En 2022, Mimi Cave avait beaucoup fait parlé d’elle avec son premier long métrage Fresh. Les enjeux féministes soulevés par le film avaient su marquer les esprits. Ce printemps, elle nous revient avec son second long métrage, Holland. Je vous présente donc ma critique de ce film, qui m’a plutôt ennuyée, mais qui laisse tout de même une porte ouverte à un cinéma coloré et engagé pour la réalisatrice.
Nancy Vandergroot (Nicole Kidman) mène une vie bien rangée où rien ne dépasse ni ne fait tache dans sa ville de Holland, au Michigan… Du moins, en apparence. Lorsque son mari, Fred Vandergroot (Matthew Macfadyen), accumule les voyages d’affaires aux raisons troubles, Nancy voit son mariage voler en éclats. Avec l’aide de son collègue et ami Dave Delgado (Gael García Bernal), elle entame une enquête afin de découvrir ce qui se cache derrière les absences prolongées de son conjoint. Elle s’attend à y trouver une infidélité, mais la vérité est bien plus sombre…
![[Critique] « Holland » : une vie parfaite au contour mat, un suspense plat 13 Holland](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/05/Holland-300x450.jpg)
Je n’avais pas énormément entendu parler de ce film, et pour le peu que j’avais entendu, il ne semblait pas fameux. J’ai décidé de laisser une chance au coureur. Résultat ? Ne perdez pas votre temps avec ce film, je l’ai fait pour vous.
Nicole Kidman livre une performance acceptable, et c’est bien la seule de la distribution à le faire. Ce n’est pas que Matthew Macfadyen et Gael García Bernal surjouent; au contraire, leur jeu est plutôt plat. Sincèrement, quand ils étaient à l’écran, j’avais hâte qu’ils arrêtent de parler. En fait, je ne sais pas si ce sentiment tient à des performances ordinaires ou tout simplement à des personnages sans caractère.
Je me dois de mentionner que le jeune Jude Hill (Belfast, Mandrake, Magpie Murders) est convaincant dans le rôle d’Harry. Ce gamin au quotidien trop parfait pour ne pas être louche, qui fait de la miniature avec son père et se fait encore garder malgré ses 13 ans, voit sa vie chamboulée par l’enquête de sa mère sur son père. Jude Hill incarne bien la détresse et l’anxiété vécues par son personnage.
![[Critique] « Holland » : une vie parfaite au contour mat, un suspense plat 15 Holland 3](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/05/Holland-3.jpg)
Holland est un film qui donne l’impression d’être bien plus long qu’il ne l’est réellement. C’est un 1 h 50 assez peu stimulant. Le premier acte est intéressant et intrigant. Son accroche tient probablement du fait que tout a l’air si parfait qu’on se doute bien, en tant que spectateur·rice, qu’il y a anguille sous roche. On a envie de savoir quelle est la faille de ce quotidien bien rangé. La vérité, c’est que l’étrangeté de cette vie parfaite se perd rapidement dans le film. Mimi Cave avait une belle occasion de faire un film encore plus excentrique, et elle a solidement manqué le bateau.
En effet, on sent une retenue tout au long du visionnement. Tout est bizarre, mais pas assez pour être complètement déstabilisant pour le spectateur. À un point tel que je me suis demandé si on pouvait vraiment qualifier ce film de thriller psychologique.
Mon dernier gros point négatif de ce film, c’est le twist. Peut-être que mon cerveau et mes yeux de cinéphile sont trop aguerris, mais alors qu’on m’avait vendu ce film comme étant choquant par son punch, je dois avouer que je l’ai deviné dès les premières minutes. Cet aspect fait partie de mon sentiment d’un film pas complètement abouti ou, du moins, qui se retient trop. La trame narrative est trop évidente ; le twist n’a pas été une surprise pour moi, et j’en ai été d’autant plus déçue. J’espérais me tromper, j’espérais qu’on veuille me faire croire que j’avais raison, pour finalement me dire que j’avais complètement tort… Mais non, j’avais vu juste depuis le début.
![[Critique] « Holland » : une vie parfaite au contour mat, un suspense plat 17 Holland 1](https://cdn.horreur.quebec/wp-content/uploads/2025/05/Holland-1.jpg)
Le grand point positif du film est, sans contredit, celui de la direction artistique ! Que ce soit le prologue et l’épilogue en miniature (et la présence, qui aurait certes pu être plus marquée, de la miniature tout au long du film) ou les costumes portés par Nicole Kidman, on sent une rigueur dans l’élaboration visuelle du film, et c’est un franc délice pour les yeux ! Mention spéciale à l’attention portée aux détails de la ville de Holland, pour en faire la ville la plus ennuyante des États-Unis. Il fallait bien terminer sur un point positif, après tout !
J’écris pour Horreur Québec depuis peu, et je dois dire qu’il m’est étrange de terminer un article en ne vous recommandant pas particulièrement un film. Mais ici, je ne vous le suggère pas. Il n’est pas horrible — j’ai vu bien pire —, mais prenez ce temps pour écouter un bien meilleur long métrage ! Et si l’envie vous prend de vous plonger dans la vie à l’apparence rangée et parfaite d’une femme au foyer, tournez-vous plutôt vers Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles de Chantal Akerman. Là, vous aurez une lenteur justifiée, et une femme qui reprend réellement le pouvoir sur sa vie, avec un vrai bon twist qu’on ne voit pas venir !
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