Maintenant disponible en vidéo sur demande sur plusieurs plateformes (YouTube, Prime Video, Apple TV), le faux documentaire (mockumentary) Strange Harvest fait officiellement partie de ces films dont on parle peu, mais qui méritent grandement d’être découverts. Le réalisateur n’est nul autre que Stuart Ortiz, membre du duo The Vicious Brothers, à qui l’on doit le found footage Grave Encounters. Animé, une fois de plus, par le désir de donner vie à une histoire à travers le prisme de l’horreur captée sur le vif, Ortiz tisse ici un récit à partir d’extraits vidéo, d’entrevues, de séquences de nouvelles télévisées, de plans aériens et d’autres pièces à conviction qui nous entraînent dans une sordide histoire de meurtres en série.
Habilement ficelé pour nous tenir en haleine jusqu’à la toute fin, Strange Harvest arrive à point nommé dans une ère où les documentaires sur les actes d’êtres malveillants connaissent un fort engouement. D’un réalisme troublant, le film brouille la frontière entre le vrai et le faux, nous amenant à douter — et à redouter — que de tels événements puissent réellement survenir dans notre monde.
Les détectives Joe Kirby et Lexi Taylor reviennent sur l’enquête qu’ils ont menée pour parvenir à mettre la main sur « Mr. Shiny », un tueur en série insaisissable ayant commis une série de meurtres sur une période de trois décennies dans la région de l’Inland Empire, en Californie.
Le film s’ouvre sans nous ménager sur une première scène qui nous annonce immédiatement que le meurtrier auquel nous avons affaires ne fera preuve d’aucune retenue. D’emblée, les limites de ce à quoi le spectateur peut s’attendre sont repoussées et l’histoire ne fait que commencer…
Rythmée par les entrevues menées principalement avec les deux policiers responsables de l’enquête (interprétés avec une authenticité saisissante par Peter Zizzo et Terri Apple), l’intrigue avance avec une précision maîtrisée, distillant juste assez d’informations pour entretenir une tension constante et un irrépressible besoin d’en savoir plus. Aucun temps mort, aucun répit : nous sommes happés dans une course contre la montre dont l’issue demeure incertaine jusqu’à la toute fin.
Dès les premières scènes de crime, on comprend que Mr. Shiny agit sous l’emprise de croyances occultes qui nourrissent ses meurtres. Peu à peu, l’enquête révèle un lien avec une ancienne entité cosmique et un alignement planétaire ne se produisant qu’une fois tous les 800 ans. Sur chaque lieu du crime, un symbole triangulaire marque sa présence, tandis qu’une série de lettres envoyées aux autorités confirme que le tueur ne mettra fin à son règne de terreur qu’une fois son rituel accompli.
Cet aspect ésotérique reste toutefois en toile de fond, sans jamais prendre le pas sur le récit principal — un choix judicieux qui évite de faire basculer l’histoire dans le fantastique et maintient la tension policière intacte. Le mystère persiste, mais se teinte d’une étrangeté fascinante qui enrichit l’ensemble.
Tel que mentionné plus haut, le film frappe par son réalisme troublant, qui nous pousse à craindre que de tels crimes puissent être commis tout près de chez nous. Grâce à des effets spéciaux pratiques convaincants, illustrant avec froideur les ravages de la « boucherie » du tueur, Strange Harvest s’adresse clairement à un public averti, et sans doute moins à celles et ceux qui ont le cœur (ou l’estomac) sensible.
Comme dans toute histoire réelle qui baigne dans le sordide et le sinistre, le générique de fin n’apporte pas de véritable réconfort, et les événements survenus demeurent bien ancrés dans notre imaginaire. Dans le cas de Strange Harvest, on peut au moins se dire que l’histoire a été fabriquée de toutes pièces… Mais encore…
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