invincibles (et cinglées), mais les force à se nourrir régulièrement de sang humain pour survivre. Pire encore : ces créatures ne font pas que courir, elles utilisent également des armes pour tuer et élaborent des stratégies d’attaque.

Des capacités que le charmant Bub adoptera cinq ans plus tard dans Day of the Dead, quoiqu’il demeure aussi lent que ses semblables dans ses déplacements.

Nightmare City - The Arrow Video Story

Hybridation, quand tu nous tiens

L’aspect zombiesque des mutants d’Umberto Lenzi reposerait apparemment sur les pressions qu’il aurait subies de la part de la production. Cette dernière aurait insisté pour que ses créatures ressemblent le plus possible aux zombies de George Romero. « Lenzi parvint à imposer certaines idées, mais ne put éviter d’en faire un film de demi-zombies », peut-on lire sur le site Nanarland.

Et si c’était justement cette hybridation entre différentes créatures qui expliquait pourquoi les zombies sont devenus ce qu’ils sont aujourd’hui?

Pandémie vampirique

L’une des inspirations majeures de George Romero serait le roman I Am Legend de Richard Matheson. Bien que ce roman — et ses nombreuses adaptations au cinéma — mette en scène des vampires, la prémisse demeure la même : une pandémie mondiale transforme les humains en morts-vivants, provoquant l’effondrement de la civilisation.

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Car, ne l’oublions pas, les vampires sont eux aussi des morts-vivants. Et même s’ils deviennent des goules mangeuses de chair dans Night of the Living Dead, les similitudes entre le film de Romero et The Last Man on Earth sont indéniables. Dans cette première adaptation du roman de Matheson, sortie en 1964 avec Vincent Price, soit quatre ans avant Night of the Living Dead, les vampires ressemblent à s’y méprendre aux futurs zombies de Romero (ou vice-versa).

Preuve que le zombie ait pris par la suite le dessus sur le vampire dans ce genre de récit postapocalyptique, il faudra attendre jusqu’en 2010 avant qu’un nouveau film véritablement efficace aborde une pandémie vampirique. Son nom? Stake Land de Jim Mikle qui n’est pas une adaptation du roman de Matheson, mais qui est beaucoup plus réussie que l’adaptation de 1971 mettant en vedette Charlton Heston (The Omega Man) et celle de 2007 avec Will Smith (I Am Legend).

Stake Land (2010) Original Trailer [HD]

Les détraqués

nuit des fous poster

Une autre influence indirecte des zombies sprinteurs vient peut-être aussi d’un film de Romero — mais de manière probablement involontaire de sa part. En 1973 sort en salle le film The Crazies (titre maladroitement traduit en France par La Nuit des fous vivants), dans lequel les habitants d’une petite ville sont empoisonnés par un produit chimique déversé dans leur réserve d’eau potable à la suite de l’écrasement d’un avion militaire. Contrairement à sa saga culte, Romero dévoile ici l’origine du mal, mais cela ne fait pas mourir les contaminés. Ils sombrent plutôt dans la démence au point de tuer leurs amis et leur famille.

Donc, contrairement aux zombies classiques, les contaminés de The Crazies (et de son remake de 2010) ne sont ni des morts-vivants, ni des créatures qui se nourrissent de chair humaine. N’empêche, le concept de pandémie qui transforme les gens en tueurs est tout de même présent et aurait inspiré Umberto Lenzi pour son film L’Avion de l’apocalypse.

Deux ans plus tard, David Cronenberg propose lui aussi un premier film relatant une pandémie, mais les personnes infectées ici le sont à cause d’un parasite créé par un savant-fou. Idée intéressante: les infectés ne sont pas obsédés par le meurtre dans Shivers, mais plutôt par le sexe. Une référence hors-sujet? Quand on visionne la scène finale où une horde de nymphomanes s’abat sur le héros, l’appartenance de Shivers aux films de zombies est évidente (à moins d’être une ou un puriste intransigeant). Et cela, c’est sans compter la présence de la comédienne Lynn Lowry qui faisait également partie de la distribution de The Crazies.

Shivers (1975) - Trailer HD 1080p

Et les démons dans tout ça?

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Les origines d’une pandémie zombiesque sont multiples. Virus, radiation, toxine, parasite, malédiction vaudoue… L’origine peut même être extraterrestre (comme dans Night of the Creeps de Fred Dekker).

Mais, les possessions démoniaques dans tout ça?

Car, bien que ce ne soient pas des morts-vivants, les deadites de la série Evil Dead flirtent vachement avec les zombies, non? Encore plus lorsqu’on pense à l’épidémie de démons qui frappe le cinéma berlinois Metropol dans le film Démons de Lamberto Bava (1985).

Pas encore convaincu?

Alors pourquoi la plupart des gens croyaient-ils avoir affaire à des zombies dans le documenteur [REC] de Paco Plaza et Jaume Balagueró? Ne découvrons-nous pas dans la suite de 2009 que c’est plutôt une entité démoniaque qui est à l’origine de l’épidémie et que les zombies sont en fait des personnes possédées — à l’instar de la petite Regan dans The Exorcist?

Comme quoi, il ne faut jamais se fier aux apparences: les films de zombies ne mettent pas toujours en scène… des zombies!

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