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« Aliss » au théâtre : la metteuse en scène Charleyne Bachraty lève le rideau sur la première adaptation de Senécal pour les planches [Entrevue]

Aliss de Patrick Senécal est possiblement l’œuvre la plus célèbre du maître de l’horreur québécois et en novembre dernier, les fans étaient surpris·e·s d’apprendre que le roman allait inspirer une pièce de théâtre. Le projet créé par la troupe Les Exclamateurs a d’ailleurs suscité un tel intérêt que la totalité des billets des différentes représentations s’est vendue à la vitesse de l’éclair.

Aliss de Patrick Senecal

Quelques semaines avant la première, Horreur Québec a eu la chance de discuter avec la metteuse en scène de la pièce, Charleyne Bachraty, pour essayer d’en savoir davantage sur ce qui nous attend.


Horreur Québec : Tous les fans du roman se demandent : comment allez-vous pouvoir adapter une histoire avec des scènes très violentes et sexuelles, mais aussi avec différents lieux et univers?

Charleyne Bachraty : Il a fallu faire des choix d’histoires et d’intrigues, c’est certain. Le roman a plus de 500 pages. Il fallait un format qui se tienne, et certains lieux seront sacrifiés. Nous avons gardé les lieux conducteurs pour avoir une intrigue qui se tient.

HQ : Vous savez certainement que les gens vont s’attendre à voir des passages assez violents et sexuellement explicites sur scène. Comment gère-t-on ces attentes en tant que metteuse en scène?

CB : Si mon choix s’est arrêté sur cette adaptation, c’est que je voulais relever le défi de la nudité et des actes sexuels violents. Par contre, il faut trouver des gens capables de travailler dans des conditions ardues comme celles-là. J’ai très rapidement fait appel à une coordinatrice d’intimité, Mimi Côté. Elle nous coache pour ces passages-là. Il me fallait quelqu’un avec cette bienveillance et cette écoute aussi. Il fallait être confortable dans le projet, et être accompagné était l’un de mes critères. C’est certain qu’une des premières choses que je demandais aux acteurs en entretien, c’était leur degré de confort à jouer des scènes érotiques, mais aussi à feindre de poser des actes violents envers quelqu’un. Il fallait aussi qu’ils soient confortables avec la nudité. Tout ça s’est étonnamment fait dans un grand confort. Étrangement, on s’est même surpris·e·s à vouloir aller plus loin que ce à quoi on pensait au départ. Quand on est bien entouré, on réalise qu’on peut aller plus loin dans les scènes graphiques.

HQ : Le roman est assez long et vous mentionnez déjà avoir fait différents ajustements. Les spectateur·trice·s qui ont leur billet peuvent s’attendre à être emporté·e·s combien de temps dans cet univers de cauchemars?

CB : Nous sommes dans la période d’ajustement, mais moins de deux heures, ça me parait impossible. Certaines personnes vont peut-être attendre des passages qui n’y seront pas, mais j’espère que les gens vont embarquer dans ce monde.

HQ : Pourquoi vous êtes-vous arrêtée sur Aliss? Plusieurs romans de Senécal auraient peut-être été plus faciles à adapter au théâtre comme Oniria, qui se déroule majoritairement en un seul lieu, ou même Le Passager, qui est plus concis.

CB : Je suis française et Aliss est l’un des premiers romans québécois que j’ai lus. Chaque déplacement en métro est devenu un prétexte à avancer le livre, et je n’ai pas décroché jusqu’à la toute fin. J’ai lu tous les romans de Patrick, mais j’aime l’époque et le contexte d’Aliss. J’aime aussi le fait que ce sont deux femmes fortes au centre de l’intrigue. Avoir deux héroïnes féminines pleines de caractère, c’était super. J’ai aussi adoré l’ambiance du texte.

HQ : Que répondez-vous à celles et ceux qui affirment qu’après le succès du roman, de la série Web et de la BD, la pièce risque de tomber dans la redite? Comment fait-on pour s’approprier un univers aussi connu?

CB : Il n’y a pas de redite, car Senécal au théâtre, ça ne s’est jamais vu au Québec. Je crois que les gens seront curieux de voir ce que ça va donner. La vente de billets a été phénoménale. Je n’ai pas l’impression qu’on exploite un matériau déjà utilisé à la corde. Je pense que ça peut donner quelque chose de nouveau.

HQ : Le roman met en scène Michelle Beaulieu, l’un des personnages préférés des fans de l’univers de Senécal. Est-ce que c’était plus difficile de trouver une actrice quand on sait que les spectateur·trice·s l’ont déjà vue incarnée au cinéma et dans la série Web?

CB : Tout le casting me semblait compliqué à trouver. Autant pour Aliss que pour la reine rouge. Le choix était pourtant assez logique, en fin de journée. J’ai trouvé une actrice [Sophie Maltais] qui n’avait pas peur de faire tomber des barrières et de jouer avec les codes. Elle a très vite été intéressée à relever le défi. Elle avait cette façon de se tenir en audition qui m’a semblé un matériel de base pour le personnage.

HQ : Est-ce que Patrick Senécal a été d’une manière ou d’une autre impliqué dans le processus d’adaptation?

CB : On s’est beaucoup écrits par courriel. Je lui ai demandé son autorisation. Il a lu ma première version de la pièce. Dès qu’il a vu où on allait, ça l’a rassuré. Il va venir nous voir bientôt en répétition, et j’imagine qu’il va nous donner des indications et des conseils supplémentaires. Je comprends que c’est aussi une année très chargée pour lui. Je le tiens au courant de chaque étape.

HQ : Prévoyez-vous des supplémentaires pour celles et ceux qui n’ont pas eu le temps de se procurer des billets?

CB : Dans le théâtre amateur, nous avons un créneau de quatre dates très peu malléables. On a ajouté deux autres dates, principalement pour nos familles et nos amis. En deux heures, tous les billets étaient vendus. J’espère qu’on aura la chance de faire des supplémentaires. Il y a des gens de Québec aussi qui nous font signe. Je tiens à m’excuser à ceux qui n’ont pas eu de billets. J’entends qu’il y a une demande. Nous devons avant tout rendre le produit pour ses six journées et entendre les commentaires des gens.


La pièce Aliss sera présentée du 13 au 16 mars prochain à guichet fermé à la salle Paul-Buissonneau, à Montréal.

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Horreur Québec