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Le meilleur de l’horreur 2022: les choix des rédacteurs d’Horreur Québec

N’écoutez pas les charlatans qui vous diront le contraire: 2022 est une année exceptionnelle pour le cinéma d’horreur! Après deux années de vaches maigres liées aux contraintes orchestrées par la pandémie, exit les huis clos intimistes forcés qui surpeuplaient nos plateformes de vidéo sur demande. De l’horreur grandeur nature, on en a eu, et même plus qu’à l’habitude.

En effet, c’est assez exceptionnel d’avoir connu une année où plusieurs de nos boogeymen classiques préférés — Ghostface, le Predator, Leatherface, Chucky, le clown Art, Michael Myers, Pinhead, même les vampires d’Anne Rice — ont pu nous rendre à nouveau visite en l’espace de quelques mois. Les critiques ont même donné lieu à des débordements passionnés sur nos réseaux sociaux (dans nos quartiers, on surnomme l’événement Le terrible Halloween/Terrifier gate d’Horreur Québec). On vous entend. Ça arrive que nos opinions divergent de la masse et news flash: ça va encore arriver.

Mais ajoutez à ces monstrueuses valeurs sures pour les studios la masse de titres originaux excitante (Ti West, c’est à toi qu’on s’adresse) qu’on a connue, et vous obtiendrez effectivement une année assez grandiose. Même David Cronenberg nous a offert un retour aux sources surprise! Mais les Stranger Things 4, Wednesday, Dahmer et autres Troll qui dominent les classements Netflix sont effectivement là pour nous prouver que l’horreur et le fantastique sont plus en demande que jamais. Pour le futur, il s’agit d’une excellente nouvelle.

En cette saison des rétrospectives, notre équipe de rédaction vous partage ses coups de cœur cinéma des douze derniers mois:


Les Innocents

Le choix de Marc Boisclair

Dangereux, provocateur et audacieux: Les Innocents (De uskyldige) est le meilleur film d’horreur qu’encore trop de cinéphiles n’ont pas vu en 2022. Avec son deuxième long-métrage, le Norvégien Eskil Vogt (lisez notre entrevue avec le cinéaste) offre un regard neuf sur le concept de l’enfance finalement pas si innocente, quelque part entre le thriller horrifique classique d’enfants violents et le film de superhéros. L’ingéniosité avec laquelle le cinéaste nous rend complices des gestes de ces gamins troublés (et troublants!) en nous soumettant leur point de vue s’avère terriblement anxiogène, et Les Innocents métisse les genres pour offrir univers riche aux possibilités infinies.

The Innocents image film

Nope

Le choix d’Élise Lucie Henripin

Jordan Peele nous a livré son œuvre la plus ambitieuse et spectaculaire avec Nope, un western d’horreur et de science-fiction qui n’est pas sans rappeler les superproductions de Steven Spielberg, mais aussi le cinéma de M. Night Shyamalan et Christopher Nolan — c’est d’ailleurs Hoyte Van Hoytema (Dunkirk, Interstellar) qui signe la direction photo, où les paysages majestueux et le fameux Spielberg gaze s’opposent à des moments purement anxiogènes. Nope est une œuvre sur le cinéma et le divertissement qui capture à merveille l’excitation de faire un film tout en se demandant comment rester pertinent dans une industrie changeante qui carbure au sensationalisme, une question aussi bien amenée par l’héritage du ranch d’OJ et d’Emerald que le musée des horreurs de l’ex-enfant-star Jupe. Comme la Gorgone, la créature de Nope en est une qu’il ne faut pas regarder… un pari impossible pour les personnages et les spectateurs fascinés par une telle vision, eux qui ont été conditionnés par les émotions fortes et le money [Oprah] shot.

Nope Ben Non image film

Smile

Le choix de Jean-François Croteau

J’ai été particulièrement impressionné par Smile. L’originalité du scénario vient du fait qu’on tient pour acquis que chaque personne étant témoin d’un suicide aussi sauvage aurait toutes les raisons du monde d’être mentalement traumatisée. C’est par cette porte toute simple que le cinéaste Parker Finn va disséquer de nombreux préjugés entourant la maladie mentale, la dépression et l’anxiété. L’exercice est d’autant plus intéressant qu’il le fait à travers un personnage de thérapeute au passé trouble, très consciente que personne ne la croira. Sosie Bacon est magistrale dans ce rôle et son jeu nuancé apporte beaucoup au film. Effrayée par ses visions et la peur de passer pour folle, on sent aussi une part de doute dans son regard. On nous présente une femme qui comprend la perte de repères rationnels et qui s’accroche à une idée surnaturelle pour ne pas y faire face.

