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[SPASM 2025] Sexe et science-fiction au menu pour le deuxième jour du festival

Les festivités se poursuivaient ce jeudi pour la 24e édition de SPASM avec les programmes Miroir noir et Spécial Sexe. La stratégie de Jarrett Mann – PDG du festival – de renommer son bloc de science-fiction à l’identique de la populaire série Netflix semble avoir porté fruit, puisque le public était bien présent le 23 octobre au Théâtre Plaza pour voir cette programmation de qualité triple A.

Une salle qui s’est évidemment comblée par la suite pour le bloc consacré aux courts métrages abordant la sexualité de manière plus ou moins originale, selon l’œuvre proposée.

Robots, dystopies et applications de rencontre

Le bloc Miroir noir a débuté avec un court métrage du Royaume-Uni totalement fidèle à la série qui a inspiré le nom de cette programmation. En effet, First Sight d’Andrew McGee se passe dans un futur pas très lointain où l’être humain est branché de manière immersive au monde numérique grâce à des lentilles hi-tech. Une technologie qui a des avantages certains, mais qui devient particulièrement menaçante lorsqu’on est victime d’un pirate informatique. Luna en fait les frais lorsque ce piratage très intrusif se produit en plein milieu d’un rendez-vous galant avec un homme rencontré sur une application de rencontre.

Cette œuvre d’anticipation très bien réalisée, souvent drôle, soutenue par des interprètes solides et tout à fait réaliste a manifestement plu au public présent. En effet, qui ne peut pas se reconnaître dans ce récit qui relève du quotidien ? Et cela malgré la présence de technologies pas encore sur le marché (c’est pour bientôt, ne vous inquiétez pas. Ou, au contraire, soyez inquiet, c’est selon).

First Sight | Short Film Trailer

Moins réussi, le deuxième court métrage de la programmation ne soulève pas moins une question intéressante. Dans le court métrage thaïlandais The Writer’s Horror de Sergiy Pudich, un écrivain en manque d’inspiration décide d’utiliser ChapGPT pour la rédaction d’un scénario de court métrage. Si la mise en abyme n’est pas inintéressante, brouillant les frontières entre la réalité et la fiction, le punch final est plutôt décevant (et puéril).

Une proposition un peu faible vite rattrapée par le court métrage suivant : Weird to Be Human de Jan Grabowski. Cette fois-ci, on a affaire à de la science-fiction décomplexée – et un peu exigeante – dont l’esthétisme flirte à la fois avec le cinéma de David Cronenberg et celui de Terry Gilliam. Cette production France-Pologne met en scène un digit (une intelligence artificielle) qui vient tout juste d’être transféré dans un corps de forme humaine. Une intrusion dans la réalité qui ne se fera pas sans heurts et qui n’est pas au goût de tout le monde.

Inventif et efficace, Weird to Be Human est l’une des bonnes surprises de cette programmation et saura plaire aux gens qui aiment être dépaysés.

SPASM nous a en revanche gardé le meilleur pour la fin avec les deux derniers courts métrages de la programmation. Le premier, Simon de David Labajossaez, met en vedette un personnage de The Sims qui souhaite se venger de son créateur : un gamin de 13 ans qui a tué sa copine en enlevant l’échelle de leur piscine tandis qu’elle s’y baignait. Une œuvre hilarante originaire de l’Espagne que vous devez voir absolument.

Mais notre coup de cœur de la soirée est indiscutablement le court métrage néerlandais I’m Not a Robot de Victoria Warmerdam. Avez-vous déjà échoué à plusieurs reprises le test Captcha ? Oui ? Vous êtes peut-être dans ce cas un robot. En tout cas, c’est la question que se pose Lara lorsqu’elle ne parvient pas à enclencher la mise à jour du programme de montage sonore qu’elle utilise dans le cadre de son travail.

Si l’œuvre mise principalement sur l’humour, elle prend une tournure inattendue et tragique vers la fin. Vous aurez probablement de la difficulté à ne pas être touché lors de la conclusion de ce court métrage, surtout qu’elle est accompagnée de la pièce Creep de Radiohead, mais interprétée par une chorale d’enfants. Et si cela ne vous convainc pas, sachez que I’m Not a Robot a remporté en 2025 l’Oscar du meilleur court métrage en prise de vues réelles.

