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[Littérature] « La bête originelle » : une adaptation pas bête, mais qui pourrait être plus convaincante

[N.D.L.R. : La première version de cette critique contenait des informations factuelles erronées qui ont été corrigées après publication. Une mise en contexte a également été ajoutée pour expliquer certains tournants de la production. Toutes nos excuses.]

Ce n’est pas toutes les adaptations qui réussissent la transition d’un média à un autre. De livre à film, de film à jeu vidéo, multiples tentatives ont été réalisées sans être toutes convaincantes. La bête originelle, un roman d’enquête policière publié aux Éditions AdA en avril 2018 et qui met en scène un tueur en série avec des méthodes plutôt tordues, se voit maintenant adapté en bande dessinée par Simon Rousseau, son auteur original, et Rémi Paradis aux illustrations. Cependant, est-ce que le récit gagne à changer de médium?

Le cadavre d'une jeune femme, Émilie Boutin, est retrouvé par la police. Les enquêteurs découvrent un détail très perturbant : sa tête a été coupée, puis remplacée par celle d'un chien. Cela inaugure le début des déboires et d'une enquête traitant de démence et de déviance qui fera plus qu'une victime... 
La bete originelle cover

Du point de vue narratif, l’histoire ne perd pas de temps avec ses enjeux et ses éléments macabres et tordus. Dès le premier chapitre, on constate le résultat d’un meurtre vicieux et créatif avec un zoom sur la police qui enquête sur les lieux. Le ton est amené rapidement et préservé pendant tout le récit de plus de 170 pages. La crédibilité dans les agissements et les dialogues québécois – anglicismes, expressions familières, sacres, etc. – des personnages apporte quelque chose de tangible dans le genre ; le rythme est également adéquat et bien contrôlé et les personnalités sont bien définies. L’auteur Simon Rousseau sait préserver les attentes, jouant avec les conventions pour donner un confortable mélange de déjà vu et de nouvelles manigances. Les adeptes de thrillers, de romans policiers et d’histoires de tueurs en série prendront un certain plaisir avec l’enquête et quelques-unes des surprises que réserve l’affaire.

De l’autre côté de la médaille, il y a toutefois des anicroches. La bande dessinée étant divisée en plusieurs chapitres, certaines des transitions sont un peu plus ardues et soudaines que d’autres; ces changements laissent la·le lecteur·trice sur une fin de scène pour l’amener vers une autre sans que le raccord soit nécessairement naturel ou convaincant. Un petit nombre de scènes semblent aussi, au final, un brin superflu dans l’ensemble de l’œuvre. Même si ces moments ont pu être ajoutés pour générer de fausses pistes ou développer des personnages, ils auraient pu être retranchés sans causer trop de dommage à la cohésion de l’histoire. Ces défauts ne sont toutefois pas majeurs et ne détruisent pas la possible immersion qu’offre La bête originelle.

LBO pages interieures pages 4

Côté dessin, on peut rapidement voir que Rémi Paradis tente de rendre honneur aux efforts de l’auteur. Avec une pagination plus classique, beaucoup plus près du franco-belge que du manga ou des comics, on réussit à bien enchaîner les événements et les scènes pour situer la·le lecteur·trice. Les personnages sont distincts et malgré une approche plus brouillonne pour ses traits en noir et blanc, une gamme d’émotions et de réactions est apportée aux visages des nombreuses figures et joueur·euse·s dans cette bande dessinée.

Là où ça se corse, c’est au niveau du manque de détails et de l’inconstance de ceux présentés dans les cases. En gros plan, les illustrations rendent plutôt bien, mais dès qu’il s’agit de décors plus vastes, l’ensemble devient un peu plus bancal. L’effort est présent, mais le résultat manque un peu de conviction alors que la simplicité semble plus ou moins volontaire, créant une atmosphère et des visuels austères à plusieurs endroits. Quelques incongruités sont aussi visibles, comme des coupes de cheveux qui ne se ressemblent pas d’une case à l’autre, un personnage semblant avoir un crâne plus grand dans un plan pour ensuite revenir à des dimensions plus traditionnelles dans un autre. Le phénomène s’explique par la présence de divers assistants à la production des planches et peut malheureusement distraire par moments, mais les points clés de l’histoire sont au final plutôt bien représentés malgré ces petits bémols.

Au final, La bête originelle a droit à une adaptation qui ne manque pas d’ambition malgré ses imperfections. Bien que l’oeuvre paraisse par instants un brin amatrice, la passion est tangible, surtout considérant qu’il s’agit du travail d’une petite équipe, ce qui impressionne pour un résultat de ce gabarit. Un petit plaisir malgré tout et une lecture somme toute satisfaisante.

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Pour les fans...
de thrillers
de romans policiers
de tueurs en série
3
Note Horreur Québec

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