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Hellraiser

Le choix de Raphaël Boivin-Fournier

S’il y a une saga d’épouvante classique qui avait besoin d’un reboot, c’était bien Hellraiser. Après un déluge de suites pathétiques en direct to DVD durant les années 2000, la franchise était devenue l’ombre d’elle-même. Enfin on a eu droit à une suite digne de l’imagination morbide et fascinante de Clive Barker. Enfin on s’est donné le temps et les moyens de produire un film esthétiquement et formellement travaillés avec les cénobites. Enfin la saga s’offre une nouvelle jeunesse! Espérons seulement que celle-ci passe du streaming au grand écran pour la suite.

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Men

Le choix d’Annaëlle Winand

Men d’Alex Garland est sorti en mai 2022. Sept mois après, il continue de me hanter… tout autant que de nourrir des discussions animées avec mes collègues et ami.e.s (qui a dit «disputes»?). Viscéral, contemplatif, immersif et terrifiant, Men est surtout bien plus réaliste que certain.e.s critiques ne semblent le présenter. Reposant sur les codes du folk horror, le film se déploie comme un angoissant portrait contemporain des rapports de genre. Un film résolument ancré dans son époque, avec des performances remarquables de la part de Jessie Buckley, Rory Kinnear et Paapa Essiedu.

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X

Le choix de Chloé Leclerc-Gareau

S’il y a une chose qu’on peut dire, c’est que Ti West sait se réinventer. Avec X, qui met en vedette la fabuleuse Mia Goth, on plonge dans un décor texan, qui n’est pas sans rappeler celui de The Texas Chainsaw Massacre, pour un slasher haut en couleur qui ne laisse personne indifférent. Le réalisateur s’adresse aux amoureux de l’horreur avec son humour tordu et ses répliques mémorables, tout en traitant de sujets tantôt tabous, tantôt controversés. Évidemment, difficile de ne pas aussi parler du jeu parfait de Mia Goth et de son personnage de Maxine, qui captive l’attention. On en veut plus! Bref, presque deux heures de pur plaisir.

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Pearl

Le choix de Kristof G.

Quelle claque que fut cette perle. Non mais vraiment. Pearl est un film aussi beau que malaisant. Aussi fin que brutal. Aussi naïf que désillusionné (au final). En un mot: puissant. Avec des performances bluffantes, avec en tête la redoutable Mia Goth. Ça relèverait de l’euphémisme le plus éhonté de mentionner qu’on a foutrement hâte de voir MaXXXine (prévu pour 2023), alors que le réalisateur cinéphile Ti West clora ce magnifique triptyque amorcé plus tôt cette année (!) avec X. On se croise les doigts!

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Halloween Ends

Le choix de Daniel Leblanc

Après Kills, le fan d’Halloween en moi attendait Halloween Ends avec autant d’impatience que de réticence. Malgré ce qu’on en dit, David Gordon Green a su livrer la marchandise en offrant beaucoup plus qu’un simple slasher avec la conclusion de sa trilogie. Ends est aussi un drame. Celui d’une ville meurtrie par son passé, qui n’arrive pas à se remettre de ses blessures et qui vit dans la peur constante d’un retour de Michael Myers. Ce n’est plus qu’à propos de Laurie et de sa rivalité avec le boogeyman: ici c’est Haddonfield au complet qui est infectée par le mal. Avec des meurtres plus que satisfaisants, une bande sonore à en donner des frissons et un aspect humain encore plus présent que dans n’importe quel autre titre de la série, Ends est la conclusion parfaite à la franchise ainsi que l’épilogue escompté pour Laurie, la vraie final girl.

