les chambres rouges

[Littérature] Plongée dans l’obsession avec le scénario de « Les chambres rouges »

Ne mentez pas : on a tous et toutes déjà bingewatché une série télé de true crime en se disant : « OK, un dernier épisode… » avant d’enchaîner les cinq suivants à deux heures du matin. Avec le scénario du long métrage Les chambres rouges de Pascal Plante (réalisateur et scénariste québécois), publié chez les Éditions Somme toute, c’est un peu ça — mais tu tournes les pages au lieu d’appuyer sur play. En lisant le scénario, on comprend vite qu’on n’est pas devant une histoire de tueur en série comme les autres…

Si vous cherchez une histoire troublante, captivante et mystérieuse, vous avez trouvé votre prochaine lecture.

Kelly-Anne, une femme isolée et vivant dans son petit monde de technologie, passe ses nuits au Palais de justice de Montréal afin de pouvoir assister au procès médiatisé et connu de Ludovic Chevalier, le « démon de Rosemont ». Les accusations : avoir tué et torturé trois adolescentes et avoir diffusé leur meurtre sur le dark web, ou plutôt dans les « chambres rouges ». Cette femme est obsédée par ce procès, mais pourquoi?
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Ce qui frappe le plus lors de la lecture du scénario de Les chambres rouges, c’est le choix audacieux de Pascal Plante de ne pas avoir centré l’histoire sur le tueur lui-même. Contrairement aux classiques du genre où toute l’intrigue gravite autour du criminel, ici, il reste presque en arrière-plan — il est là, on le mentionne, mais il ne dit rien, il ne fait rien. Ce sont plutôt les proches des victimes et les « killer groupies » qui occupent le cœur du scénario (comme avec Ted Bundy et Richard Ramirez, par exemple). Ce déplacement du point de vue modifie notre regard sur la situation et rend l’ensemble profondément dérangeant.

Dérangeant, c’est justement un mot qui revient souvent en lisant ce scénario. L’ambiance est lourde, on s’y sent étouffé·e·s, particulièrement dans le passage où les familles visionnent les vidéos des adolescentes retrouvées sur le dark web. Lors de cette scène, on suit la protagoniste Kelly-Anne qui n’est même pas présente dans la salle d’audience, et pourtant, avec les détails, elle prend à la gorge.

Et puis, il y a Kelly-Anne elle-même : on ne sait pas trop quoi penser d’elle. Elle est intrigante et mystérieuse. On a du mal à comprendre ses actions, à la cerner. Elle est fascinée par le procès, elle s’y rend chaque jour, mais on sent qu’il y a autre chose. Une proche de l’une des victimes ? Une sympathisante du meurtrier ? Une simple spectatrice obsédée ? Ce flou autour de son personnage, ce tiraillement intérieur qu’on perçoit sans jamais vraiment savoir si elle penche vers les victimes ou vers le « démon de Rosemont », crée un certain malaise — et surtout, le désir de savoir qui elle est réellement. On continue à lire en espérant avoir des réponses, mais Pascal Plante ne les donne jamais clairement. Il nous laisse dans le doute — et ça, c’est brillant.

Enfin, les notes du réalisateur insérées dans le scénario ajoutent une belle richesse à la lecture. On découvre des scènes coupées ou modifiées, des intentions de mise en scène, la signification de certains prénoms, etc. Ces annotations viennent enrichir l’expérience, comme si l’on accédait aux coulisses de la création.

«  Motivée par des fantasmes de plus en plus morbides, elle tentera par tous les moyens de mettre la main sur l’ultime pièce du puzzle : la vidéo manquante…  »

Bref, Les chambres rouges de Pascal Plante, c’est le prochain film sur ma liste et le scénario, le prochain sur la vôtre!

À lire ou relire pour l’occasion : redécouvrez notre entrevue avec Pascal Plante autour de Les chambres rouges, un film à contre-courant du true crime classique.

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de littérature québécoise
d'histoires troublantes
4.5
Note Horreur Québec

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