Jocelyn Coutu zombie © Lou Scamble

[Critique] Brain Freeze: ça a bien été

Note des lecteurs60 Notes
Points forts
Points faibles
3.5
Note Horreur Québec

Brain Freeze de Julien Knafo est une réussite. N’en déplaise à tous ceux qui ont décidé de rejeter le projet dès son annonce sous prétexte qu’au Québec, on ne sait pas faire de bons films d’horreur, le long-métrage en ouverture de Fantasia 2021 fonctionne. Honorant la tradition romeroesque de se servir de la figure du zombie pour faire de la satire sociale tout en gardant un pied dans l’humour, le film de Knafo jongle entre les tons de manière très efficace.

Alors qu’un virus transformant les humains en créatures cannibales se répand dans l’eau d’une petite île en banlieue de Montréal, les survivants doivent s’organiser. Devant l’urgence, André, un adolescent devant s’occuper de sa petite sœur, et Dan, un agent de sécurité survivaliste, se lanceront dans une enquête pour découvrir les sources de la maladie.

Brain Freeze affiche film

C’est souvent risqué de marcher sur la ligne entre comédie et horreur, car on risque de désamorcer ses effets. Pourtant, la réalité est rarement toute drôle ou toute tragique. Knafo, épaulé au scénario par Jean Barbe, l’a compris et nous offre une vision de l’apocalypse zombie réaliste et divertissante. Le choix d’inclure un clash des générations dans la relation entre ses protagonistes apporte beaucoup à ce sentiment. Parlant des personnages, on ne peut qu’applaudir les performances de Iani Bédard et de Roy Dupuis, qui portent le film grâce à leur chimie et à leur personnalité attachante. On s’identifie facilement à eux et même les quelques gags à leur dépend ne vont jamais les caricaturer. Le personnage de Bédard représentant l’avenir avec sa petite sœur, tandis que celui de Dupuis tente de sauver le peu de passé qui lui reste.

On sent l’ambition et la passion de toute l’équipe pour le projet. Bien entendu, les budgets du cinéma québécois étant ce qu’ils sont, les effets spéciaux piquent un peu parfois, mais l’ensemble est plutôt bien géré. De ce point de vue, Brain Freeze se compare très bien à ce qui peut se faire de l’autre côté de la frontière au niveau du cinéma de genre hors du circuit des blockbusters. L’humour donne également à l’ensemble une atmosphère un peu série B qui est extrêmement bienvenue. Jamais gratuits, les gags ont tous un sens qui contribuent au message du film.

Pour terminer sur ledit message, on ne peut clairement pas l’ignorer. On tire sur notre dépendance à la technologie, sur les radio-poubelles, sur nos obsessions alimentaires, sur notre rapport aux immigrants et, bien sûr, sur notre manière d’approcher la pandémie. Très explicites dans ce qu’ils cherchent à tenir comme discours, Knafo et son équipe proposent quand même une réflexion à travers les rires.

Bref, Brain Freeze est exactement le film que les premiers échos laissaient présager: un récit de zombie qui jongle entre le rire et le tragique ainsi qu’entre le passé et le futur. Parfait pour une histoire de morts-vivants.

Cette critique a originalement été publiée le 10 août 2021 dans le cadre du Festival international de films Fantasia.

Brain Freeze | Bande-annonce officielle
Horreur Québec
Ce site Web récolte de l'information via Google Analytics. Cliquez ici pour vous exclure. ?