Le 24 octobre dernier, le Festival SPASM présentait la première de la version long métrage de Tie Man, un pastiche de films de superhéros réalisé par Rémi Fréchette (Les Jaunes). D’abord diffusée l’année dernière sur la chaîne Frissons TV sous la forme d’une minisérie de six épisodes, les aventures de l’homme cravate ont été condensées dans une version plus courte (99 minutes) et plus punchée, selon les dires de certaines spectatrices et certains spectateurs présents lors de la projection au Théâtre Plaza et qui ont vu les deux versions. Ce nouveau montage a également permis de peaufiner les effets spéciaux, a déclaré Rémi Fréchette lors de la présentation.
L’agente de police Marjolaine Coppola (Catherine Beauchemin) ne pense qu’à se venger depuis que ses parents ont été assassinés et sa sœur kidnappée par les sbires d’un savant fou (François Lambert) à la solde d’un homme d’affaires véreux (Peter Seaborne). Blessée par balle lors d'un coup fourré, elle décide de faire équipe avec Tie Man, un justicier défiguré (Jérémie Earp), afin de punir les responsables.
À l’origine de ce long métrage, un sketch vidéo tourné au cégep par Rémi Fréchette et son acolyte Jérôme Cloutier. Les racines « collégiennes » du film se font d’ailleurs ressentir face à l’absurdité du concept : un justicier défiguré dont le masque est constitué de plusieurs cravates brochées à son crâne et qui porte un chapeau, ainsi qu’un trench-coat tout droit sorti d’un film noir. La comparaison à Darkman est d’ailleurs inévitable, mais pas seulement pour le look du personnage. Sa voix caverneuse, mais également sa force décuplée résultant d’une trempette forcée dans des produits chimiques, font penser au long métrage de Sam Raimi.
Dans le rôle de Tie Man, Jérémie Earp qui s’est fait connaître en 2013 par les adeptes de slasher en incarnant le tueur en pantalon à pattes d’éléphant dans Discopathe de Renaud Gauthier. Face à lui et à son acolyte joué par Catherine Beauchemin (Classé secret), l’acteur et cascadeur Peter Seaborn qu’on a pu voir récemment dans Beau Is Afraid (le mec accroché au plafond, c’est lui). Ce dernier interprète avec beaucoup de conviction la némésis du justicier, Franz DeMann, un homme sadique assoiffé de pouvoir.
Leur confrontation se termine d’ailleurs dans un combat à l’arme blanche sur un toit pendant un orage qui n’a pas à pâlir devant les séries B d’actions qui ont bercé notre enfance. Car, malgré le maigre budget et l’humour juvénile de cette production indépendante, une évidence ressort de ce film : tous les ingrédients sont réunis pour que le spectacle soit au rendez-vous, et cela grâce à la présence de plusieurs artisanes et artisans de talent.
Du côté des cascades justement, Rémi Fréchette a eu la bonne idée de faire appel aux Productions FrontKick, des adeptes d’arts martiaux spécialisés dans les courts métrages d’action. En plus de Jérémie Earp qui est membre de cette équipe de cascadeurs/réalisateurs, Jonathan David Bédard, Yuu Ki, Antoine Beaulieu et Étienne Laurendeau ont également mis à la pâte (et dans la figure de Tie Man) afin de proposer des scènes de combat efficaces. Une tâche qui ne fut sûrement pas facile, car à l’exception de rares scènes extérieures, le film a été tourné dans un petit studio et bien souvent devant un écran vert.
Cette approche – probablement choisie pour des contraintes budgétaires – fait évidemment penser à Sin City et ces nombreux ersatz. Mais, contrairement au film de Robert Rodriguez, la majorité des décors n’ont pas été conçus par ordinateur. De bonnes vieilles maquettes ont été plutôt utilisées, ce qui donne un charmant look rétro au film. Résultat? Ça sent les années 1990 à plein nez et on pense inévitablement aux nombreuses adaptations de comic books qui pullulaient à l’époque, comme The Crow.
La magnifique maquette du building de Franz DeMann, construite par l’artiste Jordan St-Louis, était d’ailleurs présente sur la scène du Théâtre Plaza lors de la première. Ainsi donc, même si Tie Man a été monté avec de la broche, le résultat est visuellement très réussi.
À vrai dire, leur seul véritable irritant du long métrage de Rémi Fréchette, c’est le choix d’avoir plaqué un doublage franchouillard sur la voix de ses interprètes. Avec des actrices et acteurs comme Isabelle Giroux, Luc-Martial-Dagenais, Karl Farah et les autres mentionnés précédemment, on aurait bien aimé une approche qui met davantage leur talent de l’avant et, qui plus est, livré dans un accent bien de chez nous.
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