Si, ces derniers temps, on s’est tourné vers des œuvres plus récentes — entre le retour nostalgique de Karaté Kid et l’excentricité pop de Kung Fury ; il aurait été dommage d’ignorer ces films plus obscurs, atypiques, mais résolument attachants, qui ont façonné à leur manière un pan méconnu du cinéma de genre.
Dans un recoin un peu oublié du 7e art, un mélange improbable a vu le jour : celui du kung-fu et de l’horreur. Des films où les prêtres taoïstes affrontent des vampires sauteurs, où les morts reviennent se battre, et où les rituels d’exorcisme se déroulent à coups de poings, de talismans et de chorégraphies millimétrées.
Ce n’est peut-être pas le genre le plus médiatisé, mais il a donné naissance à des œuvres inclassables, audacieuses, parfois absurdes, souvent drôles et, contre toute attente, profondément inventives.
Si vous êtes curieux, un brin nostalgique ou simplement à la recherche de récits différents, ces cinq films méritent toute votre attention.
1. Mr. Vampire (1985) – Ricky Lau
Référence absolue du genre « jiangshi » (vampire chinois)
Un prêtre taoïste, des rituels exorcistes et un vampire bondissant au cœur d’un récit entre comédie, horreur et arts martiaux. Porté par une chorégraphie précise et un humour typiquement hongkongais, ce film a posé les bases d’un genre désormais culte.

Qu’est-ce qu’un jiangshi ?
Contrairement aux vampires occidentaux, le jiangshi est un mort-vivant rigide qui se déplace en sautillant, les bras tendus devant lui. Il détecte les vivants en sentant leur souffle, et peut transformer les gens avec une simple morsure.
C’est une créature profondément ancrée dans le folklore chinois, et Mr. Vampire a modernisé cette figure de façon spectaculaire.
Pourquoi c’est culte :
- Lam Ching-ying est devenu une légende du genre, incarnant ce prêtre taoïste rigide et stoïque dans de nombreuses suites et spin-offs.
- L’équilibre parfait entre l’horreur surnaturelle, la comédie burlesque et le kung-fu chorégraphié avec minutie en fait une œuvre aussi fun que techniquement impressionnante.
- La magie taoïste y est traitée avec respect mais aussi un brin d’humour : talismans collés au front, encens, miroirs magiques, rituels à l’encre rouge, etc.
- Le film a été un immense succès à Hong Kong, lançant une vague de films de vampires chinois jusqu’au début des années 90.
Disponible sur Criterion Channel
2. Encounter of the Spooky Kind (1980) – Sammo Hung
Bold Cheung (Sammo Hung) est un type bon vivant, un peu simple, toujours prêt à défendre son honneur. Accusé à tort de la mort d’un riche notable (et victime d’un complot impliquant sa propre femme infidèle !), il devient la proie d’un sorcier nécromancien chargé de l’éliminer à l’aide de zombies, de poupées possédées et autres maléfices.
Heureusement, un maître taoïste un peu récalcitrant accepte de lui enseigner l’art d’affronter le surnaturel... à coups de kung-fu.


Pourquoi c’est culte :
- Il s’agit de l’un des premiers films hongkongais à marier horreur surnaturelle et arts martiaux, posant les bases du genre qu’on appellera plus tard jiangshi horror.
- Sammo Hung, déjà star des arts martiaux comiques, se lâche complètement ici : combats burlesques, créatures possédées, séquences de possession… mais toujours avec une mise en scène dynamique et inventive.
- La narration mêle traditions ésotériques chinoises (rituels de magie noire, combats spirituels) à une trame de soap opera criminel, dans un mélange totalement unique.
Disponible sur Criterion Channel


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3. The Seventh Curse (1986) – Lam Nai-choi
Le docteur Yuen (Chin Siu-ho), un médecin-aventurier, est frappé d’une malédiction sanglante après avoir tenté de sauver une jeune femme victime d’un culte tribal. De retour à Hong Kong, il découvre que la malédiction consiste en sept explosions internes de sang, une par an. Il doit retourner dans la jungle thaïlandaise pour affronter un culte cannibale, un monstre démoniaque ailé, et une divinité antique à face de squelette, le tout à coups de karaté, d’armes à feu et de rituels improbables.


Le film est une adaptation très libre des romans pulp de Ni Kuang sur le « Dr. Wisely », sorte d’Indiana Jones chinois. Les effets spéciaux sont faits à la main, parfois absurdes mais toujours inventifs : tentacules en mousse, squelettes animés, hémoglobine fluorescente…
Pourquoi c’est culte :
- C’est un cocktail de folie visuelle et narrative : on passe de combats kung-fu à des sacrifices humains, de zombies tribaux à des mitrailleuses dans la jungle.
- Le film assume son ADN pulp à 100 % : narration frénétique, effets spéciaux artisanaux, sang qui gicle en geysers, et une bande-son dramatique à souhait.
- On y trouve un Chow Yun-Fat en moine taoïste cool avec un fusil à pompe, et une Maggie Cheung jeune et intrépide dans un rôle de sidekick journalistique.


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4. Kung Fu Zombie (1981) – Hwa I Hung
Un jeune expert en arts martiaux voit son quotidien basculer quand un nécromancien maladroit ramène accidentellement à la vie... un zombie vengeur, un criminel mort-vivant, un vampire chinois, et même son propre père défunt !
Entre mésaventures surnaturelles, bastons dans les cimetières et rituels bâclés, il devra affronter toute une galerie de monstres — à coups de pied circulaires et de talismans taoïstes mal collés.


Longtemps introuvable, il est devenu culte via le marché VHS underground dans les années 90. Il est souvent cité comme le « Evil Dead taïwanais« : un film cheap mais sincère, et étonnamment fun à revoir entre amis.
Pourquoi c’est un nanar culte :
- Kung Fu Zombie est un film tellement maladroit qu’il en devient génial. Les effets spéciaux sont minimalistes, les maquillages rudimentaires, mais l’énergie est là.
- Le mélange entre comédie burlesque, zombies, et kung-fu old school donne un résultat aussi imprévisible qu’attachant.
- L’acteur principal, Billy Chong, y est excellent dans ses combats, même quand il se bat contre un cercueil qui l’attaque (oui, littéralement).
Disponible sur Tubi TV


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5. Rigor Mortis (2013) – Juno Mak
Chin Siu-ho, ex-star du cinéma de kung-fu (qui joue ici son propre rôle), emménage dans un immeuble vétuste de Hong Kong pour mettre fin à ses jours. Mais l’endroit est hanté; littéralement; par des vampires jiangshi, des fantômes vengeurs et des rituels taoïstes oubliés. Au lieu de mourir, il va devoir survivre… ou se perdre dans un monde où les vivants côtoient les morts, et où le réel vacille.


Moins accessible que ses prédécesseurs, Rigor Mortis propose une relecture sombre et stylisée du genre jiangshi, pensée avant tout pour un public cinéphile et nostalgique, sensible aux hommages visuels et aux atmosphères funèbres.
Pourquoi c’est un ovni magistral
- Hommage direct aux classiques comme Mr. Vampire, avec la même mythologie, mais dans un style beaucoup plus sombre, visuel et introspectif.
- Plus proche d’un film d’auteur que d’un divertissement grand public, Rigor Mortis mêle horreur surnaturelle, mélancolie existentielle et esthétisme glacé.
- L’ambiance y est étouffante, poétique, presque apocalyptique, avec des décors en décrépitude et des scènes de possession particulièrement stylisées.
Disponible sur Tubi TV


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