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Copyright Photos © Warner Bros. Pictures

[Critique] « Sinners » : quand les vampires chantaient le blues

Il faut bien l’admettre, Sinners n’est pas exempt de quelques défauts, demeure bien simple dans sa structure, et son scénario n’a pas la prétention de révolutionner quoi que ce soit. Mais le film d’horreur de Ryan Coogler (Black Panther, Creed) a une identité complètement unique, une force tranquille qui redéfinit l’œuvre en entier : sa musique, qui dicte le rythme et l’énergie de tout le reste.

C’est sur une trame de sonorités blues qu’on accompagnera Sammie (Miles Caton), fils d’un pasteur œuvrant dans une petite communauté noire du début du XXe siècle, au plus profond des États-Unis. Malgré les mises en garde de son père concernant son intérêt pour la guitare et un style musical alors associé à des tendances démoniaques qu’on ne souhaite pas fréquenter, Sammie se rapprochera des jumeaux Smoke et Stack (Michael B. Jordan), venant tout juste d’acquérir un local pour y organiser une fête mêlant danse, blues et opulence.
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Après une bonne heure d’introduction de facture plus classique, où on suivra les personnages organisant leur soirée, préparant la fête pendant qu’on les présente lentement, le film trouvera définitivement son ton alors que l’événement débutera. Une scène particulière, au milieu du film, se veut comme un coup d’envoi vers une oeuvre d’une tout autre facture, alors qu’on changera de ton de manière drastique, à la manière d’un récent Mandy, ou de façon encore plus directe, comme dans From Dusk Till Dawn, que le film semble par ailleurs émuler de plusieurs manières.

L’influence du cinéma de Tarantino semble bien présente dans Sinners, à plusieurs niveaux. Les libertés que le réalisateur prend avec la forme, son exploitation de ses personnages et de la violence – le tout se fait de manière organique, avec beaucoup de fluidité et de plaisir communicatifs.

Là où Sinners est à son plus puissant est sans doute dans son utilisation de la musique, qui est omniprésente dans le récit. Le blues émotif, bien revendicateur, de la culture noire de cette époque, est rapidement mis en contraste avec une musicalité celtique, davantage conservatrice, représentant ici un antagoniste majeur au récit, s’opposant à la fête organisée par les personnages. Et loin d’en rester à la simple opposition, les deux styles musicaux se confronteront de manière parfois subtile, d’autres fois très incarnée, tout au long du récit, dont on peut faire une lecture analytique simplement à l’aide des thèmes et inflexions utilisés dans la trame sonore. Le travail musical est impressionnant, et on aurait apprécié une recherche aussi approfondie visuellement, particulièrement en ce qui concerne l’apparence des vampires, qu’on semble avoir reléguée au second rang.

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Sinners commet tout de même quelques péchés, notamment avec sa fin, s’étirant à outrance, et une utilisation surabondante de flashbacks afin d’exprimer les états d’âme de ses personnages. Le film aurait gagné à être réduit et en arriver à l’essentiel dans son dernier acte. Mais ces quelques accrocs n’enlèvent absolument rien à l’audace de la mise en scène et à l’inventivité de l’ensemble.

Fondamentalement, Sinners n’a rien de novateur, mais l’importance accordée à la musique, qui déteint sur tous les autres aspects de la mise en scène, est suffisante pour faire du film un objet à part, qui se démarque du lot et en vaut le détour.

Note des lecteurs1 Note
Pour les fans...
4
Note Horreur Québec

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