[Critique] « The Ritual » : un exorcisme qui ne fera pas tourner les têtes

L’exorcisme de la jeune Emma Schmidt, au début du XXe siècle, a été grandement médiatisé à son époque, ayant même fait l’objet du livre Begone Satan! en 1935. Les questionnements éthiques ayant entouré le cas de cette femme qu’on disait possédée par le Démon, mais qui aurait tout aussi bien pu être la victime de troubles d’ordre psychiatrique ou neurologique, sont en effet matière à exploration. C’est ce que le réalisateur David Midell tente d’explorer dans The Ritual, intrigue inspirée par le fameux exorcisme qui serait, selon ses dires, le plus documenté de l’histoire américaine.

Dans l’Iowa de 1928, le Père Joseph Steiger (Dan Stevens), prêtre progressiste, se voit confier la responsabilité d’Emma Schmidt (Abigail Cowen), une jeune femme qu’on croit possédée par des forces surnaturelles. Bien qu’il soit d’abord réticent à l’idée, prétendant que la victime bénéficierait davantage d’un accompagnement par la médecine moderne que d’une intervention de l’Église, l’homme de foi devra tout de même assister le Père Theophilus Reisinger (Al Pacino), prêtre de l’ordre des Capucins, dans une série de rituels tous plus angoissants les uns que les autres, où l’on tentera de libérer Emma du mal qui l’habite.

Le film s’articule donc autour de ces séances d’exorcisme, où les divergences éthiques représentées par les deux hommes seront mises à l’épreuve. Au fur et à mesure que les expérimentations se poursuivent, des religieuses sont blessées, et Steiger commence à être pris d’hallucinations qui envahissent son être jusque dans ses tâches quotidiennes. Mais l’angoisse et l’horreur vécues par les personnages ne sont malheureusement pas transmises au spectateur à leur plein potentiel, puisqu’elles se heurteront bien vite à une technique défaillante et un scénario assez maigre.

Dans le film, David Midell opte pour une réalisation presque documentaire qui assume un côté amateur, autant dans ses cadrages qu’avec sa caméra à l’épaule, persistante et très intrusive. Si le style nerveux peut se montrer efficace lors des nombreuses scènes d’exorcisme où la tension et le sentiment de confusion sont bien transmis par le travail à la caméra, on n’en voit pas l’utilité dans les longues séquences où les membres de la communauté religieuse débattent de leur position face à la situation. Ces quelques moments de répit permettent par ailleurs de constater les nombreux écueils techniques du film, autant dans un montage manquant de fluidité que dans un découpage des scènes qui semble fait à la va-vite, si bien que la caméra se retrouve à traverser l’axe à plusieurs reprises. Ces spécificités, bien que pouvant passer inaperçues pour certains, font malheureusement décrocher d’une intrigue déjà bien mince.

La distribution du film atténue tout de même ses maladresses formelles. La performance impressionnante d’Abigail Cowen, qui se démarque du lot, n’écarte pas une certaine lassitude face à l’utilisation des clichés les plus conventionnels des films d’exorcisme. Les cinéphiles en quête de sensations fortes ne trouveront pas leur compte dans les séquences ritualistiques qui, bien que réussies (particulièrement la toute dernière), se contentent de suivre un sentier battu depuis belle lurette.

Au final, le film ne propose que très peu d’idées novatrices dans le genre, alors que la porte était ouverte et que la table était mise pour une confrontation intéressante entre l’Église moderne et conservatrice, qui aurait pu dynamiser The Ritual et lui donner un second souffle.

Ne manquez pas notre entrevue exclusive!
Notre auteur Matthieu Côté s’entretient avec le réalisateur David Midellet et l’actrice Abigael Cowen à propos de leur nouveau film The Ritual.