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[Fantasia 2017] « Le problème d’infiltration » : folie passagère

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Pour les fans...
3.5
Note Horreur Québec

Louis (Christian Bégin, La loi du cochon), chirurgien esthétique auprès de grands brûlés, a tout pour réussir : une belle grosse maison, une épouse aimante, un enfant docile et une brillante carrière. Jusqu’au jour où tout bascule. Une suite d’événements le poussera à bout et déclenchera sa descente aux enfers.

L’entièreté du film de Robert Morin (Le Nèg’, Requiem pour un beau sans-coeur) repose sur la performance magistrale de Christian Bégin qui nous fait vite oublier son rôle d’animateur avec une coupe de vin à la main. Son jeu, tout en nuance, est extrêmement crédible. L’acteur incarne à merveille un homme narcissique et contrôlant, qui peu à peu sombre vers la folie. Plusieurs verront une ressemblance avec le personnage de Jack Torrance du film The Shining. L’acteur réussit de manière remarquable à faire vivre aux spectateurs toute l’angoisse et la détresse de son personnage. Le réalisateur vient appuyer ce sentiment avec des effets sonores amplifiés et agressants : un système d’alarme retentissant à plusieurs reprises ou une sirène des services d’urgence viennent accentuer le sentiment anxiogène, autant auprès du personnage fictif que pour celui qui regarde la scène.

Le problème d’infiltration débute en lion avec la scène du chirurgien et de son patient Paul Turcotte (Guy Thauvette, Un dimanche à Kigali). Le dévoilement du visage brûlé de ce dernier est d’un réalisme qui donne froid dans le dos. Le travail au niveau du maquillage est fort réussi et digne du talent auquel le cinéma d’horreur nous a habitués. La scène, qui au départ est remplie de compassion et d’empathie, prend une tournure inattendue et met le chirurgien dans une situation qui devient vite inquiétante.

Lamaisondeprod 2017 juil. 06

Morin opte pour un rythme lent pour instaurer une ambiance angoissante. Et c’est malheureusement là, le problème: la lenteur. À part quelques moments marquants, dont une relation sexuelle dérangeante du couple, la dernière partie devient plutôt ennuyeuse et le film, d’une durée de 90 minutes, en paraît beaucoup plus long. Morin ne semble pas être allé au bout de son idée, ce qui peut en devenir frustrant.

L’interprétation de la femme de Louis détonne par rapport au jeu de Bégin. Non pas qu’elle soit mauvaise, bien au contraire, mais Sandra Dumaresq (Nouvelle adresse) aurait eu tendance à jouer un peu moins gros à certains moments. Lors de la scène dans la douche, son jeu ne parvient pas totalement à faire ressentir l’émotion qui est censée s’en dégager. Par ailleurs, il aurait été intéressant d’en apprendre plus sur la relation père-fils: on aurait pu alors ressentir davantage d’empathie envers les personnages qui entourent Louis.

La finale, visuellement impeccable et filmée en un long plan-séquence, laisse beaucoup de place à interprétation, mais ne déçoit toutefois pas. De plus, l’audace de Morin d’offrir un produit différent dans la sphère du cinéma de genre québécois est admirable. Dommage cependant que le résultat au final ne fasse qu’effleurer le sujet de la psychose. Tous les éléments sont pourtant en place pour donner un excellent film: l’interprétation de Bégin et le talent indéniable de Morin. Il ne manquait qu’une petite étincelle pour que la magie opère.

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