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[Critique] « The Gorge » : entre horreur et romance, le cœur balance

Jeune adolescente, j’aimais le sentiment de braver l’interdit qui venait avec le visionnement de films d’horreur dans le sous-sol de mes ami.e.s. Je n’ai jamais été une enfant qui transgressait les règlements, bien au contraire! J’étais l’élève fatigante dans une classe qui dénonçait les mauvais coups de tout le monde. Pourtant, ma manière de me rebeller, et peut-être aussi de défier mon propre comportement de première de classe, était de me faire peur en regardant des films de fantômes. D’ailleurs, le film qui m’a le plus traumatisée est sans aucun doute Sinister. Sans exagérer, je peux affirmer que j’en ai fait des cauchemars pendant des années. Aujourd’hui encore, un certain sentiment de nostalgie m’envahit lorsque je visionne un film de Scott Derrickson. C’est donc avec cet état d’esprit que je vous présente ici ma critique de son plus récent film, The Gorge.

D'un côté de la planète, Drasa (Anya Taylor-Joy), une sniper hors pair qui se débat avec ses démons. De l'autre côté du monde, Levi (Milles Teller), un ancien militaire, lui aussi la tête pleine de monstres. Leur destin se croisera alors que tous deux se font offrir le poste de gardien de tour dans une zone isolée et classée secret-défense. Leur mission : surveiller la gorge à leur pied et ne surtout pas laisser quoi que ce soit en sortir. Une seule contrainte : ne jamais prendre contact avec leur homonyme. Ils sont séparés par une crevasse géante, pris chacun dans une tour de béton, en principe la contrainte sera facile à respecter. En principe... 
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Scott Derrickson (The Black Phone) nous offre un film où se mêle suspense, horreur, romance, et action. La romance alimente le suspense, et celui-ci alimente très certainement l’attachement que l’on tisse, en tant que spectateur, envers les deux personnages principaux.

Bien que l’histoire d’amour entre Levi et Drasa ait fait battre mon cœur un peu plus vite, je me dois de jouer l’avocate du diable et de souligner que la romance empiète un peu trop sur le reste du film. En fait, c’est la partie la mieux développée du long métrage : on prend le temps de l’installer, alors que l’enjeu de la gorge et des monstres qu’elle cache est souvent relégué au second plan. N’empêche que l’on a droit à quelques scènes où l’on oublie de respirer, car les héros, eux, ont oublié la raison de leur mission, trop occupés à se dévorer des yeux. Niveau suspense, on obtient donc un résultat qui fonctionne! Le sourire aux coins de mes lèvres ne m’a jamais quittée : on assiste à une rencontre entre deux êtres profondément bons (malgré leur métier), qui fait naître en nous l’envie de retrouver les premiers papillons amoureux de l’adolescence.

Au sujet de la faille entourant le développement de l’horreur dans ce film, une chose me chicote. Pourquoi Drasa et Levi sont-ils toujours aussi détendus? Je veux dire, si l’on m’envoyait seule dans la forêt pendant 365 jours et qu’on me disait de faire attention à ce qui se cache dans la gorge que je dois surveiller, en me précisant qu’on ne sait pas trop ce que c’est, mais que c’est hautement dangereux et traumatisant, euhm, je commencerais très certainement par paniquer (c’est ici que vous comprenez qu’on ne me choisirait jamais pour ce genre de travail). Puis, une fois la crise de panique passée, vous pouvez être certain.e.s que mes yeux ne quitteraient pas la crevasse mystérieuse à mes pieds pendant les 52 semaines à venir. Pourtant, Drasa et Levi, eux, trouvent le temps de développer une vie amoureuse plus profonde que celle de mes ami.e.s addicts à Tinder

Pour ce qui est des monstres, je dois avouer que la séquence où on les découvre, et où les deux militaires comprennent ce qui se cache dans la gorge ainsi que l’histoire derrière celle-ci, est particulièrement prenante. On embarque avec les deux acolytes dans leur quête de réponses, on se surprend à respirer à leur rythme, et on reste tout de même un peu bouche bée lorsque l’on apprend la vérité sur ce secret mondial qu’ils doivent protéger.

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Sur un plan plus théorique, le film propose une symbolique intéressante, bien qu’assez stéréotypée. D’un côté, nous avons les États-Unis (représentés par Levi), et de l’autre, la Lituanie (incarnée par Drasa) : deux pôles géopolitiques opposés, l’un associé au capitalisme, l’autre aux anciens régimes communistes d’Europe de l’Est. Drasa et Levi incarnent chacun une moitié du globe, ainsi que les tensions politiques et économiques qui y sont historiquement liées.

Le geste d’enjamber la gorge pour rejoindre l’autre tour apparaît alors comme une métaphore, peu subtile, d’un désir de rapprochement. Du point de vue américain, il s’agirait d’un appel à la paix, Levi endossant le rôle du médiateur en traversant le vide. Toutefois, cette lecture peut aussi être nuancée : on peut y voir une métaphore de l’expansionnisme ou de l’interventionnisme, où les États-Unis, sous couvert de bonnes intentions, pénètrent des territoires perçus comme « ennemis » pour les influencer ou les remodeler à leur image.

Ainsi, selon l’interprétation choisie, l’union de Drasa et Levi peut être perçue soit comme un appel sincère à la réconciliation, soit comme une représentation d’une domination culturelle et politique.

Ce qui est important de retenir ici, c’est que The Gorge ne révolutionnera pas votre vie, mais vous offrira certainement deux heures de pur divertissement! L’ambiance est bien développer, l’histoire entre les deux protagonistes est envoûtante et le suspense est au rendez-vous! Vous tomberez assurément sous le charme de Levi et Drasa!

The Gorge est disponible sur:
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Pour les fans...
De la sublime et talentueuse Anya Taylor-Joy
De créatures mystérieuses
De romance, d'horreur, de suspense et d'action
3.5
Note Horreur Québec

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