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Scream

Le choix de Simon Lefebvre

Nous avons dû attendre quelques semaines de plus au Québec avant de voir le dernier Scream en raison du confinement. L’attente en aura toutefois valu la peine! Après s’être caché des divulgâcheurs pendant presque un mois, le retour en salle pour voir Ghostface en aura été l’un des plus divertissants de l’année pour moi. À la réalisation, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett arrivent à rendre hommage avec brio au tout premier film et à Wes Craven, mais réussissent aussi à nous présenter quelque chose de frais. Les nouveaux personnages sont attachants et les meurtres sont assez gore. Les apparitions de Neve Campbell, Courteney Cox et David Arquette ajoutent un brin de nostalgie à l’ensemble. Je compte déjà les jours jusqu’au 10 mars pour voir la suite!

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Barbarian

Le choix d’Anne Dauphinais

Enfin un film qui a réussi à me faire me recroqueviller sur mon siège! Avec la prémisse peut-être déjà vue de psychopathe charmant, Barbarian frappe de plein fouet avec un tournant abrupt. Les yeux rivés à l’écran, on craint le premier un piège à ours. À chaque pas, on anticipe le moment où on mettra le pied dedans… Mais soudainement… on tombe dans un trou! Brillamment scindé en deux parties qui s’entrechoquent (dont une mettant à l’écran un aguerri de l’horreur: Justin Long), le premier long-métrage de Zach Cregger offre une dose intense de stress, pour ensuite proposer une accalmie qu’on sait pertinemment passagère et donc insupportable. Après le beau temps, le torrent… et nous voici replongés dans le tumulte d’une histoire terrorisante qui nous maintient à bout de souffle jusqu’à la fin. Je me rappelle m’être dit: «WOW! OK WOW!» au moins vingt fois au cours du reste de la soirée! À voir, à voir, à voir! Mais pour celles et ceux qui l’ont déjà vu… Chhhhhhut! Ne dites rien et laissez les nouveaux venus regarder dans la mauvaise direction.

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Skinamarink

Le choix de Miguel De Plante

Le premier long-métrage de Kyle Ball n’est pas encore facile d’accès, autant dans sa mise en scène que de manière concrète, puisqu’il ne fera son entrée au Cinéma du Parc et sur Shudder qu’en 2023. Mais les cinéphiles à la recherche de vrais frissons et d’un sentiment d’angoisse rarement égalé au cinéma seront ravis. On y présente deux enfants de moins de 10 ans, qui, pendant la nuit, réalisent que les fenêtres de la maison ont disparu, que les portes s’effacent, et que papa et maman ne sont pas comme d’habitude. Le film privilégie de longs plans statiques, préférant le sentiment de peur face à l’inconnu qu’on a tous connu, étant enfants, et qui est parfaitement reproduit ici. La mise en scène est lente, différente, nécessite qu’on prenne le temps de s’y installer, mais l’expérience en vaut le coût.

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Speak No Evil

Le choix de William Daigle Babin

Comme si 2022 n’avait pas déjà été assez rough, mon coup de cœur horrifique de l’année est un film feel bad. Tu te sens joyeux, tu crois en la bonté et la gentillesse entre humains? J’ai la solution: une petite satire danoise bien sombre. En vacances dans la Toscane, deux familles, une danoise et l’autre néerlandaise, se rencontrent et cliquent. Plus tard les Néerlandais invitent les Danois à passer un moment chez eux en campagne. Peu à peu les retrouvailles deviennent malaisantes, désagréables puis terrifiantes. J’adore être malaisé au cinéma (Happiness de Todd Solondz et les films de Yorgos Lanthimos viennent en tête) et ce film m’a profondément captivé du début à la fin. Je n’étais absolument pas prêt pour la finale qui m’a crevé le cœur. Je suis toujours heureux de voir des films de provenance étrangère avoir un certain succès et celui-ci était grinçant et excellent!

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Le «meilleur pire» film de l’année:
Birdemic 3: Sea Eagle

Le choix de Donald Plante

Pourquoi choisir le meilleur de l’année quand on peut choisir le pire? Avec L’horreur de B à Z, il fallait parler du meilleur nanar de l’année. Il était difficile de s’arrêter sur un seul titre parmi tous ceux qu’on a vus, mais avec Birdemic 3, on ne peut pas se tromper: des acteurs qui ne savent pas jouer, une histoire décousue, des scènes vides et longues, des incohérences, du CGI pitoyable… que demander de plus? Un vrai film tellement mauvais que c’en est bon. À surveiller lors de sa sortie chez Severin Films pour une soirée remplie de rires assurés.

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