Sorti en vidéo sur demande sur plusieurs plateformes, Traumatika tire bien son épingle du jeu dans le genre horrifique. Sa prémisse, somme toute connue, est transposée à l’écran à travers une imagerie répugnante à souhait (images disponibles sur le Web à l’appui!).
Réalisé par Pierre Tsigaridis (Two Witches, I Who Have No One), le film s’inscrit dans la lignée de l’œuvre du cinéaste, qui aime plonger le spectateur dans un étourdissant manège où il faut s’accrocher… pour ne pas décrocher.
On embarque ou on passe notre tour?
Une entité démoniaque est libérée lorsqu’un homme ouvre un artefact trouvé lors d’une fouille archéologique. S’ensuit une série d’événements sinistres, où les victimes doivent répondre aux requêtes de cet esprit malveillant pour espérer briser la malédiction.
Entrée côté sombre
La mise en bouche de Traumatika ne pourrait pas mieux correspondre aux attentes des amateurs du genre. L’intrigue s’amorce dans un décor putréfié, au cœur d’une mise en scène inquiétante où une victime tente désespérément d’échapper à un être humainement dénaturé. Ce jeu de cache-cache anxiogène alterne entre le point de vue de celle ou celui qui cherche refuge et une exploration des lieux où le danger rôde à chaque recoin. Après cet engouement initial, qui nous laisse croire que nous avons affaire à une œuvre prête à repousser les limites sans retenue, le film prend soudain un pas de recul pour dévoiler le pourquoi du comment nous en sommes arrivés là.
Tel que mentionné précédemment, l’histoire sur laquelle repose Traumatika n’a rien de particulièrement original. Un objet nébuleux, découvert lors d’une fouille archéologique, tombe entre les mains d’un personnage insouciant, qui choisit d’ignorer les avertissements et en subit les conséquences désastreuses — la fatalité d’un mauvais choix. Ce qui s’ensuit vient expliquer les raisons derrière le jeu du vilain chat et de la souris aperçu au tout début. Ces révélations, à la fois éclairantes et troublantes, font basculer le récit dans une direction encore plus dérangeante, nous entraînant vers un recoin plus sombre qu’au départ…
L’enfer ouvre alors une nouvelle brèche, et nous tombons plus profondément dans les flammes.
Sortie côté plat
Malheureusement, la lancée s’interrompt abruptement lorsque l’action se projette plusieurs années plus tard. Une fois encore : du déjà-vu remis sur le feu. Un personnage ayant survécu conserve les traces écrites des événements passés. Invitée à une émission de variétés, elle se retrouve confrontée à son passé dans une mise en scène peu crédible, voire caricaturale, où l’idée maîtresse du film — jusque-là solide — commence à sombrer en eaux troubles. Le ton change alors radicalement, passant du lugubre et répugnant au risible et sans intérêt. Alors que les films du genre amorcent souvent lentement leur ascension avant d’exploser dans un dernier quart percutant, Traumatika fait l’inverse : il s’essouffle, change de personnages et de décor, donnant l’impression de regarder deux films distincts reliés par un fil bien mince.
Il est rare de dire cela, mais si vous souhaitez vous divertir un moment, profitez des trois premiers quarts du film et abaissez légèrement vos attentes pour la fin afin de ne pas tomber de trop haut. Savourez la première heure avec son jeu d’acteurs compétent — en particulier Rebekah Kennedy (Two Witches), qui parvient à la fois à nous briser et à nous lever le cœur. Surfez cette montée d’adrénaline… vous aurez alors tout le temps de relâcher la tension et d’expirer doucement pendant que le film perd peu à peu son souffle.
