dear david 2023

[Critique] Dear David: une publicité Buzzfeed aussi inefficace qu’embarrassante

Quiconque s’intéresse au paranormal et aux histoires de fantômes connaît Dear David. En 2017, l’auteur et illustrateur Adam Ellis, alors employé Buzzfeed, a raconté via une série de tweets la hantise qui se déroulait dans son propre appartement. Plus de quatorze millions d’internautes ont suivi l’évolution de l’affaire pendant plusieurs mois, où Adam aurait même supposément réussi à capter l’image du jeune spectre qui hantait les lieux. Ce n’était qu’une question de temps avant que son récit connaisse une adaptation cinématographique.

Adam, employé d'une célèbre société d'information et de divertissement numérique américaine (vous comprendrez de qui on parle), connaît quelques difficultés après s'être engagé dans un échange musclé avec des trolls sur ses réseaux sociaux. Ses épisodes de paralysie du sommeil sont de retour, et des événements étranges se produisent dans son appartement. Il croira bientôt qu'il est hanté par l'esprit d'un jeune garçon, visiblement décédé suite à un traumatisme crânien, prénommé David. 
Dear David affiche film

Buzzfeed Studios n’en est pas à sa première production horrifique. La jeune société de production, qui a su nous donner dernièrement The Black Demon et Fall, mise toutefois sur son nouveau Dear David (en coproduction avec Lionsgate ici) pour se concocter une gigantesque publicité très peu subtile de 90 minutes. Les logos de la société sont en effet placardés dans le plus de scènes possible alors que le scénario intègre activement le milieu de travail du célèbre média — évidemment très sein et dirigé par un parton compréhensif (comment Justin Long a-t-il pu se retrouver là?) — en plus de procurer une dimension exclusivement «Web» à la hantise.

Le récit aborde l’intimidation au temps d’Internet de façon on ne peut plus superficielle, mais ose créer un historique complet à notre cher David, le dépouillant de tout le mystère qu’il pouvait engendrer. Chaque facette du scénario utilise ainsi la présence «en ligne» de ses personnages comme catalyseur, à l’instar de l’époque FeardotCom du début des années 2000, où les scénaristes tentaient de nous mettre en garde contre ces nouvelles technologies à la mode. Pire encore, entre deux rencontres au bureau (il faut bien passer par là), Dear David tente de développer par la bande une enquête typique à la The Ring des plus anémiques et confuses, qui ne débouche sur absolument rien et surtout, ne laisse aucune place à la création d’un véritable mythe.

La réalisation de John McPhail, qui nous avait pourtant offert le sympathique Anna and the Apocalypse en 2017, est complètement inefficace. Dear David recycle visuellement non seulement tous les clichés du cinéma d’horreur surnaturel, mais également ceux des productions traitant du Web: interfaces de clavardage intégrées à l’écran et abus d’effets glitchs informatiques ringards. Trop sombres, les scènes horrifiques ne suscitent aucune tension et les jumps scare qu’on propose échouent lamentablement les uns après les autres. C’est d’autant plus triste que le matériel d’origine réussissait à glacer le sang, à coup de 140 caractères et avec simplement une poignée d’images.

La performance appréciable d’Augustus Prew (About a Boy) dans le rôle d’Adam Ellis n’est pas suffisante pour sauver ce ratage. Dear David est non seulement l’un des pires films d’horreur que l’année nous aura offerts, c’est également le genre de production sans âme qui donne mauvaise figure au cinéma d’horreur.

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de récits qui tentent de nous mettre en garde contre les méchants internets
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1.5
Note Horreur Québec
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