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[Critique] T Blockers: la revanche des queers

Lorsqu’on a seulement 17 ans et qu’on livre un long-métrage de la trempe de T Blockers avec à peine six milles dollars, on est nécessairement promis à un avenir brillant. Comme si ce n’était pas suffisant, il s’agit d’un troisième long-métrage pour la jeune cinéaste australienne Alice Maio Mackay (un quatrième est en postproduction et un cinquième horrifique à thématique du temps de Fêtes est déjà en préparation), dont on n’a pas fini d’entendre parler.

Après un rendez-vous galant qui ne s'est pas déroulé comme prévu, une jeune cinéaste trans découvre que des parasites s'en prennent à certains hommes qui deviennent maintenant violents. En parallèle, un film d'horreur amateur que la réalisatrice regardait semble prédire l'événement. Elle devra, en compagnie de ses ami·e·s, faire le ménage des environs avant qu'il ne soit trop tard.
T Blockers affiche film

T Blockers utilise les codes plus légers du film de série B pour traiter des réalités pourtant dramatiques d’un groupe de personnes queers, en particulier celle de Sophie, présentement sous traitement d’hormonothérapie féminisante (d’où le titre, Testosterone blockers). Le ton permet en effet de rigoler à propos du fait que ce parasite engendre une horde de chasers — ces gens qui fétichisent et objectifient le corps des personnes trans — assoiffés de sang, mais il n’en demeure pas moins que les sujets abordés, tels que la transphobie ou la dysphorie, sont profonds et sensibles. En ce sens, le film réussit à trouver le ton parfait entre le divertissement plus léger d’un film d’horreur et celui plus engagé, rempli de revendications politiques et sociales, d’un essai queer.

La trame horrifique de T Blockers est d’ailleurs relayée au second plan. Moins trash qu’on l’aurait imaginée (on y trouve tout de même quelques régurgitations et autres éclats de sang), la production s’attarde davantage sur ses personnages et il s’agit d’un moindre mal puisque ces derniers s’avèrent plutôt bien développés et intéressants à suivre. En 74 minutes, Alice Maio Mackay parvient à livrer un portrait excessivement touchant avec son personnage de Sophie, interprété avec un naturel presque désarmant par Lauren Last. La distribution, essentiellement trans ou non-binaire (on retrouve également la drag Etcetera Etcetera, vue dans la première saison de Drag Race Down Under), est d’ailleurs fascinante à regarder tellement on semble suivre d’authentiques membres d’une famille choisie gravitant autour de notre héroïne.

Visuellement, il faut bien sûr se rappeler qu’on se retrouve face à une production archi-indépendante, réalisée avec des moyens risibles. Les images abusent ainsi peut-être d’éclairages néons et manquent parfois de finition, mais le montage bien rythmé et les dialogues, tantôt cinglants, tantôt vibrants, gardent bien accrochés jusqu’à cette finale lumineuse, qui nous laisse sur un grand sourire.

T Blockers est un feel-good movie sanglant qui redonne la parole aux queers de manière rafraichissante et il nous tarde de découvrir les prochaines frasques d’Alice Maio Mackay.

Note des lecteurs1 Note
Pour les fans...
de découvertes underground
de séries B queers engagées et sanglantes
3.5
Note Horreur Québec
Fondateur et rédacteur en chef

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