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[Critique] The Killer: confessions d’un tueur au sang froid

Le réalisateur américain David Fincher accumule plusieurs films à succès sous son chapeau tels que Seven, Fight Club, The Social Network ou Gone Girl, pour en nommer quelques-uns. The Killer, son plus récent projet, est une adaptation cinématographique d’une bande dessinée française du même nom, par l’auteur Matz et l’artiste Luc Jacamon paru en 1998. Rempli de suspense et de péripéties criminelles sanglantes, le film entre dans la catégorie du néo-noir, une résurgence du genre film noir axée sur une atmosphère sombre et mystérieuse rappelant la nostalgie du style des années 50.

Un tueur à gages (Michael Fassbender) rate une mission importante. Son erreur lui coutera cher et le mènera dans une chasse à l’homme laborieuse et orchestrée au détail près. Il voyagera de pays en pays afin de se venger, ou plutôt mettre en garde quiconque osant le remettre en question.

La routine du tueur

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Dans une ambiance qui relève tout droit d’une toile d’Edward Hopper, le premier chapitre de The Killer se déroule à Paris. Juché dans un local vide, le tueur, pour qui le nom véritable n’est jamais révélé en laissant comprendre que sa fonction d’assassin est le noyau de son identité, attend patiemment sa victime. À la American Psycho, l’homme maintient une routine extrêmement rigoureuse, et par le biais d’une narration grave issue de son monologue interne, il vante son procédé méthodique comme étant la clé du succès pour ce métier. En effet, l’homme se laboure le crâne de proverbes et mantras inspirants comme «Anticipe, n’improvise jamais» ou «L’ empathie est une faiblesse», qui laissent entrevoir sa rationalité presque maladive, à la limite de la sociopathie. Il calcule ses battements cardiaques, ses différentes fausses identités, son hygiène de vie et sa trace technologique au point de la paranoïa. Sans équivoque, le tueur est une figure froide et perfectionniste qui traite la mort comme un point à cocher dans sa liste de tâches.

Fincher réussit à illustrer l’état d’attente, d’ennui et de solitude qui vient avec le rôle d’assassin, une perspective plutôt unique qui positionne l’acte de violence comme une banalité quotidienne et même futile. Avec l’attente vient l’appréhension: le spectateur observe le souffle court les préparatifs puis la pointe du viseur jusqu’à l’acte fatidique. Au moment où cette formule de redondance commence à s’essouffler, on entre enfin dans le vif de l’action. Coup de théâtre, il échoue son objectif.

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Le combat du tueur

Dans l’industrie du crime, on paie cher pour nos maladresses. Le protagoniste l’apprendra bien vite lorsqu’on s’attaquera à ses êtres chers dans son refuge, plutôt luxueux, caché en République dominicaine, lieu prédominant du deuxième chapitre. Suite à l’assaut-surprise, il déploiera toutes ses techniques de traqueur, afin de retracer ses persécuteurs.

On comprend assez rapidement que le long-métrage est divisé en six chapitres qui ont pour titres les lieux où se déroule l’action: Paris, République dominicaine, La Nouvelle-Orléans, Floride, New York et Chicago. Ici, les déplacements constituent l’essence du narratif et, par le fait même, la vie du tueur. Cette organisation en chapitres reflète similairement les étapes méticuleuses entreprises par celui-ci afin de venger son honneur ou pour protéger les siens. Effectivement, son motif reste flou et contradictoire. Alors qu’il clame constamment être dépourvu de toute émotion humaine, qu’est-ce qui alimenterait donc la rage meurtrière dont il est saturé? Avec ce personnage impénétrable, David Fincher questionne existentiellement le rôle du tueur à gages au cinéma, qui d’ordinaire, ne se remet jamais en question par introspection. Le spectateur a alors l’impression d’assister à un éternel combat contre l’émotion.

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Une exécution sans failles

Difficile de trouver des lacunes à The Killer, qui est exécuté adroitement autant dans la cinématographie que sur le plan narratif. La performance de Michael Fassbender tient la route avec son style ténébreux à la James Bond et son jeu physique agile. On y rencontre également d’autres personnages, interprétés par des acteurs tout aussi talentueux, comme Tilda Swinton et Charles Parnell, mais qui sont promptement oubliés à la mesure du contexte.

Essentiellement, il s’agit d’un film lent, qui prend son temps pour s’installer, mais qui réussit à briller dans ce format en apportant un vent de changement dans la catégorie des films d’action modernes, loin des œuvres spectaculairement explosives, rapides et mettant en vedette Dwayne «The Rock» Johnson. Et c’est bien comme ça.

The Killer arrive en salle ce vendredi 27 octobre et sera disponible chez Netflix le 10 novembre prochain.

Note des lecteurs1 Note
Pour les fans...
de films néo-noirs
de films de tueurs à gages
de voix sombres et rocailleuses à la Batman
3.5
Note Horreur Québec
Horreur Québec