boston strangler

[Critique] Boston Strangler: rétablir la vérité sans couleur ni magie

Boston Strangler (L’Étrangleur de Boston) arrive à point pour titiller les spectateurs après le succès de la série Dahmer, et risque de ne pas être le seul dans son genre. Il reste qu’après le film de 1968, où Tony Curtis nous offrait l’une de ses meilleures performances, il y avait de quoi douter du nouvel angle qu’on allait mettre en lumière.

Nous sommes dans les années 1960. Loretta McLaughlin est une journaliste dont les ambitions sont brimées par le sexisme de son époque. Elle fera équipe avec une collègue pour mener à bien une quête sur le psychopathe qui sème la terreur en étranglant des femmes à Boston.
Boston Strangler affiche film

Cette relecture de l’histoire macabre entourant le célèbre tueur en série promettait de jeter un nouveau regard sur cette affaire. Contrairement à The Boston Strangler réalisé par Richard Fleischer, où les faits et gestes du psychopathe nous étaient montrés, le scénario et la réalisation de Matt Luskin puisent davantage vers une enquête journalistique, rappelant parfois la démarche de David Fincher pour son Zodiac. Certaines scènes de tension sont littéralement calquées sur des épisodes moins rassurants vécus par le personnage campé par Jake Gyllenhaal, mais l’ensemble demeure quand même acceptable.

Plusieurs réflexions sur l’asservissement aveugle des femmes à l’époque sont fort valables, et certains nouveaux détails de l’enquête s’avèrent fascinants. Cela dit, là où Fincher savait montrer l’obsession abrasive de ses personnages en quête de vérité, Luskin n’a jamais cette nuance face à son héroïne, dont certains choix risqués demeurent discutables. Par ailleurs, l’exposition du travail journalistique devient vite un peu amorphe. C’est comme s’il y avait une forme de neutralité là où on aurait souhaité plus d’engagement. Le film nous raconte l’histoire d’une femme de tête dont la carrière fait encore écho aujourd’hui, mais peine à livrer un personnage nuancé et croustillant.

La réalisation manque de fantaisies, mais demeure adéquate. On comprend vite le subterfuge de rendre la ville de Boston terne au niveau chromatique, voulant y dépeindre le malaise social généré par le tueur, mais on a davantage le sentiment que la froideur procurée par ce choix n’est pas toujours à l’avantage du film puisqu’elle nourrit, une fois de plus, une impartialité ou un détachement.

Keira Knightley joue efficacement et de manière sobre une femme qui pourtant semblait plus forte et colorée. À ses côtés, l’actrice Carrie Coon a beaucoup plus de saveur.

Au final, Boston Strangler reste un film valable, ne serait-ce que pour l’énumération de son enquête, mais demeure sans saveur. N’est pas David Fincher qui veut.

Boston Strangler (L’Étrangleur de Boston) est disponible chez Disney+.

Note des lecteurs0 Note
Points forts
Plusieurs nuances du scénario
Certain nouveaux détails de l’enquête
La performance de Carrie Coon
Points faibles
La redondance de l'exposition du travail journalistique
La réalisation terne
Certains personnages peu nuancés
3
Note Horreur Québec

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