seth a smith the crescent

Rencontre avec le cinéaste canadien Seth A Smith pour son dernier film «The Crescent»

Seth A Smith est un cinéaste, artiste visuel, et musicien, vivant en Nouvelle-Écosse. Après le succès inattendu de son premier film Lowlife, son second long-métrage, The Crescent, prenait l’affiche cette semaine. Horreur Québec a eu un entretien très amical avec l’artiste humble et sympathique:


TheCrescent posterHorreur Québec: Quand on voit le logo de Raven Banner associé à un film, on s’imagine un film d’horreur indépendant. En regardant The Crescent, on se trouve davantage face à un mélodrame matinée d’épouvante. Est-ce que quelque part, ça ne peut pas être un piège pour ne pas y trouver le bon public?

Seth A Smith: Nous en étions conscient. J’aimais l’idée de réaliser un film avec une plage hantée, mais ce n’est pas un long-métrage avec une présentation traditionnelle. Certains fans d’horreur adorent, d’autres pas du tout.

HQ: Votre personnage tente de traverser sa dépression par l’art. Diriez-vous que c’est possible?

SAS: Absolument: c’est d’ailleurs ce que j’ai fait. Parfois, ça peut aider à faire sortir les émotions qui se bousculent dans notre poitrine. De mon point de vue, que ce soit par le cinéma ou la musique, c’est thérapeutique.

HQ: Vous avez aussi écrit la musique pour The Crescent, en plus de le réaliser. Qu’est-ce qui vous a amené à vouloir composer également la trame sonore?

SAS: Je suis dans un groupe de musique rock qui s’appelle Dog Day. On dit souvent que la musique fait un film à cinquante pour cent. Je suis devenu un peu «control freak» simplement. La musique manipule les sentiments des spectateurs pour tenter de les amener vers une émotion. La composer n’est pas si éloignée en ce sens que de réaliser. C’est venu naturellement pour moi et nous avons eu beaucoup de plaisir à composer la trame sonore.

HQ : Peut-on dire que dans The Crescent, la démarche artistique devient le miroir des émotions du personnage?

SAS: Oui, en quelque sorte. J’y vois aussi un certain reflet de l’océan. Le marbling est poétique et très beau. C’est une surprise à chaque fois.

HQ: Chaque image semble là pour être analysée. L’ampleur visuelle de votre mise en scène semble également proposer au spectateur de creuser davantage. Sans trop nous en dévoiler, pouvez-vous parler de la symbolique du méchant?

SAS: Pour moi c’est très clair, mais j’ai constaté que les gens y voient différentes choses. Ce personnage est peut-être une entité fantomatique qui hante le milieu des vivants. On pourrait peut-être même affirmer que c’est le dieu des escargots. Le film est à prendre comme un rêve. Comme vous le dites, il ne faut pas le voir toujours au premier niveau. J’adore Cronenberg et Lynch, car ils reproduisent des rêves. On rêve tous. J’aime me réveiller et tenter de me rappeler mes rêves. C’est pour cette raison que j’aime les cinéastes qui les projettent à l’écran.

HQ : Dans cette optique, j’ai réalisé en lisant sur le Web que votre titre sème aussi certains doutes. Sa signification semble remplie de connotations. Auriez-vous des pistes à nous donner? Soulignez-vous l’importance de la nuit, symbolique ou même réelle?

SAS: Oui, on peut l’associer à cette idée de croissant de lune. C’est aussi une partie d’un tout. Les gens de la Nouvelle-Écosse appellent aussi certaines plages en demi-lune, les crescent beaches. Pour le film, j’aimais cette idée d’imaginer que la plage et les rochers étaient une sorte de continuité d’un monde sous la mer. Et puis le mot sonne bien et il n’était pas pris (rires).

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HQ: La composition picturale est magnifique et autant dans votre choix de plans que dans le montage, j’ai eu cette impression que vous tentiez, à travers votre style, de nous montrer une série d’oppositions qui semblent fusionner entre elles. Vous vous amusez à jouer avec des concepts contraires que vous superposez à l’écran. Est-ce que ce champ lexical sert à montrer que votre personnage en vient à les confondre, notamment entre le rêve et la réalité?

SAS: En partie, oui. C’est un film triste et dramatique. Au moment du tournage je venais tout juste de devenir papa et plusieurs nouvelles craintes sont apparues. Les bonnes et mauvaises choses se mélangent parfois et je voulais montrer une forme de balance entre les deux. C’est un peu ce que j’ai éprouvé. Les angoisses d’être père superposées aux beaux moments en famille. Dans une ambiance de cauchemar, il peut y avoir du beau. Comme vous le dites, j’ai insisté sur certains contraires, mais c’était aussi une manière d’alléger la lourdeur du propos. Je me devais de montrer aussi de belles choses.

HQ: Vous dirigiez votre propre fils de deux ans dans un film mélodramatique. Avez-vous trouvé ça difficile?

SAS: Oh oui. Ça faisait aussi partie des risques. L’équipe était composée de membres de la famille et d’amis. Nous avions une maison confortable et nous y vivions. C’était familial comme atmosphère. Mon fils n’était pas toujours d’humeur, mais dès qu’il l’était, on se mettait à tourner. Il fallait se tenir prêt à capturer rapidement des images. Quand il n’arrivait pas à le faire, on faisait autre chose. À cet âge, les enfants sont imprévisibles.

HQ: Croyez-vous que le faible budget a aidé le rapport humain à l’écran?

SAS: Avec un gros budget, ce film-ci aurait été difficile à faire dans la mesure où je doute qu’avec une grosse équipe, j’aurais pu filmer mon fils aussi naturellement. Il était à l’aise avec l’équipe et avec Danika [Vandersteen]. Il n’y avait jamais trente techniciens devant lui. Je pense que notre petite équipe a favorisé le côté intimiste et naturel du film.

HQ: Vous êtes déjà sur un nouveau projet selon les médias?

SAS: Oui. J’aimerais pouvoir commencer le tournage à l’automne. Ce sera un film de science-fiction très sombre et gothique. J’aimerais le présenter prochainement à Fantasia. De tous les festivals, celui-ci est dans mes favoris au monde.


Nous espérons donc avoir la chance de découvrir le prochain film de Seth A Smith lors du prochain Fantasia et nous lui souhaitons un tournage sans anicroche.

The Crescent (2017) | Trailer | Danika Vandersteen | Woodrow Graves | Terrance Murray

 

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