Name

[Fantasia 2021] Don’t Say Its Name: 5296

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2.5
Note Horreur Québec

Avec la découverte cet été de 5296 tombes anonymes d’enfants autochtones disséminées à-travers les pensionnats de notre pays, le Canada est en pleine acceptation de son passé génocidaire. C’est dans ce contexte que Fantasia accueille deux films de genre centrés sur la disparition des femmes autochtones, autre fléau qui touche ces communautés marginalisées. Le premier, Catch the Fair One, est produit par Darren Aronofksy et met en scène la boxeuse professionnelle Kali Reis dans le rôle d’une femme qui infiltre un réseau de trafic humain pour retrouver la trace de sa jeune soeur.

Le second, Don’t Say Its Name, est le film qui nous intéresse aujourd’hui. Tourné en Alberta, il prend place sur une réserve autochtone qui cohabite difficilement avec une entreprise minière exploitant ses sols. Lorsqu’une activiste s’opposant à la présence de la mine est assassinée, c’est le début d’une série de meurtres à teneur surnaturelle qui laisse la policière Betty sans aucune piste. Forcée de faire équipe avec des flics locaux peu ouverts aux traditions rituelles de ses constituants, Betty va recruter Stacey, une garde-chasse suspendue de ses fonctions après une altercation, afin de lui venir en aide.

Le cinéaste Rueben Martell, dont il s’agit du premier long-métrage, emprunte la voie du genre pour raconter les tensions qui animent une communauté autochtone. Ses divers personnages incarnent autant de points de vue dispersés sur l’axe entre tradition et modernité. Là où d’autres représentations cinématographiques des communautés autochtones les font parler d’une voix unie, Martell met l’accent sur les points de discorde entre les individus. Non seulement la communauté fait face à de la discrimination extérieure, mais elle s’entre-déchire. Ce point de vue unique ne va pas sans rappeler l’excellent Blood Quantum, qui explorait aussi l’idée de collaboration avec le colonisateur.

Martell a un talent évident pour la direction d’acteurs: le film brille dans ses moments les plus dépouillés. C’est lorsqu’il oppose les points de vue ou qu’il verse dans l’émotion que le cinéaste obtient les meilleurs résultats. Les moments marquants du film découlent de la chimie entre les comédien.nes.

Apprendre à connaître les personnages devient toutefois plus intéressant que l’aspect horrifique du film, Don’t Say Its Name s’avérant assez maladroit à ce chapitre. Le pourquoi derrière les meurtres se devine aisément, et pourtant le cinéaste ne semble pas faire confiance à son public pour connecter les morceaux. Les scènes d’horreur ont un aspect de téléfilm marqué, tant dans leur mise en scène que par l’usage d’effets numériques datés. Les personnages tués ont peu d’incidence sur le récit, étant souvent introduits dans la même scène où ils sont éviscérés. Leur mort nourrit le propos du film, mais elle manque d’impact.

Il est toutefois difficile de reléguer Don’t Say Its Name aux oubliettes avec des centaines d’autres séries B aux valeurs de production moyennes, puisque le film possède un propos politique important et qu’il symbolise le bourgeonnement d’un cinéma de genre autochtone au Canada. On espère que ce n’est que le début!

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