Juin marque le Mois de la Fierté (Pride Month). Chaque année, j’y étais sensible, mais cette année, ce premier mois estival a une portée bien plus grande pour moi. Je vis mon premier Mois de la Fierté depuis que j’ai fait mon coming out en octobre dernier. Je suis actuellement aux Îles de la Madeleine ; je le vis donc loin des miens, mais je trouve toutes sortes de moyens pour vivre ce premier mois de festivités et de fierté! Consommer de l’art queer, tant en littérature qu’au cinéma, est pour moi la façon la plus efficace de célébrer ma communauté, celle qui m’a accueillie les bras grands ouverts.
Ce mois-ci, j’ai envie de vous faire découvrir des films de genre queer, parce que oui, ils existent et ils sont nécessaires!
On commence en force avec le film original de Tubi, sorti en 2024 et réalisé par Gem Garrard : SLAY.
Une erreur de booking pour un contrat force quatre drag queens à performer dans un bar de routiers. Disons que la foule est loin d’être en délire…
Lorsqu’une invasion de vampires frappe le miteux établissement, les quatre queens décident de prendre les rênes et de mener un combat sanglant contre ces créatures sorties des ténèbres.
Je vous avertis tout de suite : SLAY ne conviendra pas à tout le monde, et c’est vraiment correct. Je pense que c’est un film assez particulier qui pourrait déplaire à plus d’un, non pas parce qu’il est très queer coded (bien qu’il le soit), mais principalement parce qu’il utilise cette forme de comédie propre à l’univers drag. Une comédie souvent kitsch et poussée à son maximum. Volontairement excessive, c’est justement ce qui fait jubiler les fans de l’art de la drag et de l’univers qui y est associé. C’est aussi cet aspect qui m’a permis d’autant apprécier SLAY.
Parce que, je vais pas vous mentir, niveau scénario et direction de la photographie, on a connu bien mieux ! Mais SLAY ne prétend pas réinventer le film d’horreur, bien au contraire ! Ici, on emprunte sans scrupule le concept du film à succès From Dusk Till Dawn (Robert Rodriguez); on y fait même verbalement référence.
C’est dans le clownesque ultra assumé que SLAY trace sa marque et forge la solidité qui maintient le film, malgré un récit très peu profond. Dans ce film, on n’a pas besoin de grands enjeux élaborés pour rire, s’amuser et passer un bon moment! C’est su, c’est assumé, et c’est ce qui nous permet, en tant que spectateurs, de nous laisser aller à ce long-métrage coloré!
Une autre raison pour laquelle ce film est parfait pour commencer à vous parler de cinéma de genre queer tient à la présence de quatre queens de RuPaul’s Drag Race. Les quatre personnages principaux de SLAY ont tous compétitionné dans la téléréalité de drag! En visionnant SLAY, vous entrez donc en contact direct avec un phénomène de la culture populaire queer. Comme le dit si bien l’une des queens dans le film :
« Pas obligé d’être gay pour aimer la drag 😉 »
La direction artistique du film est plus qu’intéressante et efficace ! Le mélange entre le glam, la paillette, le sang, le bar miteux et sombre crée un effet visuel puissant qui renforce le comique et l’excentricité du film ! Les personnages sont tous très stéréotypés, mais, une fois de plus, ça nourrit la quête de l’excès qui s’impose dans la direction artistique de SLAY. Les accessoires, plutôt intenses, disons-le, des quatre drag queens deviennent même des armes contre les vampires. Tout ce qui est présent dans SLAY y est pour une raison, aussi stupide soit-elle!
Pour celleux qui sont fans de l’art de la drag, vous ne serez pas déçus! On assiste non seulement à quelques numéros de ces quatre reines, mais le film est aussi truffé de références à cet univers, que ce soit dans le vocabulaire, dans le titre ou même dans les costumes!
En bref, je vous recommande SLAY !
Avec cette comédie excentrique, vous aurez le sourire aux lèvres du début à la fin. Sans marquer votre vie à jamais, SLAY saura vous divertir et combler tant le ou la fan de drag en vous que le ou la cinéphile! Les clichés et les stéréotypes présents ici sont exploités d’une main de maître, sans subtilité, et c’est, sincèrement, pour le mieux!
Bon visionnement, et surtout, bon Mois de la Fierté!