I'm Not a Robot // Oscar Winning Live Action Short // Official Trailer

Des seins et des hommes

Contrairement à Miroir noir, ce n’est pas cinq, mais dix courts métrages qui ont été présentés lors du Spécial sexe. Passons rapidement Objet #0001, Shameless, Moral Hazard, Tears of Desire et Seed – les propositions les plus faibles de cette programmation – afin de se concentrer sur la crème de la crème.

C’est un film d’animation qui a lancé le bal du Spécial sexe avec le très réussi Layla de Narda Rodríguez, Lucile Reynaud, Diego Hernández-Blanco, Oscar Baron, Rachel Gitlevich et Emma Ferréol. Dans cette production française, trois jeunes garçons se procurent un robot sexuel, mais ne sachant pas trop quoi en faire – ou étant trop gênés pour le faire – ils décident de lui apprendre à faire du skate. Apprendre est un grand mot, puisque Layla se met dès le départ à faire des tricks impressionnants et dignes des meilleurs athlètes. Une œuvre bienveillante, visuellement joli et qui vous dessinera un sourire sur le visage.

Suivait le court métrage simplement nommé Les Seins et qui se limite à un gros plan sur des… seins. Bon, ç’a l’air banal dit comme ça, mais la conversation entre la jeune fille seins nus et son copain qui les filme est particulièrement drôle et réaliste. Car ce qui devait être un moment d’intimité et de douceur prend rapidement une tournure conflictuelle lorsque la jeune fille aborde la question du cancer.

Son copain serait-il encore attiré par elle si elle avait un sein en moins? Une question à laquelle le pauvre homme ne sait pas trop quoi répondre… Par sa simplicité, la réalisatrice française Emma Chevalier fait mouche avec ce court métrage faisant à peine cinq minutes, mais qui sonne vachement… juste.

Dans Give Tit To Me de Courtney Hope Therond, une jeune femme engage une prostituée pour exorciser une expérience traumatisante. Mais au lieu de se confronter à ce qui la déplaît, elle apprendra grâce à la travailleuse du sexe à nommer ses désirs. Une belle leçon sur le consentement, l’expression sexuelle, l’exploration de ses désirs, mais également sur la fameuse maxime « connais-toi toi-même ».

Un autre film qu’on pourrait inscrire dans le mouvement sexpositif (et qui est même un peu pédagogique), c’est le court métrage néerlandais Fuck-a-Fan, réalisé par Muriel d’Ansembourg et mettant en vedette une véritable actrice porno, Alessa Savage. Cette dernière y interprète Chloe Cam, une star du porno qui lance le concours « Fuck-a-Fan ». L’heureux gagnant de ce concours a donc la chance de réaliser son rêve et de baiser avec la star, mais tout ne se passe pas comme prévu. Intimidé par les caméras et venant de vivre une rupture amoureuse, Thomas ne suit pas le scénario prévu.

En plus d’être une œuvre sexpositive, Fuck-a-Fan se moque judicieusement d’une industrie qui ne sait plus trop quoi inventer pour émoustiller son public. Elle égratigne également au passage certaines modes pornographiques du moment, comme cette tendance à mettre en scène des demi-frères et des demi-sœurs qui couchent ensemble, ou encore ce fantasme de baiser une fille qui a les mains ou la tête coincées quelque part (dans une sécheuse, dans un canapé, sous un matelas, etc.). Non-non, ne faites pas semblant de ne pas savoir à quoi on fait référence, bande de petits coquins!

Terminons avec un dernier court métrage qui s’inscrit également dans cet état d’esprit sexpo avec One Happy Customer de WATTS. Une autre œuvre qui met en scène une travailleuse du sexe, mais qui dans son cas semble avoir eu une longue carrière. L’ennui est d’ailleurs au rendez-vous, les clients se succédant à la pelle (et avec une certaine monotonie) jusqu’au jour où un vieil homme lui rend visite. Une rencontre qui, il n’y a pas à dire, fera des étincelles.

One Happy Customer teaser

Le festival se conclue le 1er novembre avec le Party d’Halloween Old School. D’ici là, ne manquez pas le Méga ciné-quiz d’horreur le 30 octobre et la Grande Soirée Horreur le 31 octobre. La programmation de SPASM 2025 est également disponible en ligne jusqu’au 9 novembre.

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