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[Critique] L’Étrangleur (1970) : la restauration que personne n’avait demandée d’un quasi-giallo oublié

Tombé dans l’oubli depuis sa parution originale en 1970, le film d’horreur français L’Étrangleur réalisé par le prolifique Paul Vecchiali, a été gratifié d’une restauration 2K cette année par l’équipe d’Altered Innocence, afin de commémorer le décès du réalisateur en début d’année. L’œuvre connaît alors un certain deuxième souffle alors qu’elle est diffusée dans plusieurs villes américaines. En revanche, détrompez-vous : si vous êtes en quête d’un nouveau film d’horreur culte déterré d’outre-tombe, ce n’est pas le cas ici. L’Étrangleur est unique – il peut être une porte d’entrée intéressante à la filmographie d’un réalisateur, artiste et cinéphile cruellement méconnu malgré son impressionnante carrière – et la restauration actuelle est magnifique. Toutefois, le film présente plusieurs défauts, et le temps ne lui aura pas rendu service.

Les rues de Paris craignent la menace d’un mystérieux assassin qui s’en prend à des femmes seules. Étranglant ses victimes à l’aide d’une écharpe blanche, il ne laisse pas la moindre trace sur son passage, sinon des corps inanimés, et parfois une lettre anonyme signée « E ». Dans la foulée de l’enquête, l’inspecteur Simon Dangret emploie une méthode inhabituelle afin de le retrouver : il invite quiconque qui aurait des informations sur le tueur, ou l’assassin lui-même, à le contacter en laissant son adresse et son numéro personnel. Bien vite, l’attention médiatique sur cette invitation poussera le meurtrier à entrer en contact avec l’inspecteur. S’en suivra un jeu de piste dans lequel on nous promet un duel psychologique tueur-enquêteur.
The Strangler US Poster

Tout de suite, on devine les inspirations de Vecchiali pour la réalisation du film : autant les thématiques abordées que le ton s’inspirent fortement des gialli classiques de Dario Argento ou de Lucio Fulci. La variation française de ces classiques esthétiques de l’horreur et du mélodrame est présentée ici dans une version édulcorée, et L’Étrangleur ressemble davantage à un croisement entre le giallo et l’esprit bien français de la Nouvelle Vague.

C’est donc sur un ton détaché et désincarné que s’expriment les personnages du film, alors qu’autant le tueur que ses victimes semblent avoir un angle nostalgique et cynique sur l’existence. Les femmes ciblées par le tueur sont toutes mélancoliques, et les dialogues entre celles-ci et leur bourreau se teinteront d’une touche d’érotisme, dans une sorte d’intention esthétique qui ne fonctionne que la moitié du temps. L’une des scènes les plus réussies présente notamment une chanson réalisée telle une scène de comédie musicale; une autre nous livre une performance de ballet qui n’est pas sans rappeler Suspiria, qui aura certainement inspiré le réalisateur.

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Ainsi, le ton est très clair, et autant le scénario que le jeu, la réalisation et la musique vont dans la même ligne directrice. En cela, L’Étrangleur est une œuvre réussie, mais au final, la proposition ne va pas réellement plus loin que sa prémisse. La relation entre l’enquêteur et l’assassin n’est présentée qu’en surface alors que le film comporte plusieurs autres enjeux éthiques intéressants à exploiter. Le film dirige alors plutôt son attention vers Anna, une femme qui cherche par-dessus tout à être un appât afin de retrouver le meurtrier. Encore une fois, cette situation est présentée en surface.

L’Étrangleur n’est absolument pas un mauvais film, mais il s’agit tout de même d’une situation où la restauration 2K aura remis le film au goût du jour, mais seulement d’un point de vue graphique.

Note des lecteurs1 Note
Pour les fans...
de la nouvelle vague, mais pas trop
du giallo, mais pas trop
d'un film unique, mais pas trop
3
Note Horreur Québec

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