Lorsque Jeff Barnaby a pris place sur scène lors de la première de son dernier film Blood Quantum (Rouge Quantum), présenté en première mondiale à l’ouverture du Midnight Madness au TIFF, l’Autochtone québécois s’est adressé à la salle pour expliquer l’origine du titre de son oeuvre; un terme utilisé par certains pour définir l’identité et «quantifier» la pureté du sang des Premières Nations. Il s’agit d’un des films de genre les plus attendus cette année, qui utilise le courant zombie pour s’attaquer à un sujet douloureux au coeur de l’histoire canadienne.
Ce qui réussit à différencier Blood Quantum du reste, c’est l’essence sociétale du film. Les autochtones sont immunisés contre la maladie qui rage et la réserve devient un lieu d’asile pour les «townies», ces Blancs qui vivaient dans les villages encerclant Red River. Cette générosité des Natifs ne fait pourtant pas l’unanimité et certains membres y résistent, préférant laisser ces étrangers à eux-mêmes. S’ils affirment que cette crainte est justifiée pour leur bien-être et leur protection, il est évident qu’elle naît plutôt d’une douleur et d’une colère découlant du colonialisme ainsi que de l’oppression perpétrée envers le peuple à ce jour. Il s’agit de l’élément le plus intéressant du film, mais au final trop peu exploité, servant principalement de catalyseur au désastre qui attend les survivants.
Malgré les nombreuses failles du film, Barnaby nous offre une expérience divertissante, qui porte une réflexion importante non seulement sur un pan de notre histoire, mais aussi sur la diversité et la représentation dans le cinéma de genre. On remarque de plus en plus de cinéastes émergents, qui proviennent de milieux trop souvent ignorés et rejetés par l’industrie. Les histoires qu’ils ont à raconter vont inévitablement offrir un renouveau dans l’offre culturelle que l’on consomme. Blood Quantum n’est pas parfait, mais tente d’amener l’horreur vers une nouvelle direction, et il n’y a aucun doute que son succès permettra à d’autres cinéastes de faire de même.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.